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Opinion éclairée – Épisode 11 : Chris Beer et John Reade

Tout ce qui brille est-il or ? Des experts du secteur présentent leurs réflexions, points de vue et perspectives sur le métal précieux.

L’émission Opinion éclairée, animée par Stu Morrow, chef des stratégies de placement, RBC PH&N Services-conseils en placements, est une série d’enregistrements audio visant à tenir les clients informés des opinions éclairées des chefs de file et spécialistes de la principale société de gestion de patrimoine la plus importante du Canada.

Invité de l'épisode : Chris: Vice-président et premier gestionnaire de portefeuille, Actions mondiales RBC Gestion mondial d’actifs (RBC GMA)
John : Stratégiste en chef du marché, World Gold Council

Dans cet épisode d’Opinion éclairée, des experts du secteur, Chris Beer, vice-président et premier gestionnaire de portefeuille, Actions nord-américaines et mondiales, RBC Gestion mondiale d’actifs (RBC GMA), et John Reade, stratégiste en chef du marché, World Gold Council, présentent leurs réflexions, points de vue et perspectives sur l’or, un métal précieux qui attire autant la convoitise que la controverse.

En plus de diriger les secteurs de l’énergie et des matières, M. Beer est cogestionnaire du Fonds mondial de métaux précieux RBC, du Fonds mondial de ressources RBC et du Fonds mondial d’énergie RBC. Au service de RBC GMA depuis 2000, M. Beer effectue des recherches et des analyses sur les sociétés de ressources naturelles depuis 1993, en se spécialisant dans les sociétés minières de métaux précieux et de métaux de base. Ses connaissances acquises en tant que géologue de terrain pendant quatre années et son expérience dans le secteur des placements contribuent à enrichir ses analyses de sociétés de ressources.

M. Reade s’est joint au World Gold Council (WGC) en février 2017 à titre de stratégiste en chef du marché. Il élabore la stratégie du WGC et détermine les perspectives du marché de l’or. Afin d’alimenter le dialogue que le WGC mène à l’échelle mondiale, il échange avec des économistes, des universitaires, des décideurs, des gestionnaires de fonds et des investisseurs de premier plan, en plus de diriger l’équipe de recherche du WGC. M. Reade possède plus de 30 ans d’expérience dans le secteur de l’or et dans des domaines connexes, notamment en qualité d’associé et stratégiste aurifère à Paulson & Co. depuis sept ans.

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Stu Morrow :

Bonjour et bienvenue à ce nouvel épisode d’Opinion éclairée.

Au plus fort de la crise de la COVID-19, nous avons reçu un certain nombre de questions sur l’or. Cela n’a rien d’étonnant, car l’or a toujours été considéré comme un placement sûr. Lors de la période de volatilité qui nous avons observée en 2020, certains investisseurs avaient effectivement des inquiétudes face à l’avenir et ont misé sur l’or. Pourtant, depuis que les marchés financiers ont remonté et atteint de nouveaux sommets, on constate que le prix de l’or ne suit pas tout à fait la même tendance. Il n’est donc pas surprenant que l’intérêt pour l’or et les placements aurifères ait diminué depuis.

Aujourd’hui, nous sommes confrontés à la perspective d’une hausse de l’inflation, même si, selon nous, celle-ci sera temporaire plutôt que persistante. L’or a longtemps servi de couverture contre l’inflation, c’est-à-dire que son prix restait élevé pendant les périodes inflationnistes. Serait-il temps de se remettre à envisager les placements aurifères ? Nous croyons que pour certains clients, un placement aurifère stratégique pourrait s’avérer approprié.

Mes deux invités spéciaux sont venus discuter de tout ce qui concerne les placements aurifères. Notre premier invité est John Reade. John est stratégiste en chef du marché au World Gold Council. Il travaille à Londres, au Royaume-Uni. Son rôle consiste à élaborer des stratégies pour acquérir des connaissances sur le marché de l’or et à diriger le dialogue mondial en collaborant avec des économistes, des universitaires, des décideurs, des gestionnaires de fonds et des investisseurs aurifères de premier plan et en dirigeant l’équipe de recherche. John compte plus de 30 ans d’expérience dans le secteur de l’or et dans des domaines connexes. Au cours des sept dernières années, il était associé et stratège du secteur aurifère chez Paulson & Co.

Je suis aussi heureux d’accueillir Chris Beer. Chris Beer est vice-président et premier gestionnaire de portefeuille, Actions mondiales et nord-américaines À RBC Gestion mondiale d’actifs. Chris chapeaute les analystes des secteurs de l’énergie et des matières en plus d’être cogestionnaire des fonds mondiaux de métaux précieux, de ressources et d’énergie de RBC. Il travaille pour RBC depuis 2000, mais il effectue des recherches et des analyses sur les sociétés de ressources naturelles depuis 1993, et plus particulièrement les sociétés minières de métaux précieux et de métaux de base. Ses quatre années d’expérience en qualité de géologue de terrain et son expérience dans le secteur des placements enrichissent ses analyses de sociétés de ressources.

Messieurs, bienvenue à Opinion éclairée et merci d’être venus.

John Reade :

Personne ne m’a dit que je partagerai cette plateforme avec un géologue ! Je suis désolé, je suis ingénieur minier. Désolé Chris, je vais devoir mettre fin à cet entretien immédiatement.

Chris Beer :

Bonjour, John, merci, je suis ravi de vous parler de nouveau. Et merci, Stu, d’avoir organisé cet entretien.

Stu Morrow :

Oui. C’est un plaisir d’être ici. Cette discussion promet d’être intéressante. John, on pourrait peut-être commencer par vous. Pourriez-vous résumer ce qu’est le World Gold Council pour nos clients qui ne connaissent pas bien sa fonction et son objectif ? Parlez-nous aussi de tous les aspects du rôle que vous y jouez et dont je n’ai pas parlé.

John Reade :

Oui. Avec plaisir. Merci Stu. Le World Gold Council a été créé il y a environ 33 ans par les principales sociétés aurifères du monde. Notre mandat est très simple : nous sommes chargés de développer le marché pour le secteur de l’or. Nos objectifs sont de stimuler et soutenir la demande d’or, mais aussi d’être la référence du secteur et d’agir en tant qu’autorité mondiale en ce qui concerne le marché de l’or. Et je travaille pour cet organisme depuis environ quatre ans. Toutefois, mes premiers contacts avec le World Gold Council ont eu lieu quelques années après sa fondation. Cela fait donc longtemps que je connais l’organisme, notamment parce que j’ai souvent utilisé les recherches qu’il publie et autre information de ce genre.

Et maintenant, je suis responsable de la production du rapport que je recevais auparavant de l’équipe de recherche. Fait intéressant, ce rapport était aussi envoyé aux banques centrales et aux équipes responsables des politiques publiques. Nous disposons donc d’un groupe de personnes qui communique avec les responsables des banques centrales pour les encourager à détenir de l’or, dont il vante les mérites, et expliquer pourquoi cette ressource devrait constituer une partie des réserves des banques centrales. Donc je suppose que cela peut aussi apporter quelques idées utiles.

Normalement, je passe mon temps à sillonner les cieux du monde entier, à donner des conférences, à faire des recherches sur les marchés de l’or, à parler aux représentants des banques centrales, etc. Les 12 derniers mois ont été différents pour moi, car je suis coincé dans mon bureau à la maison, d’où je fais ce balado aujourd’hui.

Stu Morrow :

Intéressant ! Merci John. Peut-être pourrions-nous entrer dans le vif du sujet. John, vous parliez de l’objectif des placements aurifères et je vais me tourner vers Chris, pour lui demander : pourquoi les investisseurs devraient-ils acheter de l’or ? À quoi cela sert-il, traditionnellement ? Quel est, pour les clients, l’intérêt d’intégrer l’or à leur portefeuille de placements ? »

Chris Beer :

Merci Stu. À titre indicatif, voilà maintenant plus de 20 ans que je m’intéresse à l’or dans une perspective d’investissement. Je crois que cela fait aussi 20 ans que je traite avec John dans les divers rôles qu’il a occupés, notamment au sein du World Gold Council depuis quelques années, et auparavant, lorsqu’il était directeur de recherche pour diverses entreprises. C’est donc un plaisir de vous parler à tous les deux ce matin. De plus, à propos du World Gold Council, nous le recommandons aux investisseurs de consulter son site Web, qui est interactif et donne de nombreux conseils. Son site Web est très convivial et on y trouve une foule de renseignements.

En fait, nos auditeurs canadiens connaissent bien Pierre Lassonde, cofondateur de Franco-Nevada et ancien président du World Gold Council. Pierre a écrit un livre sur les placements aurifères qui porte surtout sur les actions. Il est aussi très connu pour avoir affirmé que l’or est une monnaie à 80 % et une marchandise à 20 %. Je commence donc toujours par cette citation. C’est peut-être une règle générale ou une banalité, mais elle se vérifie : on ne peut pas vraiment considérer l’or sous l’angle de l’offre et de la demande.

John approfondira sûrement le sujet. L’or a joué de nombreux rôles différents au fil des ans. Encore une fois, le World Gold Council nous a aidés à préparer le rapport que nous avons publié l’an dernier et ses conclusions concordent avec les nôtres en ce qui concerne l’utilisation de l’or comme outil de diversification à long terme. Il permet à lui seul de diversifier, car son cours évolue en sens inverse de celui de beaucoup d’autres grandes catégories d’actif. Réserve de valeur, couverture contre l’inflation, nous pouvons peut-être oublier ces attributs. Par contre, l’or est vraiment efficace sur le plan de la diversification, chose qu’il est très difficile d’obtenir dans d’autres catégories d’actifs.

Stu Morrow :

Aimeriez-vous ajouter quelque chose, John ? Voulez-vous préciser certains points dont Chris a parlé, comme la corrélation et peut-être l’effet de l’or dans un portefeuille, en fonction de différentes conjonctures du marché et même dans le contexte actuel ?

John Reade :

Avec plaisir. Chris a expliqué ce que je voulais dire. J’aimerais simplement souligner certains éléments. La corrélation de l’or avec les autres placements, en particulier avec les actions et surtout lors des périodes de liquidation sur le marché boursier, est très utile pour diversifier les portefeuilles. On peut mettre une foule de placements différents dans un portefeuille, mais s’ils réagissent tous de la même façon lors des crises, cela n’apporte aucune diversification. L’ajout d’or à un portefeuille a des avantages importants grâce à la diversification qu’il procure par rapport aux actions ou aux risques semblables à ceux que comportent les actions. Mais il procure aussi un rendement à long terme.

Les gens pensent qu’il faut acheter de l’or en cas d’inflation ou de crise. Effectivement, l’or a tendance à se comporter plutôt bien pendant ces périodes, mais c’est à long terme qu’il est avantageux. Il offre un rendement plus ou moins comparable à celui des autres grandes catégories d’actifs : 7, 8, 9 % par an, selon la devise dans laquelle on le mesure. Et il y a aussi des périodes, parfois assez longues, lors desquelles son rendement n’est pas intéressant. Mais la plupart de ces périodes ont eu lieu il y a assez longtemps. Nous considérons donc que l’or constitue une catégorie d’actif qui se distingue par ses caractéristiques sur le plan de la diversification du rendement et qu’il devrait constituer une composante stratégique des portefeuilles de la plupart des gens.

Une autre chose, l’incertitude est généralement plus élevée que la plupart des gens ne le pensent. Ainsi, le marché des actions est à la hausse en ce moment. Logiquement, la plupart des gens penseront que la hausse continuera. Or, c’est dans ce genre de situation que votre portefeuille devrait comprendre une composante qui joue le rôle d’une assurance contre les inconnues connues, et peut-être même contre les inconnues inconnues.

Par exemple, il y a deux ans, je ne m’imaginais pas que je consacrerais aujourd’hui autant de temps à étudier la virologie. Et à examiner le nombre de cas, de décès et d’hospitalisations. Et à essayer de prévoir la trajectoire de l’économie mondiale à la fin de la pandémie. L’or a donné d’excellents résultats l’an dernier, soit un rendement d’environ 25 % en dollars américains. Il s’agit de l’une des catégories d’actifs qui ont généré les meilleurs rendements. Personne ne l’avait prévu. Si vous aviez de l’or dans votre portefeuille, je dirais que vous avez tiré parti d’une inconnue inconnue.

Chris Beer :

Oui. Je suis d’accord. L’analyse des rendements que nous avons examinée va dans le même sens. Je ne veux pas m’empêtrer dans les chiffres, mais je pense que le World Gold Council suggérait d’inclure de 5 % à 6 % d’or dans votre portefeuille pour être mieux placé sur la frontière efficace. Nos travaux démontraient la même chose et nous avons investi dans l’or, en rééquilibrant ces placements chaque mois. Nous avons suivi la même approche pour plusieurs stratégies de métaux précieux, dont le Fonds de métaux précieux au Canada.

Et comme l’or présente les mêmes caractéristiques que les actions, à long terme, les rendements en ont profité. De plus, l’or ayant une corrélation négative avec la plupart des catégories d’actifs, il contribue à accroître les rendements pour les investisseurs. Ceux dont le portefeuille comptait 5 % à 6 % d’actions aurifères ont été gagnants.

Stu Morrow :

Alors, comment les investisseurs peuvent-ils anticiper le rendement ? Je suppose que la question est : quels sont les facteurs clés de la demande d’or pour différentes périodes ? Suivent-ils les données fondamentales qui expliquent habituellement une offre ? Quels sont les autres facteurs sous-jacents de la demande d’or actuelle ?

John Reade :

Oui. J’aimerais répondre à cette question.

Je trouve qu’il s’agit d’une façon intéressante d’envisager l’or. Nos travaux montrent qu’à court terme, il n’est pas vraiment nécessaire de bien comprendre les facteurs fondamentaux de l’offre et de la demande d’or. À court terme, les facteurs les plus déterminants sont ceux des marchés financiers, comme l’effet combiné du dollar américain, des taux d’intérêt réels et des attentes par rapport à l’inflation. Et puis, lorsqu’on négocie de l’or de façon intrajournalière, mensuelle, ou parfois même sur des périodes allant jusqu’à un an, il n’est pas vraiment nécessaire de réfléchir beaucoup à l’offre et à la demande.

À long terme par contre, en incluant l’or comme placement stratégique dans un portefeuille, il faut absolument tenir compte des facteurs fondamentaux de l’offre et de la demande. Nos travaux indiquent qu’à long terme, le moteur le plus important de la demande d’or est la croissance économique mondiale. Cela est dû au fait qu’une part importante de la demande d’or, probablement environ 40 %, est liée aux biens de consommation, comme les bijoux et la technologie grand public, notamment les appareils électroniques et les téléphones cellulaires. Bien entendu, les placements soutiennent aussi la demande. Certes, ils sont largement motivés par le risque et l’incertitude, mais aussi par l’épargne. En fait, les gens qui s’enrichissent et qui ont plus d’argent à épargner ont tendance à investir dans l’or, plus particulièrement dans certains pays. Même dans ce cas, la prospérité économique est un important moteur de la demande d’or à long terme.

Comme je l’ai dit, les placements dépendent en grande partie du risque et de l’incertitude. Bien sûr, les banques centrales négocient l’or pour les mêmes raisons, quoique différemment, en visant plutôt la diversification. C’est surtout le cas pour les réserves importantes.

À court terme, si je négociais de l’or, je pourrais probablement me contenter de surveiller les taux réels en dollar, les marchés boursiers, les marchés des changes, bref, tout ce dont nous parlons tout le temps. Toutefois, dans une perspective à long terme, il faut prendre en considération les facteurs fondamentaux de l’offre et de la demande.

Chris Beer :

Stu, je vais maintenant mettre mon costume de géologue et je crois que John, en tant qu’ingénieur, sera tout à fait d’accord. L’offre d’or a suscité des inquiétudes. Elle a augmenté récemment, mais pendant quelques années elle a été négative et il était très difficile d’obtenir de l’or. En gros, chaque année, 80 % de la demande d’or est satisfaite par l’exploitation minière et le reste vient de stocks déjà extraits. À l’avenir, la croissance de l’offre d’or devrait avoisiner 1 %, mais il faut tenir compte des considérations ESG et d’un certain nationalisme en ce qui concerne les ressources. Les conditions sont particulièrement difficiles pour les sociétés minières ; la production d’or a stagné dans le monde entier. Aidez-moi, John. Nous en sommes à 3 800 tonnes par an ?

John Reade :

Oui. 3 650 tonnes, environ. Comme vous le dites, les compagnies minières, celles qui fonctionnent à grande échelle, auront du mal à reconstituer leurs réserves. Je pense qu’elles peineront à maintenir la croissance de leur production à l’avenir. Je suis donc entièrement d’accord avec vous, Chris. Il y a beaucoup de débats pour déterminer à quel moment nous atteindrons le pic de la production aurifère. J’ai lu beaucoup d’études qui tablent sur 2022 ou 2022 ; ensuite, nous pourrions connaître des périodes de déclin. Ce ne sera pas catastrophique, je pense, mais peut-être une stagnation ou un recul de 1 % ou 2 % par année.

C’est directement lié à l’absence de découvertes… C’est votre domaine, Chris. Ainsi qu’à la difficulté de mettre en valeur des mines, que ce soit à cause de problèmes de financement, d’enjeux environnementaux ou simplement d’autorisations. Donc je suis d’accord avec vous sur ce point. Il s’agit d’une matière épuisable. Certes, il reste des réserves à exploiter et à découvrir, mais je pense que le secteur peinera à maintenir l’offre à son niveau actuel, surtout à long terme.

Chris Beer :

Et, pour ce qui est de la demande, un autre aspect à considérer est que... Nous y reviendrons plus tard, mais l’émission totale d’unités de Bitcoin est passée de 18 millions à 21 millions. La quantité d’or sur la Terre est assez limitée, surtout compte tenu des facteurs et des difficultés auxquels John a fait allusion. Aménager une nouvelle mine prend environ huit ou neuf ans. Et nous cherchons toujours les fameux actifs aurifères de première et de deuxième catégorie... Vous savez, ceux dont les Barrick et Newmont de ce monde n’arrêtent pas de parler.

Et sur le plan financier, si on regarde la croissance monétaire, généralement dans les marchés émergents, celle-ci progressait à un rythme de 10 % avant la COVID-19, tandis que la production minière augmentait à un TCAC d’à peu près 1 % et descendra sans doute près de zéro dans un avenir prévisible. Il y a d’abord eu la crise financière mondiale et maintenant la COVID-19... En date de juillet... j’ai encore les données en tête, le taux de croissance de la masse monétaire aux États-Unis tournait autour de 18 % ou 19 %. La masse monétaire a donc nettement augmenté.

En revanche, la circulation de l’argent ne s’est pas accélérée, mais c’est une autre histoire. Or, si on observe les tendances dominantes dans le passé, on constate, comme l’a mentionné John, qu’il y a toutes sortes de facteurs, notamment les taux d’intérêt, les taux réels, l’inflation et le dollar américain. Toutefois, si on trace un simple graphique pour comparer la dette publique mondiale, ou celle des États-Unis, et le prix de l’or, on réalise qu’il y a une forte corrélation entre les deux, surtout depuis les 20 dernières années. Les mesures de relance qui ont été mises en place pourraient avoir atteint un plafond au cours des cinq ou six derniers mois. Dans tous les cas, le premier plan d’action de M. Biden, et probablement les prochains ainsi que ceux adoptés ailleurs dans le monde, feront gonfler encore davantage la masse monétaire. Le point est que l’accroissement de la masse monétaire a de tout temps créé un contexte favorable à l’augmentation du prix de l’or.

Stu Morrow :

John ?

John Reade :

Oui, je crois que c’est important de le souligner. Je sais que je saute quelques étapes, mais j’aimerais dire un mot au sujet de l’inflation. Nous avons réalisé une étude dont nous publierons les résultats la semaine prochaine sur la relation qui existe entre l’or et l’inflation. Beaucoup pensent que l’or offre une bonne protection contre l’inflation, mais quand on regarde les choses de plus près, on réalise qu’en fait, ce n’est pas vraiment le cas. Il y a eu des périodes de forte inflation à la fin des années 1970 et au début des années 1980, au cours desquelles l’or s’est très bien comporté. Toutefois, lorsque l’inflation est plutôt molle, on constate que d’autres facteurs ont une incidence bien plus grande sur l’or.

De préférence, pour évaluer si l’or conservera sa valeur, on jettera un coup d’œil à la masse monétaire, et non à l’IPC. Et comme l’a souligné Chris tout à l’heure, la masse monétaire mondiale est en plein essor. Je viens d’ailleurs de vérifier les dernières données sur Bloomberg – c’est l’avantage d’avoir plusieurs écrans ouverts sur mon bureau. La masse monétaire aux États-Unis a énormément augmenté durant la crise. Beaucoup plus qu’après la crise financière mondiale, en 2009, 2010 et par la suite. À cette époque, la M2 avait du mal à atteindre un taux de croissance de 10 % alors qu’elle croît à plus de 20 % à l’heure actuelle. C’est peut-être la raison pour laquelle l’or s’est aussi bien porté l’an dernier, le marché anticipait un tel accroissement de la masse monétaire et il en tenait compte. Et, en toute franchise, je ne crois pas que la masse monétaire va se contracter de sitôt. Évidemment, le taux de croissance de la masse monétaire pourrait diminuer, mais les mesures de relance budgétaire et monétaire continuent de stimuler pratiquement toutes les économies du monde.

Quand je pense aux personnes qui ont acheté de l’or la dernière fois en prévision des conséquences de la réaction à la crise financière mondiale, je les imagine en train de regarder tout ce qui se passe présentement avec des yeux exorbités. D’après moi, on a donc a raison de dire que le moment est bien choisi pour prendre des positions sur l’or. Quelles que soient vos opinions concernant l’offre et la demande à court terme, le taux de nouvelles infections ou la reprise économique, l’énorme progression de la masse monétaire justifie à elle seule que l’on s’y intéresse.

Stu Morrow :

J’ai donc envie de vous entendre, un peu comme je l’ai dit dans mon commentaire d’ouverture, sur le fait que le rendement ou que le prix de l’or, depuis le troisième trimestre ou la fin de l’an dernier, est plutôt stable voire diminue, alors que les marchés publics, eux, sont extrêmement vigoureux pour toutes sortes de raisons. J’aimerais aussi revenir sur le sujet de l’inflation, puisque la recrudescence des pressions inflationnistes suscite beaucoup de discussions et soulève un grand nombre d’inquiétudes. Nous pourrions peut-être commencer par vous, Chris. Vous voulez bien nous parler de cette période de transition que connaît le rendement ou le prix de l’or.

Chris Beer :

Vous savez, j’imagine que tout finit par être lié d’une façon ou d’une autre... On pourrait dire, par exemple... 30 %... Que si le dollar américain grimpe de 10 %, le prix de l’or baissera de 30 %. Le ratio est passé de 104 à 90, puis a rebondi à 92. Ce rebond peut probablement s’expliquer par la remontée du prix de l’or au cours du dernier... après le pic atteint en août, et surtout depuis le sommet de janvier 2021. Un autre facteur à surveiller est le taux réel. Une hausse de 100 points de base du taux réel pourrait retrancher quelques centaines de dollars de plus du prix de l’or. C’est certainement le genre de facteurs que vous pouvez prendre en compte à court terme, surtout si vous tenez à ne plus jamais quitter votre bureau. Ou encore, vous pouvez adopter une vision à plus long terme, disons trois ou cinq mois, et ainsi mieux comprendre l’impact de ces facteurs. Vous aurez alors une bien meilleure idée de la trajectoire de l’or.

Je suis par ailleurs impatient de voir comment se comportera l’inflation, comme l’a évoqué John plus tôt, dans la mesure où elle influe énormément sur les taux nominaux et réels, mais il n’y a rien à signaler pour l’instant. Selon moi, l’un des enjeux actuellement est que tout le monde suit ce qui dit et fait la Fed. L’attitude de la Fed à l’égard de l’inflation a beaucoup changé depuis le début de la pandémie. Avant la COVID-19, la Fed tablait surtout sur des prévisions d’inflation pour établir sa politique, notamment par rapport aux dépenses de consommation des ménages. On pouvait alors l’entendre dire : « notre cible d’inflation est de... ». Depuis les dix dernières années, la cible d’inflation avoisine 1,5 % en moyenne. C’est pourquoi des mesures d’assouplissement quantitatif ont été prises en 2015, en 2016 et en 2013, alors que les gens s’inquiétaient d’un risque de déflation.

Mais aujourd’hui, selon M. Powell, son président, la Fed n’attend pas que le taux d’inflation atteigne la cible de 2 % pour apporter des changements de politique. Cette fois, celle-ci tolérera une inflation plus élevée. Elle ne se fie donc plus aux prévisions d’inflation pour modifier sa politique, mais sur l’inflation réelle. Nous ne savons donc pas comment elle interviendra à l’avenir. Le marché estime que la Fed a tous les outils en mains. Si l’inflation grimpe jusqu’à 2,5 %, alors peut-être que la hausse des prix sera temporaire, comme vous l’avez mentionné, et ce, même si les stocks atteignent des sommets records partout dans le monde. Mais si on prend en considération les taux nominaux et le fait que la nouvelle politique est de laisser l’inflation se développer pendant une période relativement longue, en observant le graphique à points de la Fed pour les deux prochaines années, il semble que les 18 membres s’entendent pour dire que la poussée d’inflation durera au moins tout le long de l’année 2021 et pourrait se prolonger en 2022. John, peut-être aimeriez-vous ajouter quelque chose ?

John Reade :

Oui, certainement. Chris a parlé de l’avenir et j’aimerais pour ma part apporter une explication. Comme je l’ai dit, nous avons passé énormément de temps à étudier la question, à surveiller le comportement de l’or, notamment à mesure que les économies dans le monde sortent de la récession, en particulier aux États-Unis. Et nos conclusions cadrent avec ce que nous pouvons observer depuis le troisième trimestre, c’est-à-dire que l’or ne figure pas parmi les éléments d’actif les plus performants au cours des six premiers mois ou plus qui suivent une récession. Et c’est logique, selon moi.

D’un point de vue théorique, je crois qu’il est normal que l’or ait la cote auprès des investisseurs qui cherchent à obtenir une protection en période de crise. Le contraire se produit lorsque les choses s’améliorent, et c’est le cas actuellement depuis le troisième trimestre de l’an dernier. D’autres facteurs bien plus instables peuvent expliquer ce qui se passe, comme les prix du pétrole, les produits énergétiques, certaines matières premières, et le fait que les gens prennent en compte l’activité de reflation. Je ne suis donc pas vraiment étonné que l’or soit resté à la traîne et est demeuré stable ou a légèrement diminué au cours des six derniers mois, des facteurs comme le prix du brut faisant leur œuvre.

Pourtant lorsque l’on regarde au-delà de six à douze mois, le rendement de l’or est en fait plutôt décent. Il n’est peut-être pas le premier élément d’actif à s’emballer dans un contexte de reflation, mais si on observe ses rendements depuis les 24 ou 36 derniers mois, il s’en sort assez bien dans les circonstances. Donc, si l’histoire tend à se répéter, cette faiblesse temporaire ou que l’on observe depuis novembre, lorsque les bonnes nouvelles concernant les vaccins ont été annoncées et qu’un vent d’optimisme s’est à nouveau emparé des marchés, ne perdurera pas. A posteriori, je ne pense pas que ce recul soit inquiétant. En tout cas, ce n’est certainement pas la fin du monde. Il y a peut-être même une occasion à saisir ici, qui permettrait d’accumuler des gains supplémentaires pendant la reflation.

Stu Morrow :

Des occasions de pertes aussi. Parlons simplement d’investir dans le secteur aurifère par l’intermédiaire des marchés publics ou encore directement dans l’or physique. Il faut distinguer les risques que comportent ces deux éléments d’actif pour les clients et prendre position. Nous avons parlé du potentiel de rendement de l’or, des conditions de marché et même des avantages que procurent les placements aurifères dans un portefeuille. Mais qu’en est-il des risques ? Commençons par vous, Chris.

Chris Beer :

Entendu. Pour commencer, examinons uniquement les taux d’intérêt nominaux, lesquels jouent un rôle déterminant depuis plusieurs années. Depuis le passage à l’an 2000, la crise financière mondiale, etc. J’essaie de me souvenir des chiffres... Les taux d’intérêt réels sont-ils passés en territoire négatif dans les années 2000 ? Avant cela, on croyait surtout... Que lorsque les taux réels n’étaient pas nécessairement négatifs, mais déclinaient, l’or devenait plus concurrentiel, sans être particulièrement robuste... Je me souviens d’un été au cours duquel les taux réels avaient franchi la barre des zéros pour atteindre -1,1 % à -1,2 %. Aujourd’hui ils se situent à 60, et même à 80, du moins aux États-Unis. Par contre, dans les autres pays du G7 ou du G20, les taux d’intérêt réels sont encore négatifs en général. Je ne suis pas certain des chiffres, mais je crois que l’indice des taux de créance d’État à rendement en revenu négatif a atteint 17 000 milliards de dollars.

Or, comme John l’a mentionné, nous nous en sortons probablement plus rapidement... les opérations visant à tirer parti de la remise en marche de l’économie ont, semble-t-il, ralenti cette semaine, mais on observe plusieurs tentatives de bénéficier de la reprise. Sortir de la récession avec autant de vigueur que nous l’avons fait devrait permettre à l’or... L’or servait de protection au départ, mais comme John l’a indiqué, plus vraiment maintenant. D’ailleurs, cela est lié... Comme l’a souligné John plus tôt, je ne vais pas vous citer les chiffres, je ne les ai pas en tête, mais si on recule jusqu’aux années 1970 et qu’on observe le rendement des titres aurifères, en tant que catégorie d’actif, l’or a connu de meilleurs moments. Encore une fois, certaines actions de sociétés aurifères se sont déjà mieux portées et ont livré une concurrence plus vive aux obligations et aux autres actions à long terme. Notre fonds dégageait de bons résultats, jusqu’à ce que... l’or bondisse en août, pour reculer par la suite.

N’empêche que le rendement du fonds demeure concurrentiel à long terme. Il doit néanmoins composer avec des risques propres à l’or et des risques propres aux actions en général. Mon point est que, lors de la crise financière mondiale en 2008, au début de la crise et par la suite, l’or s’est comporté particulièrement bien, les actions aurifères grimpant de 150 %, puis de 300 %. Les actions aurifères ou même le secteur de l’or faisaient fureur, les producteurs d’or aussi... C’était aussi l’époque du supercycle chinois et des marchandises.

Le prix des marchandises et de la main-d’œuvre est alors monté en flèche dans le secteur minier. Le secteur s’est causé du tort à lui-même. Je ne citerai pas de noms en particulier, mais certaines sociétés de premier plan ont remporté la palme au pic du cycle, se négociant à 20 % ou 30 % de leur capitalisation boursière. Cela a détruit beaucoup de valeur. Lorsque le prix a dégringolé par la suite, après 2011. De 2011 à 2020, le dollar américain a grimpé, et l’or a décliné. Durant cette période, le secteur s’est redéfini, puis a vécu une authentique renaissance. Je ne m’y serais pas attendu. John suit le secteur aurifère depuis des années, lui. Je ne prévoyais pas une telle renaissance ni une telle discipline en matière de gestion de capitaux, ou encore une telle rigueur en ce qui a trait à l’exploitation, comme ce que nous pouvons observer depuis les cinq dernières années.

Les flux de trésoreries sont robustes. Et actuellement, alors que le prix de l’or est passé de, disons 2 000 à 1 750, bon nombre des sociétés à moyenne et à la large capitalisation affichent des taux de dividendes de 3 % à 5 %, ce qui est le double de ce que l’on voit dans le S&P. Je ne peux pas écarter la possibilité que les choses se corsent de nouveau, et vous savez que la Fed fait preuve d’audace ces derniers temps, ce qui pourrait, direz-vous, être mauvais pour l’or et les sociétés minières. Mais je crois vraiment que le secteur aurifère est discipliné, que les sociétés présentent des flux de trésorerie intéressants et que, même si la situation se détériorait plus que je ne le crois, elles n’auront pas de gros problèmes de bilan durant ce cycle baissier.

Stu Morrow :

John, en tant que catégorie d’actif, y a-t-il des choses, ou des risques, que les clients devraient garder à l’esprit ?

John Reade :

Oui. L’or est un actif à risque, il va sans dire. Mais sa volatilité n’est pas si élevée par rapport à d’autres catégories d’actif. Je pense, par exemple, aux cryptomonnaies si jamais nous avions l’occasion d’en parler. Dont la volatilité peut ressembler davantage à celle des marchés et des indices boursiers. Il y a néanmoins toujours un risque de baisse.

La seule chose qui pourrait m’empêcher de dormir en ce moment serait peut-être le retour d’une économie Boucles d’or. Ce genre de conditions, ni trop élevées, ni trop faibles, qui rappellent celles qui prévalaient autour de 2005, lorsque la croissance économique était forte, le taux de chômage bas, les taux d’intérêt élevés, la croissance de la productivité forte et les budgets, équilibrés – ou presque – et que tout a semblé rouler comme sur des rails pendant quelques années. À cette époque, le marché aurifère ne prospérait pas et le taux réel des obligations du Trésor américain avoisinait, disons 2 % ou 3 %. Si une économie Boucles d’or s’installait, que tout devenait normal, stable et correct, que les bilans n’augmentaient pas ou que les dettes publiques ne s’alourdissaient pas comme c’est le cas depuis les 15 dernières années... Si tout cela disparaissait comme par magie, alors là, je dirais peut-être que les raisons d’investir dans l’or seraient moins évidentes ou qu’il faudrait envisager une nouvelle façon de voir les placements aurifères. À 1 800 $ l’once, l’or serait plutôt cher.

De toute façon, tout peut arriver. Nous l’avons bien compris au cours des 18 derniers mois. Du reste, je ne pense pas que nous allions vers une économie Boucles d’or. Aussi, l’une des choses que nous ont apprises les dix ou douze dernières années est qu’il existe probablement beaucoup plus de risques que nous le pensions. Et qu’il est extrêmement difficile de prévoir comment ces risques se matérialiseraient. Il est toujours pertinent, selon moi, de détenir des valeurs refuges et de diversifier notre portefeuille plus que nous avions l’habitude de le faire auparavant. Je ne peux cependant pas exclure qu’un malheur puisse frapper... un qui ferait baisser le prix de l’or. Je sais bien qu’il a augmenté énormément, aucun doute là-dessus. Il est rendu à combien déjà ? Il se négociait à environ 1 200 dollars l’once en 2019 et se négocie maintenant à 1 800 dollars l’once. Il a donc bondi de 50 %. Il est vrai que le monde a beaucoup changé dans l’intervalle, mais peu importe, nous ne sommes jamais à l’abri d’un sursaut de volatilité.

Stu Morrow :

Nous avons effleuré le sujet à quelques reprises au fil de notre discussion, mais en ce qui a trait à la volatilité, j’aimerais parler un peu du Bitcoin, que certains appellent l’« or numérique ». Nous essayons de nous forger une opinion à l’échelle de la société sur les cryptomonnaies ou les cryptoactifs. Mais intéressons-nous d’abord au fait que le Bitcoin est considéré comme l’« or numérique ». L’est-il vraiment ? Est-il un complément ? Est-il ami ou ennemi ? John, je commencerai par vous.

John Reade :

Nous avons passé beaucoup de temps à examiner la question des cryptomonnaies et du Bitcoin en particulier. Ce sera tout un défi. Tout d’abord, il est impossible d’ignorer les rendements des cryptoactifs et tout le tapage qu’il y a autour. C’est une communauté qui fait beaucoup de bruit. Et le fait qu’on qualifie ces actifs d’« or numérique » a certainement attiré notre attention.

Représentent-ils un danger pour l’or ? Je ne le pense pas. Peut-on utiliser l’or comme complément aux cryptoactifs dans un portefeuille ? C’est tout à fait possible. À mon avis, le qualificatif « d’or numérique » est un peu trompeur. Par sa conception, le Bitcoin était naturellement censé être rare, un peu comme l’or. L’offre devait supposément progresser à un rythme lent, mais de façon durable et décroissante, un peu comme pour l’or. Même si les deux actifs présentent des similitudes, ils sont complètement différents sur le plan de la demande. Comme je l’ai mentionné auparavant, l’or est très recherché, que ce soit pour les placements, la joaillerie ou les technologies, et les banques centrales en achètent également. Par ailleurs, les investisseurs et les spéculateurs s’y intéressent aussi.

On parle beaucoup des applications pour les cryptoactifs, mais ce sont surtout les spéculateurs et les investisseurs qui s’y intéressent. Cette absence de diversification de la demande indique généralement qu’il s’agit d’un actif bien plus volatil. Le Bitcoin affiche une plus forte volatilité que l’or, ce qui le place immédiatement dans une catégorie d’actif à risque plus élevé. On ne diversifie pas vraiment un portefeuille si on y ajoute des bitcoins. Cela augmente le rendement ajusté au risque du portefeuille, ce qui est très bien, et c’est ce que nous voulons, mais l’augmentation n’est attribuable qu’au seul rendement du Bitcoin.

C’est bien d’avoir de bons rendements, mais la diversification compte aussi. Si on examine la progression de l’or dans un portefeuille au cours des dix dernières années, on note différentes sortes de chiffres. C’est ce que mentionnait Chris quand il parlait d’un rendement de 4 % à 6 % selon les autres actifs détenus en portefeuille. L’or augmente les rendements ajustés au risque du portefeuille : Il est d’abord la source des rendements et il permet une diversification, en particulier au moment où on en a le plus besoin, c’est-à-dire lorsque les autres actifs du portefeuille dégringolent. Quant aux cryptoactifs d’un portefeuille, ils se comportent généralement comme les titres à risque élevé du NASDAQ ou du bloc FANG.

Donc, c’est correct si vous ajoutez des bitcoins à votre portefeuille. Mais vous devez comprendre ce que ça vous rapporte, comprendre la volatilité qui en résulte et comprendre que vous n’obtiendrez pas la diversification escomptée. Comme tout autre actif qui offre des rendements comparables à ceux des actions, l’or est un bon élément de diversification. Selon moi, le Bitcoin et l’or ne s’opposent donc pas l’un à l’autre. Cela dit, je ne me considère pas comme un expert en cryptomonnaies. J’ai beaucoup étudié la question au cours des cinq ou six dernières années, et je dirais que c’est le qualificatif « d’or numérique » qui m’irrite en ce moment. Merci Stu, pour ces commentaires. Cela confirme juste mon idée.

Stu Morrow :

J’ajouterais également que les corrélations entre le Bitcoin et d’autres catégories d’actifs d’un portefeuille changent. Nous parlons ici d’un historique de négociation relativement court. L’or fait partie des portefeuilles et du processus de découverte des prix depuis déjà un certain temps, alors que le Bitcoin en est à sa 12e ou 13e année, selon là où l’on se place. Chris veut peut-être ajouter quelque chose au sujet de l’or numérique.

Chris Beer :

Oui, tout à fait. J’ai suivi John et son équipe et écouté certains de ses collègues parler de l’or et du Bitcoin dans la baladodiffusion. Ray Dalio, ainsi que des gestionnaires de fonds de couverture et d’autres investisseurs en ont également parlé. Paul Tudor Jones a été un des premiers à aborder le sujet. Il a aussi une bonne opinion sur l’or, mais il estime que les cryptomonnaies sont un actif non liquide pour lequel nous n’avons pas vraiment un long historique... Nous voyons clairement les rendements phénoménaux réalisés par le Bitcoin l’an dernier, et ce, même en cumul annuel. Mais nous n’avons pas nécessairement la corrélation inverse. Nous ne savons pas... J’aime la théorie de la dévalorisation sur papier. « Nous investissons dans le Bitcoin parce que nous ne voulons pas d’intervention des gouvernements. » Mais ce n’était pas vraiment ça... Je ne pense pas que ce soit l’initiative prise par la Turquie d’interdire le Bitcoin qui a entraîné la liquidation. J’en suis même certain.

Plusieurs intervenants éminents en ont parlé. Les gouvernements interviendraient si nous devions arriver à un stade où il serait impossible à un État souverain d’émettre sa propre monnaie pour combattre les variables inconnues. De nombreux investisseurs au pays remarqueront cette année que les services canadiens de déclaration de revenus s’intéressent pour la première fois aux détenteurs de bitcoins et leur demandent de les déclarer. La même chose est arrivée la semaine dernière avec Robinhood, la plateforme qui permet d’échanger de l’or, des bitcoins ou 220 autres devises dans le monde. Je ne pense pas que nous en soyons là pour le moment, mais il est clair que le Bitcoin et la chaîne de blocs évolueront au cours des 20 à 30 prochaines années, tout comme l’a fait Internet. Il y a actuellement beaucoup de spéculations et, comme nous l’avons mentionné plus tôt, on relève historiquement trois ou quatre vecteurs pour l’or.

Je suis sûr que John s’y est intéressé, mais une fois de plus, nous manquons de temps. Si je compare la perte de 250 $ au gain de 2050 en août et essaie de garder les corrélations à court et à moyen terme des taux d’inflation réels dans des constantes en dollars américains, l’or pourrait gagner 50 $, 60 $, voire 70 $ l’once, principalement en raison de son horizon de près d’un billion de dollars. Mais je ne sais pas ce qu’en pense John. Le Bitcoin a un peu freiné les ventes d’or.

John Reade :

Je ne me suis pas vraiment penché sur les calculs, et je voudrais bien voir ça de près avec Chris plus tard. Nous avons un modèle d’attribution qui évalue les facteurs plus traditionnels comme le dollar, les taux d’intérêt, le dynamisme. Les fluctuations des taux d’intérêt ont alimenté principalement la baisse du prix de l’or enregistrée depuis le sommet historique de l’année dernière, et un peu aussi celle du dollar. Oui, j’aimerais bien voir ça.

Serais-je surpris de voir que certains qui investissent dans l’or se sont tournés vers les cryptomonnaies au cours des 12 derniers mois ? Pas du tout. Chris, vous avez parlé de plusieurs investisseurs qui ont fait récemment l’éloge du Bitcoin. Toutes les personnes que vous avez mentionnées ont investi dans l’or dans le passé et, à notre connaissance, en détiennent toujours. Et certaines de ces personnes ainsi que des directeurs de fonds de couverture ont gagné beaucoup d’argent en suivant tôt le mouvement. C’est peut-être ce qu’ils ont encore fait dans ce cas-ci. Je ne pense pas que cette tendance annonce la fin de l’or ou qu’elle signifie que le Bitcoin va remplacer l’or. C’est tout simplement que le rendement de 700 % d’un actif qui semble être sur une bonne lancée est bien trop attrayant lorsqu’on veut gagner rapidement de l’argent. Cela ne me surprend donc pas. Et comme je l’ai dit, j’aimerais voir ce modèle qui semble assez intéressant.

Chris Beer :

Eh bien, vous avez entendu parler des « baleines du Bitcoin ». Elles détiennent 95 % des bitcoins existants. Et à tort ou à raison, ce n’est pas ce qui se passe sur le marché de l’or. En fait, si je me réfère à mon expérience de placement aurifère... toutes les banques centrales ne vendaient pas de l’or, sauf peut-être dans les 12 ou 15 dernières années. Est-ce qu’elles ne se sont pas lassées ?

John Reade :

Oui, je pense qu’elles en sont maintenant à leur 11e année d’achats nets. J’admets tout à fait qu’il y a eu un grand changement dans le dernier tiers de ma carrière. Les banques centrales deviennent plus des acheteuses que des vendeuses, et la tendance semble se poursuivre. Nous avons publié des statistiques mensuelles à ce sujet et continuons de le faire. Nous avons relevé au troisième trimestre de l’an dernier que le quart des banques centrales avaient effectué des ventes nettes d’or. Le phénomène semble relativement limité jusqu’à présent et il y a des raisons logiques pour lesquelles certaines banques centrales choisissent de réduire leurs avoirs en or. Ce sera probablement le sujet d’un autre balado, car je ne veux pas m’étendre sur ce sujet.

Stu Morrow :

Le champ restreint et le manque d’appropriation du Bitcoin sont également des éléments que nous examinons dans notre argumentation sur les cryptomonnaies. Messieurs, à la fin du balado nous recommandons toujours des livres ou des baladodiffusions à nos clients qui souhaitent en savoir plus sur le sujet abordé ou l’univers des placements en général. Chris, que recommanderiez-vous à nos auditeurs ?

Chris Beer :

Et bien, j’ai déjà recommandé John et son équipe dans le World Gold Council. Ce site n’est pas juste consacré à l’or. Vous pouvez par exemple poser différentes hypothèses sur les mesures conventionnelles et voir les résultats éventuels... Nous essayons de définir une tendance du prix de l’or et non d’établir un cours cible absolu. Je recommanderais aussi le livre « The Power of Gold » de Peter Bernstein. L’auteur y relate l’histoire de l’or, de l’époque des pharaons à nos jours. Il adopte le même point de vue que Mark Twain et suscite de l’intérêt pour l’or. C’est un livre intéressant, mais pas autant que le suggèrent certains inconditionnels du métal jaune.

Je suggérerai aussi James Richard. Beaucoup de ses livres racontent l’histoire de l’or, même s’il n’en est pas un féru... The Cases for Gold, The Death of Money, Currency Wars, A Road to Ruin sont tous des livres intéressants. Nous les attendions depuis longtemps. Si je peux dire une chose, c’est que le rendement de 5 % à 6 % de l’or a avantagé les portefeuilles à long terme. Je vais en rester là.

John Reade :

Eh bien, je recommanderai pour ma part, non un balado ou un livre, mais un très bon site Web appelé Gold Hub, du World Gold Council. On y trouve une grande quantité d’études, de données et de commentaires sur l’or, produits par le World Gold Council. D’après moi, ce site présente un très bon contenu.

Je mentionnerai aussi Byte Tree, B-Y-T-E Tree. C’est une entreprise gérée par Charlie Morris, un ancien gestionnaire de fonds à HSBC. Je connais Charlie depuis des années. Le portefeuille qu’il gérait à titre de gestionnaire de fonds à HSBC détenait une bonne pondération d’or, et c’est ce que nous essayons d’encourager. Lui et moi avons eu beaucoup d’entretiens au fil des ans. Il s’intéresse aussi maintenant aux cryptomonnaies et présente les deux actifs d’une manière très raisonnable, selon moi. Il explique davantage leurs différences et leur complémentarité que leur opposition. Je consulterais donc Bytetree.com pour avoir l’avis de Charlie sur le sujet. Il comprend sûrement bien mieux que moi les cryptomonnaies. L’essentiel de mes connaissances sur le sujet provient de nos interactions.

Je mentionnerai pour terminer, Metals Focus, notre fournisseur de données. Beaucoup des statistiques d’offre et de demande qui figurent dans nos publications nous viennent des gens du secteur qui s’adressent notamment aux raffineries indiennes, aux banques chinoises, aux fabricants de bijoux et même aux trafiquants, afin de nous donner une vue globale du marché. Metal Focus est également une très bonne recommandation. Nous utilisons leurs données et leurs informations, et beaucoup d’entre elles sont accessibles gratuitement. Il existe de nombreuses et belles références sur l’or. Je vous encourage à lire abondamment sur le sujet. On y trouve beaucoup d’opinions différentes.

Pour reprendre ce que vient de dire Chris, rappelez-vous de ne pas placer tout votre argent dans l’or lorsque vous investissez. C’est un excellent outil de diversification de portefeuille qui peut procurer de bons rendements. Mais comme tout le reste, il comporte ses risques et une volatilité.

Stu Morrow :

Merci à vous, messieurs, pour votre participation à Opinion éclairée. Je sais que je parle au nom de nos auditeurs en disant que vous nous avez fourni une tonne de renseignements sur les placements aurifères. Je vous dis au revoir, et j’espère vous avoir de nouveau pour une revue de l’actualité du secteur. Nul doute que nous n’avons pas épuisé le sujet de l’or numérique. Dans tous les cas, je tiens encore à vous remercier de vous être joints à moi et pour le temps que vous nous avez consacré.

Chris Beer :

Merci Stu. Merci John.

John Reade :

Oui. Merci beaucoup. Ce fut un réel plaisir. Prenez bien soin de vous.

Déclaration

Cet épisode a été enregistré le 19 avril 2021.

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