Une reprise bien réelle des marchés boursiers

Tendances du marché
Perspectives

Nous examinons les quatre catalyseurs responsables du rebond de plus de 10 % des marchés clés et rappelons les raisons pour lesquelles les investisseurs devraient résister à la tentation d’anticiper le marché.

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1 Décembre 2022

Kelly Bogdanova
Vice-présidente et analyste de portefeuille
Services-conseils en gestion de portefeuille – États-Unis

Onze mois se sont écoulés cette année, et les marchés boursiers des pays développés semblent se porter mieux qu’il y a un peu plus d’un mois. Depuis la mi‑octobre, l’indice S&P 500 a progressé de 14,1 % et l’indice MSCI Monde hors États‑Unis, de 17,6 % en dollars américains. L’indice toutes les actions FTSE du Royaume‑Uni et l’indice S&P/TSX du Canada ont respectivement gagné 11,5 % et 12,3 %.

Grâce à ce rebond, le S&P 500 a perdu « seulement » 14,4 % depuis le début de l’année, contre 25 % au moment le plus difficile. À notre avis, il ne s’agit pas d’une reprise passagère, car les quatre grands facteurs responsables du redressement sont appréciables.

Remontée notable des marchés par rapport aux creux de la mi‑octobre

Trajectoire de certains indices boursiers de pays développés (variation en pourcentage depuis le début de l’année)

Trajectoire de certains indices boursiers de pays développés

Le graphique linéaire montre l’évolution depuis le début de l’année de quatre grands indices boursiers de marchés développés : l’indice toutes les actions FTSE du Royaume-Uni, l’indice S&P/TSX du Canada, l’indice S&P 500 et l’indice MSCI Monde hors États-Unis. Chacun de ces indices a amorcé un déclin au début de l’année, puis le recul s’est accentué au printemps et au début de l’été. Ils ont tous rebondi en juillet et en août, avant de replonger à de nouveaux creux en septembre et jusqu’à la mi-octobre. Depuis la mi-octobre, les indices se sont tous redressés de façon marquée. En cumul annuel, l’indice toutes les actions FTSE et l’indice canadien TSX affichent des baisses respectives de seulement 1,6 % et 3,6 %. L’indice S&P 500 et l’indice MSCI Monde ont quant à eux reculé de 14,4 % et 16,1 % depuis le début de l’année, après des creux à -25 % et -29 %, respectivement, à la mi-octobre.

  • S&P 500
  • Indice toutes les actions FTSE R.-U.
  • S&P/TSX Canada
  • Indice MSCI Monde hors É.-U.

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg ; données prises en compte jusqu’au 30 novembre 2022. L’indice toutes les actions FTSE et l’indice S&P/TSX sont en devises locales ; l’indice S&P 500 et l’indice MSCI Monde hors États‑Unis sont en dollars américains.

Baisse de l’inflation aux États‑Unis : La reprise s’est raffermie en raison des données sur l’inflation des prix à la consommation qui se sont avérées meilleures que prévu en octobre. L’indice global des prix à la consommation (IPC) a glissé à 7,7 % sur 12 mois, ce qui était inférieur aux prévisions générales et au sommet de 9,1 % atteint en juin dernier.

L’inflation des prix à la consommation n’est plus aussi forte aux États‑Unis

Indices des prix à la consommation (variation en pourcentage d’un mois sur l’autre)

Indices des prix à la consommation

Le graphique linéaire montre que depuis 2010, l’indice des prix à la consommation (IPC) et l’IPC de base (hors aliments et énergie) ont affiché des variations relativement modérées d’un mois sur l’autre. En général, l’IPC a augmenté de 0,2 % à 0,5 % et l’IPC de base, de 0,1 % à 0,2 %. Cependant, à partir du milieu de 2021, la tendance a changé de façon remarquable, avec une hausse exceptionnelle des deux indices. En 2022, l’IPC a continué de grimper, sa progression culminant à 1,3 % d’un mois sur l’autre en juin. Depuis lors, les deux indices ont ralenti pour se rapprocher de leurs fourchettes tendancielles à long terme. En octobre 2022, l’IPC et l’IPC de base ont gagné respectivement 0,4 % et 0,3 % d’un mois sur l’autre.

  • Indice des prix à la consommation, var. sur un mois
  • IPC de base (hors aliments et énergie), var. sur un mois

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg ; données jusqu’au 31 octobre 2021, dernier relevé de l’IPC

La tendance de l’IPC d’un mois sur l’autre s’est nettement infléchie. Après la flambée observée en 2021 et au début de cette année, le taux d’inflation global et le taux de base se sont rapprochés des fourchettes enregistrées depuis 2010, démontrant clairement que l’inflation a cessé d’accélérer à un rythme soutenu, comme elle le faisait depuis des mois.

Nous pensons qu’il est raisonnable de s’attendre à un autre fléchissement de l’inflation en 2023, peut‑être de façon marquée.

  • Les prix des marchandises ont reculé et ils ont toujours présenté une corrélation positive avec l’inflation.
  • La situation des chaînes logistiques s’est améliorée.
  • Les ménages sont devenus sensibles aux prix et optent plus souvent pour des articles génériques, comme l’indiquent les bénéfices des principaux détaillants.
  • Tous ces éléments pointent vers une décélération de l’inflation. Le fameux « effet de base » devrait aussi jouer un rôle : comme les relevés de l’inflation portent sur des périodes d’un an, il sera beaucoup plus difficile d’enregistrer des gains. Il faudrait que l’augmentation d’un mois sur l’autre soit forte pour pousser les taux d’inflation sur 12 mois à la hausse. À moins que des perturbations imprévues touchent les chaînes logistiques ou que la situation géopolitique change radicalement, nous ne nous attendons pas à un tel scénario.

Fin du cycle de resserrement de la Réserve fédérale (Fed) en vue : Selon nous, la confiance suscitée par le cycle de hausse des taux de la Fed s’est avérée un important catalyseur pour le marché boursier. Le président Jerome Powell a signalé mercredi que la Fed réduirait probablement l’ampleur des hausses de taux de 75 à 50 points de base à la réunion des 13 et 14 décembre. Même si les participants au marché boursier s’y attendaient, les commentaires de M. Powell ont insufflé une nouvelle vigueur aux marchés. Après la réunion de décembre, nous prévoyons que les hausses se feront par tranches de 25 points de base et qu’elles auront lieu seulement si les données les justifient. À notre avis, le taux des fonds fédéraux, actuellement de 4,00 %, ne devrait pas dépasser 5,00 % d’ici le premier trimestre de 2023.

Tendances des bénéfices moins sombres qu’on le craignait : Au troisième trimestre, les sociétés du S&P 500 ont fait état d’un certain déclin de la croissance des bénéfices et des revenus, en particulier lorsqu’on exclut les résultats du secteur de l’énergie. En outre, des sociétés de premier plan ont déçu les attentes et revu à la baisse leurs estimations pour le quatrième trimestre. Pourtant, dans l’ensemble, la période de publication des résultats s’est avérée moins sombre qu’on le craignait. En fait, nous pensons que les résultats étaient relativement bons, comparativement à ceux des périodes précédentes marquées par les difficultés économiques.

Élan caractéristique de la période entourant les élections de mi‑mandat aux États‑Unis : Nous pensons que le redressement a profité du sentiment suscité par les élections de mi‑mandat, d’autant plus que les résultats ont mené à une impasse à Washington, les républicains étant de nouveau majoritaires à la Chambre des représentants. Jusqu’à présent, les choses se passent exactement comme prévu. Depuis 1934, une liquidation survient habituellement dans les 12 mois précédant les élections de mi‑mandat, puis le S&P 500 a tendance à décoller du creux atteint durant cette année‑là, amorçant un redressement au moment de la tenue du scrutin. Par le passé, le S&P 500 a été le plus performant lorsque le pouvoir était partagé entre un président démocrate et un Congrès divisé, comme nous l’avons souligné dans deux rapports récents à propos des rendements lors des périodes électorales passées et des résultats des dernières élections .

Risques persistants

Ce redressement n’est‑il rien d’autre qu’un nouveau soubresaut d’un marché baissier ? Nous ne le croyons pas en raison des éléments évoqués ci‑dessus, en particulier en ce qui concerne l’inflation et la politique de la Fed. D’après nous, il s’agit de raisons valables pour investir de nouveau dans les actions américaines.

Mais attention ! Certains risques économiques persistent et pourraient plomber les bénéfices des sociétés et accroître la volatilité en 2023 :

  • Les États‑Unis pourraient tomber en récession, peut‑être au milieu de l’année. Les indicateurs avancés de notre feuille de pointage en matière de récession continuent d’émettre des signaux d’avertissement. Nous doutons que le contexte de récession ait été pleinement pris en compte dans les prévisions générales des bénéfices pour 2023. En cas de récession, nous pensons que les bénéfices du S&P 500 pourraient s’établir – au mieux – à 220 $ par action en 2023, alors que les prévisions générales tablent actuellement sur 231 $ par action.
  • On ignore l’ampleur et le rythme du recul possible de l’inflation. Il est encore impossible de savoir si la cible d’inflation de la Fed, de 2 %, sera atteinte en 2023 ou si après le repli probable, l’inflation stagnera autour de 3 % ou 4 %  ; et n’oublions pas l’éventualité d’une autre poussée d’inflation par la suite. Le résultat final pourrait influer sur les valorisations du marché. En général, une inflation et des taux d’intérêt élevés à moyen terme se traduisent par une baisse des valorisations boursières, et vice versa.

Éviter de succomber à la tentation d’anticiper le marché

Peu importe comment se déroulera 2023, nous pensons que la vive remontée des marchés boursiers des pays développés par rapport aux creux de la mi‑octobre, survenue dans un contexte marqué par les manchettes alarmistes et le pessimisme des investisseurs, illustre parfaitement la difficulté d’anticiper le marché pour les investisseurs à long terme. Aucune cloche ne sonne pour marquer le début d’un nouveau cycle haussier, et le fait de manquer les journées où les gains sont les plus intéressants peut nuire au rendement à long terme. Nous pensons que le moment est bien choisi pour revoir les portefeuilles dans le but de rétablir les pondérations stratégiques recommandées à long terme.


Au Québec, les services de planification financière sont fournis par RBC Gestion de patrimoine Services Financiers. qui est autorisé comme une société de services financiers dans cette province. Dans le reste du Canada, les services de planification financière sont disponibles à travers RBC Dominion valeurs mobilières.


Kelly Bogdanova

Vice-présidente et analyste de portefeuille
Services-conseils en gestion de portefeuille – États-Unis

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