Les bénéfices réalisés au T4 de 2020 s’annoncent prometteurs. Le marché pourrait faire une pause à court terme, mais l’orientation à long terme est favorable.
Kelly Bogdanova Vice-présidente et analyste de portefeuilleServices-conseils en gestion de portefeuille – États-Unis
Alors que les sociétés commencent à présenter les résultats du quatrième trimestre, les prévisions générales semblent avoir sous‑estimé les bénéfices et les ventes non seulement pour cette période, mais aussi pour l’ensemble de 2021.
Cela explique en partie pourquoi le marché boursier américain a si bien tenu le coup, l’indice S&P 500 ayant atteint de nouveaux sommets, malgré la récente agitation au pays et les problèmes persistants liés à la COVID‑19.
Jusqu’à maintenant, 10 % des sociétés du S&P 500 ont publié leurs résultats pour le quatrième trimestre. Or, elles ont été plus nombreuses que d’habitude à surpasser les prévisions moyennes et surtout, selon un écart sans précédent.
Globalement, les bénéfices annoncés excèdent les prévisions de 22 % en moyenne, ce qui est nettement supérieur au dépassement ordinaire de 7 % à 8 %. Ce sont les sociétés du secteur de la finance qui ont causé les plus grandes surprises jusqu’à présent avec une avance de 28 % sur les estimations.
* Résultats réels en bleu foncé ; estimations générales en bleu pâle
Sources : RBC Gestion de patrimoine, FactSet ; données au 21 janvier 2021
Pour les personnes qui habitent dans des collectivités où de petites entreprises éprouvent des difficultés ou ont cessé leurs activités, il peut s’avérer difficile de comprendre cette bonne nouvelle.
Encore une fois, cela montre bien que la situation de Wall Street ne correspond pas toujours à celle des PME.
Comparativement aux grandes sociétés ouvertes, beaucoup de petites entreprises doivent composer avec des défis bien plus complexes du fait des restrictions et des obstacles persistants découlant de la COVID‑19. Les sociétés inscrites aux bourses américaines, surtout celles qui sont incluses dans les grands indices, profitent généralement d’un meilleur accès aux capitaux, de taux de financement plus bas et d’une plus grande souplesse dans la gestion des dépenses durant les périodes difficiles que les petites entreprises fermées.
Les fermetures sans précédent causées par la COVID‑19 ont permis à certaines grandes sociétés d’accroître leur part de marché aux dépens de certaines entreprises familiales ou indépendantes.
Les grandes sociétés ouvertes ne sont toutefois pas complètement immunisées contre les problèmes persistants engendrés par la COVID‑19.
Selon nous, la robustesse des rendements boursiers et l’ampleur de la reprise des bénéfices pour l’ensemble de l’année 2021 dépendent du rythme auquel la COVID‑19 régressera, grâce aux vaccins et à d’autres précautions, ainsi que du moment où l’économie américaine pourra fonctionner librement. La transition de l’imposition de restrictions strictes dans de nombreux États et grandes villes aujourd’hui vers la réouverture de l’économie pourrait s’avérer cahoteuse. De notre point de vue, le rythme de la vaccination n’a pas été assez rapide à l’échelle nationale jusqu’à présent.
Toutefois, le bénéfice par action moyen prévu de 169 $ pour l’indice S&P 500 en 2021 ne nous semble pas irréaliste, surtout au vu des tendances robustes qui se dégagent de l’actuelle période de publication des bénéfices. D’après nous, l’estimation pour l’ensemble de l’année ne suppose pas un retour rapide à la normale ; elle laisse plutôt entrevoir l’émergence d’un contexte économique plus familier au deuxième semestre.
Dès que la COVID‑19 sera maîtrisée et que les restrictions seront levées, ce qui peut survenir plus tôt ou plus tard que prévu, nous pensons que la croissance économique qui suivra la pandémie pourrait s’avérer plus vive que ne l’anticipent actuellement de nombreux économistes.
Le taux d’épargne au sein de la population est de 14 %, un niveau inhabituellement élevé qui, selon RBC Marchés des Capitaux, a rarement été atteint dans l’histoire moderne des États‑Unis. Cette épargne a été galvanisée par les dépenses budgétaires de Washington (aussi appelées « hélicoptère monétaire »). Celles‑ci pourraient encore augmenter si l’administration Biden obtient ne serait‑ce qu’une part de ce qu’elle demande au Congrès.
Les ménages ont peu dépensé pour les services comme le divertissement et les voyages, et certains limitent les achats de biens en raison du contexte économique incertain ; l’argent est donc mis de côté.
Notre correspondant national de recherche croit que l’effet combiné de ce facteur et de la demande accumulée de services pourrait mener à une flambée des dépenses une fois l’économie revenue à la normale.
Dans ses perspectives pour 2021, Tom Porcelli, économiste en chef, États‑Unis, à RBC Marchés des Capitaux, SARL, a écrit : « Bien qu’il ne soit pas inclus dans nos prévisions de référence, le scénario selon lequel les consommateurs éprouveraient de l’optimisme plus tard dans l’année (c.‑à‑d. avancement de la vaccination sans problème important, signes annonciateurs de plein emploi, etc.) et commenceraient à dépenser sans compter ne semble pas si inimaginable. »
Voilà pourquoi les bénéfices de l’ensemble de 2021 pourraient s’avérer meilleurs que prévu, et ce, malgré la présence d’obstacles liés à la COVID‑19 au cours des prochains mois. Le marché prend probablement déjà en compte une partie de cet optimiste à l’égard des bénéfices, mais nous doutons qu’il le reflète pleinement.
Lorsque durant la reprise, l’économie rouvrira complètement, nous pensons que les secteurs cycliques (sensibles à l’économie) seront les plus susceptibles de bénéficier des tendances relatives aux bénéfices, y compris ceux qui sont directement liés à la consommation discrétionnaire.
De nombreux indices boursiers américains ont atteint de nouveaux sommets dernièrement. Certains indicateurs techniques continuent de signaler que le marché pourrait ralentir ou même reculer à court terme, ce qui serait normal, mais nous demeurons optimistes sur un horizon temporel plus long de 12 à 18 mois.
Nous prévoyons une hausse des bénéfices, des revenus et des principaux indices boursiers sous l’effet des nouvelles mesures de relance budgétaire et du maintien de la politique monétaire très souple de la Réserve fédérale, surtout quand les obstacles liés à la COVID‑19 seront surmontés.
Cet article a été initialement publié dans Perspectives mondiales hebdomadaires avec le titre « Les bénéfices publiés aux États‑Unis sont de bon augure. »
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