Opinion éclairée – Épisode 9 : Point de vue et perspectives de Stu Morrow
De l’autre côté du micro : Dans cet épisode spécial, nous inversons les rôles et recevons l’animateur de cette série de balados, Stu Morrow, pour connaître l’opinion de ce leader avisé du secteur sur les marchés, l’économie et les principaux thèmes de placement.
Invité de l'épisode : Stu Morrow, Leader avisé du secteur et vice-président et chef, Placements, RBC PH&N Services-conseils en placements
Dans cet épisode spécial de la série Opinion éclairée, nous inversons les rôles et interviewons votre animateur habituel, Stu Morrow, leader avisé du secteur et vice-président et chef, Placements, RBC PH&N Services-conseils en placements.
Dans cet entretien, M. Morrow fait part de ses réflexions sur l’année 2020, présente ses perspectives pour l’année 2021 et les années suivantes, et dévoile les principaux thèmes de placement et les évolutions dans le secteur qui l’occupent ces jours-ci. Voici l’occasion d’écouter M. Morrow s’exprimer, en tant qu’invité de sa série de balados, sur des sujets allant de sa philosophie de placement aux cryptomonnaies, en passant par ses suggestions de livres, de balados et de films.
Bonjour et bienvenue à cet épisode d’Opinion éclairée. Si vous connaissez bien ce balado et son incomparable animateur, vous vous demandez peut-être pourquoi vous n’entendez pas sa voix et où il peut bien être passé. Vous avez tout à fait raison de vous poser ces questions. Je ne suis pas Stu Morrow. Je me suis approprié ce balado.
Soyez sans crainte, rien de mal n’est arrivé à Stu ni à son balado. Je m’appelle Leslie Baker et je suis première directrice, Communications, Gestion de patrimoine. J’anime un balado interne à RBC Gestion de patrimoine – Canada intitulé Tips and Takeaways. J’ai pris la place de Stu pour l’épisode d’aujourd’hui, car c’est à son tour d’être interviewé.
L’arrivée d’une nouvelle année et d’une nouvelle décennie nous semblait le moment idéal pour discuter avec Stu Morrow, vice-président et chef, Placements à RBC PH&N Services-conseils en placements. Nous aborderons notamment son approche et sa méthode en matière de placements ; il nous fera aussi part de son point de vue sur l’année éprouvante que nous venons de traverser et de ses prévisions pour l’année à venir. Il nous parlera également de certains sujets d’actualité qui retiennent son attention, notamment les actifs alternatifs et les cryptomonnaies.
Avant de commencer notre entretien, je tiens à vous dire quelques mots au sujet de Stu, l’hôte habituel d’Opinion éclairée. Stu mène depuis longtemps une brillante carrière dans le secteur des placements. Il cumule plus de 18 ans d’expérience à RBC, où il a occupé des postes à responsabilité croissante. Il a passé la majeure partie de sa carrière à RBC Gestion mondiale d’actifs, où il a été analyste, Actions mondiales, puis gestionnaire de portefeuilles américains. En fait, il a commencé sa carrière bien avant cela, car il a été caissier de banque à temps partiel et a continué de travailler pour RBC jusqu’à l’obtention de son diplôme de premier cycle.
Stu a occupé divers postes au sein d’autres entreprises : il a été analyste de marché orienté vendeur, Recherche sur actions, gestionnaire de portefeuille dans le secteur des services-conseils en placement et gestionnaire de portefeuille institutionnel à Gestion de Placements Greystone TD, où il était au service d’experts-conseils en placement et de clients institutionnels, comme des commissions de pensions et des fonds de dotation. Stu est depuis longtemps membre du conseil consultatif de la Ted Rogers School of Management de l’Université Ryerson, rôle qui l’amène à travailler avec des groupes de professeurs et d’étudiants dans les domaines de la finance et de la comptabilité. Récemment, il s’est joint au comité des placements de l’Œuvre des Manoirs Ronald McDonald à Toronto. Enfin, il est l’entraîneur-chef de l’équipe de hockey de ses fils, les Rangers de Vaughan. La plupart des gens l’appellent « Stu ». En général, seule sa conjointe l’appelle « Stuart » et elle le fait quand elle veut attirer son attention. Je ne l’interrogerai pas à ce sujet. Stu, bienvenue à Opinion éclairée.
Merci Leslie. Je suis très heureux d’être de ce côté-ci du micro. Vous me faites rougir. S’il y avait une caméra, nos auditeurs pourraient le voir. Merci pour cette généreuse présentation. C’est très gentil.
Merci de me laisser prendre les rênes de votre balado et braquer les projecteurs sur vous. J’espère que la vue vous plaît de là où vous êtes assis. On commence ? Que diriez-vous de nous donner tout d’abord un aperçu de votre approche et de votre méthode en matière de placements ?
Avec plaisir. Je consacre beaucoup de temps à discuter avec nos gestionnaires de portefeuille au sujet du processus de placement et de ma méthode à cet égard. Comme tout le monde, je constate que l’expérience a fait évoluer ma vision des choses. Je travaille dans ce domaine depuis environ 15 ans, ce qui n’est pas très long à l’échelle de l’histoire des marchés. J’apprends continuellement : je lis, j’assiste à des webinaires, j’écoute des balados, je fais des recherches, j’essaie continuellement de trouver des réponses... Cela me paraît indispensable à la mise au point d’une méthode et d’une approche en matière de placements.
J’ai commencé quand j’étais à l’université, à l’époque de la bulle technologique. Tout le monde autour de moi semblait faire beaucoup d’argent. Investir avait l’air tellement facile alors que ce que j’apprenais dans mes études au sujet des placements et de la finance ne donnait pas une impression de facilité. Et puis le marché s’est effondré. Non seulement les gens avaient-ils oublié la gestion du risque, mais celle-ci ne figurait visiblement pas au cœur du processus de placement. Ces premières expériences des placements m’ont incité à adopter une approche prudente et simple, que je continue de suivre aujourd’hui.
Je suis arrivé à RBC Gestion mondiale d’actifs en 2008, au plus fort de la crise financière. Comme vous l’avez mentionné en introduction, je couvrais à ce moment-là les institutions financières, notamment les banques, d’envergure mondiale. Cela a été une excellente occasion d’apprentissage. Évidemment, les conditions étaient très difficiles, mais j’apprenais chaque jour, et même d’une heure à l’autre. Encore une fois, j’ai constaté à quel point la gestion du risque est importante dans le processus de placement. C’est certainement l’une des leçons que j’ai tirées.
J’ai ensuite occupé d’autres rôles à RBC Gestion d’Actifs, notamment en gestion de portefeuille. J’ai côtoyé d’excellents gestionnaires, dont certains sont encore avec nous, et j’ai beaucoup appris d’eux. J’ai pu partager mes réflexions et découvrir comment d’autres professionnels abordaient certaines questions que je me posais, par exemple, la façon d’élaborer un portefeuille et d’intégrer la gestion le risque, ce qu’implique l’adoption d’un processus rigoureux, la manière de conjuguer les analyses fondamentale, technique et quantitative, la valeur réelle de la gestion active comme moyen de protection contre les baisses, et les placements fondés sur des convictions.Je pense aussi que mon expérience à l’extérieur de RBC a beaucoup influé sur ma méthode de placements. J’ai travaillé à Greystone, puis à Greystone TD après l’acquisition. J’y ai découvert bon nombre d’éléments du processus de placement que j’utilise encore. J’y ai acquis une approche très rigoureuse de la gestion de fonds, et aussi l’idée d’investir avec conviction, d’inclure dans mon approche la gestion de portefeuilles concentrés et d’aller plus loin dans la superposition du risque, ce qui est très important pour gérer des portefeuilles concentrés. Lors de mon passage à Greystone, j’ai pris conscience des avantages de combiner placements privés et placements publics, chose que j’ignorais jusque-là.
Toutes ces expériences ont enrichi ma vision des placements, qui, d’ailleurs, ne cesse d’évoluer. Je me considère comme un étudiant perpétuel en ce qui concerne les marchés, étant donné qu’ils changent constamment. Ils évoluent au fil du temps. Au final, seule la méthode compte. À mon avis, il est indispensable de suivre un processus quand on investit. À mes yeux, adopter un processus à long terme est beaucoup plus important que de porter attention à l’agitation à court terme des marchés.
Il faut investir à long terme plutôt que d’essayer d’anticiper le marché. Beaucoup de gens le disent, mais c’est un principe clé qu’il faut mettre en application. Ce n’est pas toujours facile à faire, mais ça porte fruit, selon moi. C’est une des leçons de 2020. La gestion active crée encore de la valeur dans les marchés les moins efficients. Je crois avoir intégré ce principe. Dans l’ensemble, la simplicité l’emporte sur la complexité. On essaie parfois de nous convaincre que plus une démarche de placement est sophistiquée ou complexe, plus elle est avantageuse. Or, à mon avis, ce n’est pas le cas. En matière de placements, la simplicité donne de meilleurs résultats que la complexité la plupart du temps.
Comme toujours, vous vous montrez très humble. Les grands investisseurs comme Warren Buffett, Howard Marks et Ray Dalio sont tous aussi déterminés à apprendre, à évoluer et à gagner en sagesse au fil du temps, par l’expérience et en apprenant des autres. C’est tout à votre honneur d’avoir la même approche. À titre de chef, Placements à PH&N Services-conseils en placements, vous jouez un rôle de leadership majeur au comité des placements. De plus, vous travaillez en étroite collaboration avec RBC Gestion mondiale d’actifs, un partenaire extrêmement important. Pouvez-vous nous parler de votre rôle, de vos principales responsabilités et de la façon dont vous les abordez ?
Oui, bien sûr. En tant que chef des placements, je suis responsable du volet placements et des activités qui s’y rattachent, et je m’occupe, dans une moindre mesure, de conformité et de gestion du risque. Nous avons également un comité de placements qui chapeaute les services-conseils en placements de RBC et qui relève de notre comité administratif. La gestion de la plateforme de placement repose sur un effort collectif. Je ne prétends jamais connaître toutes les réponses. En fait, je les ai rarement. Je crois que le travail d’équipe est une part indispensable du processus.
C’est donc en équipe que nous gérons la plateforme de placement. Nous sommes extrêmement rigoureux dans notre façon d’accompagner et de diriger les équipes de services-conseils en placements pour leur permettre d’aider nos clients à atteindre leurs objectifs de placement. Nous sommes également en relation étroite avec nos partenaires de RBC Gestion mondiale d’actifs. Nous collaborons avec eux à l’élaboration de modèles de risque. Pour composer la base du portefeuille, nous réfléchissons à la répartition stratégique de l’actif, à la combinaison la plus judicieuse de liquidités, d’obligations et d’actions, ou encore de placements alternatifs et de placements du marché privé.
Nous travaillons aussi avec l’équipe Recherche mondiale de gestionnaires de RBC, qui a pour mission de repérer les meilleurs gestionnaires externes pour nous permettre de profiter de leur expertise. Et nous collaborons avec nos partenaires à la recherche d’idées et à la conception de solutions de placement. Nous ne travaillons pas seulement avec RBC Gestion mondiale d’actifs. Bien sûr, une bonne partie de notre gamme de produits comprend des solutions RBC. Mais nous collaborons aussi avec des partenaires externes.
Nous sommes en contact avec des gestionnaires de placement de premier plan qui proposent des solutions à nos gestionnaires de portefeuille, ce qui profite à nos clients, en bout de ligne. On parle de placements sur les marchés publics et sur les marchés privés. Enfin, nous consultons certains partenaires sur le leadership éclairé, l’innovation et la technologie hors de la société pour nous assurer que nous disposons des ressources nécessaires à l’interne, mais aussi pour nous inspirer de certaines initiatives clés mises en œuvre par d’autres entreprises afin de les déployer à RBC.
Fantastique. Stu, 2020... quelle année ! Elle restera dans les annales. Il faut reconnaître que nous avons été confrontés à beaucoup d’événements sans précédent. Nous avons atteint des sommets records en février, puis la pandémie de COVID-19 a frappé et les marchés ont plongé de plus de 35 % avant d’atteindre leur creux en mars. Ils ont ensuite rebondi, de sorte que ce marché baissier a été le plus court de l’histoire. Ce redressement majeur a non seulement permis de reprendre tout le terrain perdu, mais il s’est poursuivi jusqu’à des sommets inédits à la fin de l’année. Entre ces deux extrêmes, nous avons assisté à l’avènement d’une « nouvelle normalité » marquée par des mesures musclées de stimulation budgétaire et monétaire. Et en un mot, la politique américaine... bref, Trump. Nous nous arrêterons là sur ce plan. Selon vous, qu’avons-nous appris ? Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette année complètement folle et à quoi pouvons-nous nous attendre en 2021 et dans les prochaines années ?
En effet. Ce sont d’excellentes questions. Que pouvons-nous retenir de 2020 ? Plusieurs choses, à vrai dire. La première, c’est que certains risques connus et inconnus auxquels nous devons faire face sont très difficiles à évaluer ou à prédire. La COVID-19 a pris les marchés par surprise au début de 2020, lorsqu’il est devenu évident que l’économie mondiale allait plonger rapidement dans une récession profonde.
Les experts nous avaient pourtant prévenus, plusieurs années auparavant et encore récemment, qu’une pandémie mondiale pourrait avoir de graves conséquences. Il est devenu clair que même lorsqu’un risque existe, il n’est pas toujours possible pour les marchés de le prendre en compte. Il faut vraiment suivre une approche rigoureuse, analyser votre portefeuille de façon systématique, bien en comprendre le contenu et se demander s’il concorde avec vos objectifs, votre tolérance au risque et votre capacité de prise de risque. L’une des leçons à tirer de 2020, selon moi, c’est qu’on ne peut pas planifier en fonction de risques inconnus et imprévus, et encore moins en fonction de risques inconnus prévus.
Le deuxième grand enseignement de cette crise, comme vous l’avez mentionné, c’est que les banques centrales et les gouvernements sont venus à la rescousse des marchés pour éviter une paralysie complète de l’économie. Dans le secteur des placements, on dit souvent qu’il ne faut pas aller à contre-courant de la Fed, autrement dit adopter une vision très pessimiste des marchés financiers, comme nous l’avons vu en 2008 et 2009. Je crois que les banques centrales ont tiré les leçons de ces périodes, qui ont été marquées par des problèmes de liquidité sur les marchés. Elles ont rapidement compris que pour que les rouages restent bien huilés et continuent de tourner, il fallait injecter des liquidités dans le système.
Et ce soutien s’est renforcé de lui-même durant cette crise. Selon moi, se positionner autrement n’est pas un bon moyen de gérer ses fonds. Nous savons maintenant que les banques centrales et les gouvernements sont prêts à renflouer l’économie. Et je pense que c’est ce que nous sommes en droit d’attendre d’eux dans de telles situations. Est-ce que les résultats seront les mêmes ? Bien sûr. Je pense qu’il faut éviter de parier que les gouvernements et les banques centrales n’interviendront pas dans ce genre de situation.
Par ailleurs, on retiendra que les portefeuilles doivent conserver une part de liquidités en tout temps. Nous l’avons bien vu en février et en mars derniers. Comme vous le rappeliez plus tôt, les marchés boursiers ont reculé de plus de 30 %. Si vous aviez besoin de liquidités, vous deviez donc vendre à un cours très faible, voire même solder vos placements. Et si vous n’aviez pas de liquidités, vous n’aviez probablement pas les moyens d’acquérir des placements « en solde ». Selon moi, il faut maintenir une composante de liquidités en tout temps dans son portefeuille – c’est ce que nous avons toujours dit. Cette stratégie fait partie intégrante de l’approche de RBC PH&N Services-conseils en placements. Et c’est l’un des enseignements les plus clairs de 2020 pour tous les investisseurs.
Une autre leçon utile, c’est à quel point il est difficile d’anticiper le marché. C’est ce que 2020 a mis en évidence quand nous avons connu l’une des baisses de marché les plus brutales de l’histoire, suivi par l’un des rebonds les plus rapides jamais vus. Choisir le moment opportun pour se retirer et le moment opportun pour réinvestir s’est avéré très compliqué. La seule stratégie d’anticipation du marché qui doit intéresser les investisseurs est celle des achats périodiques par sommes fixes, c’est-à-dire une approche rigoureuse d’acquisition de placements à intervalles réguliers. Quand le marché monte, vous achetez moins de produits dispendieux. Et quand le marché baisse, vous achetez davantage de produits bon marché.
Je pense que c’est le genre de choses qui aurait pu protéger les investisseurs de la volatilité qui a marqué une grande partie de 2020 et qui leur aurait permis de conserver leurs placements et d’acheter des titres en solde, par exemple. Pour terminer, je conseille aux gens de rester humbles. Même si le marché a rebondi rapidement, personne ne savait à quoi s’attendre. Nous étions tous sur le qui-vive et il y avait de l’émotion dans l’air, par moment. Avons-nous fait les bons choix ? La situation va-t-elle perdurer ? Quel est votre plan B, votre plan C et votre plan D ?
Je pense qu’il faut savoir se poser des questions, se demander si on est en mesure de supporter ou non cette volatilité, le niveau de perte anticipée. Et je crois que la période actuelle est propice pour réfléchir à la répartition stratégique des liquidités, des obligations, des actions et des autres placements dont vous disposez. Prenez l’habitude de vérifier régulièrement cette répartition pour vous assurer que les actifs à risque de votre portefeuille sont conformes à vos objectifs.
Bien dit, Stu. Votre façon de faire et la manière dont vous abordez l’univers des placements m’impressionnent à de nombreux égards, notamment le fait que vous cherchiez toujours à tirer parti du contexte. À quoi faut-il s’attendre ? Quelles tendances sont en train de se former ? Quelle sera la prochaine nouveauté dans les placements ? Quels sont les domaines, les changements ou les questions qui retiennent votre attention ces jours-ci ?
Eh bien, à la dernière question, j’ai oublié de mentionner un point, celui de savoir ce qui nous attend en 2021. À ce sujet, j’aimerais parler des travaux de mon équipe à PH&N Services-conseils en placements. Une des choses qui nous intéresse concerne les signes d’excès ou de spéculation sur le marché. Il s’avère très difficile de déterminer s’il s’agit d’une bulle ou de plusieurs bulles du marché. L’anticipation est très délicate. Certains segments du marché sont, sans aucun doute, caractérisés par une spéculation excessive à l’heure actuelle. Elle commence à se manifester, en particulier dans le secteur des cryptoactifs. L’autre segment de spéculation excessive est celui des sociétés d’acquisition à vocation spécifique, les SAVS. Ces sociétés permettent ni plus ni moins de tirer un chèque en blanc. Autres symptômes de bulles, de brusques augmentations du prix d’un actif fascinent le public et s’accompagnent d’une grosse couverture médiatique. On a de nombreux récits de gens qui amassent de l’argent et font des envieux ou suscitent l’intérêt du public pour une catégorie d’actifs. On parle de « nouvelle ère » ou on se dit que « cette fois, c’est différent » pour justifier ces prix très élevés ou un relâchement des normes de prêts, de sorte que les gens empruntent plus et que l’endettement s’accroît.
Voilà deux parties du marché auxquelles je pense, mais il y en a probablement d’autres. Une bulle est bien en train de se former ou, du moins, on le pense. Cela ne veut pas dire qu’il faut sortir du marché et ne détenir que des liquidités. La situation n’est vraiment pas aussi dramatique. Par contre, comme je l’ai déjà dit, il faut d’interroger : est-ce que je comprends ce qu’il y a dans mon portefeuille ? Est-ce que je prends trop de risques ? Si c’est le cas, il faut peut-être que je revoie la répartition entre liquidités, obligations, actions et autres placements.
Enfin, nous gardons aussi l’œil sur les perspectives d’inflation. Ce qui nous paraissait peu préoccupant en 2020 l’est davantage aujourd’hui et il en est de plus en plus question sur les marchés. Je comprends les deux facettes du raisonnement. D’un côté, la démographie, l’innovation et la technologie constituent des tendances déflationnistes qui dureront longtemps. Il serait difficile de dire le contraire. De l’autre, nous avons un assouplissement quantitatif de grande envergure et des dépenses budgétaires dans le monde entier qui, par le passé, ont fini par entraîner un regain d’inflation.
Je pense qu’il s’agit d’une tendance de court terme. Une fois la crise de la COVID passée et l’économie rouverte, la demande refoulée des entreprises et des consommateurs entrera en jeu. Quelle sera son incidence sur les indicateurs de l’inflation auxquels le marché s’intéresse ? Comment le marché obligataire réagira-t-il à la hausse des attentes inflationnistes ? Comment les actions de sociétés technologiques à grande capitalisation, en soit, un actif à long terme, se comporteront-elles face à une inflation plus forte ? Et enfin, quelles seront les répercussions sur les actifs alternatifs comme l’or, les marchés privés, l’immobilier et les infrastructures ? Nous verrons sans doute plus d’occasions, car ces actifs tendent à tirer leur épingle du jeu dans un contexte inflationniste.
Tout cela pour dire qu’il faut absolument que les investisseurs gardent un œil sur la répartition stratégique de leur actif pour veiller à ce qu’elle corresponde à leurs objectifs, à leur tolérance au risque et à la diversification voulue. Il est important de ne pas détenir trop d’un placement ou d’un autre, pour la bonne raison que personne ne peut prévoir le futur à coup sûr.
Donc, Leslie, pour revenir à votre question sur ce que notre groupe prépare avec RBC Gestion mondiale d’actifs, les partenaires externes et les marchés privés... eh bien, nous essayons d’élargir la gamme d’occasions auxquelles RBC PH&N Services-conseils en placements a accès, en nous intéressant à des actifs comme l’infrastructure et l’immobilier mondial ainsi qu’à d’autres pans des marchés privés, et ce, pour la prochaine année.
J’ai consacré du temps à analyser certains des actifs que je viens de mentionner, comme les cryptoactifs. Ils sont encore très nouveaux, mais j’essaie de comprendre les pour et les contre et de formuler une opinion. À mon avis, les différents placements sur les marchés privés méritent qu’on s’y attarde, comme les terres agricoles. Là encore, ils en sont à leur balbutiement, mais font également l’objet de recherches très intéressantes. En ce qui concerne les cryptoactifs, comme le Bitcoin, RBC n’offre aucun produit ou service aux clients qui s’y intéressent. Pour l’heure, RBC dispose d’une équipe de recherche et de développement qui surveille ce segment et se forge une expertise dans les cryptoactifs. Pour l’instant, nous pouvons seulement parler de leur attrait récent et leur volatilité passée. À l’avenir, je pense que RBC envisagera de proposer des produits et des services dans ce domaine. Bien entendu, ce sera fait dans l’intérêt des clients et des actionnaires de RBC.
Intéressant ! Vous parvenez toujours à clarifier les choses les plus complexes et ceci permet à nos clients d’obtenir une réelle valeur ajoutée. Nous vous en sommes très reconnaissants. Pour terminer, comme vous le faites avec vos invités, j’aimerais vous demander si vous aviez un balado, un livre, un film ou une émission de télévision à recommander, pour se tenir informé, se divertir ou garder les pieds sur terre pendant ces jours de confinement et de distanciation sociale. Avez-vous des idées pour nos auditeurs ?
Oui. Je savais que vous alliez me poser cette question, donc j’y ai réfléchi. Je vais essayer de ne pas répéter les suggestions des invités précédents, même si j’ai suivi quelques-unes de leurs recommandations en ce qui concerne les livres et les balados. En fait, j’écoute des balados chaque jour. Il y en a un que je trouve vraiment bien ficelé. Il s’agit de la série « Masters in Business with Barry Ritholtz » de « Bloomberg Opinion ». Les invités sont très intéressants. Ils abordent non seulement les sujets d’actualité, mais aussi des thèmes de placement à plus long terme. J’aime beaucoup l’écouter.
En ce qui concerne les livres, il y en a tellement. Un des domaines de la recherche sur les placements qui m’intéresse le plus est celui de l’investissement comportemental. L’une des dernières sorties très intéressantes en la matière est le livre de Morgan Housel, intitulé « The Psychology of Money ». Pour l’auteur, chaque personne vit des expériences uniques qui façonnent la façon dont elle considère l’argent. Autrement dit, la réussite n’est pas toujours le fruit d’un dur labeur et la pauvreté n’est pas forcément due à la fainéantise. Une bonne lecture donc. Ce qui m’a vraiment attiré dans cet ouvrage est l’opinion de l’auteur sur la prise de risques. Il faut vraiment y réfléchir et se protéger contre les risques de baisse ; c’est probablement ce qui m’a poussé dans le monde de l’investissement.
The Behavioral Investor par Daniel Crosby est aussi un bon ouvrage. L’auteur est très présent sur YouTube. Il organise aussi un balado. Un autre grand livre sur le risque qui fait bien le tour de la question est Against the Gods: The Remarkable Story of Risk, de Peter Bernstein. Il retrace un peu l’histoire et les aspects scientifiques de la finance, ce qui me plaît, car je suis féru d’histoire. Il s’intéresse aux origines de la pensée moderne sur le risque. La gestion moderne du risque est née au 13e siècle, avec le système de numérotation indo-arabe. De là, l’auteur revient au 17e siècle, puis évolue vers les travaux en cours des économistes comportementaux d’aujourd’hui. Je trouve que c’est une très bonne lecture.
Pour les films, je ne sais pas. Vous savez, j’ai regardé chaque film lié au monde financier des années 80 et 90 tellement de fois. Tout le monde peut probablement deviner de quels films il s’agit. Les films qui me plaisent le plus sont les comédies, les documentaires et certains drames. Comme la série de Netflix Le jeu de la dame, que nombre d’entre nous regardent en rafale depuis sa sortie il y a quelques semaines pendant le confinement. Parfois, je me fais plaisir avec des séries comme Le château de cartes et The Office. Je regarde aussi le hockey, même si les amateurs sont absents des gradins. Je n’ai pas beaucoup de temps à y consacrer, mais c’est agréable de regarder un peu de sport. Bon, voilà à quoi j’ai passé mon temps pendant le confinement.
Eh bien, ceci montre à nouveau votre grande ouverture d’esprit, Stu, et la manière dont vous aimez vous remettre en question, remonter l’histoire et tirer les enseignements d’aujourd’hui. Je vous remercie pour ces recommandations. Merci également de nous avoir accordé votre temps pour nous faire part de vos points de vue. Et surtout, merci infiniment de m’avoir laissée pirater votre émission pour vous interroger. Ce fut un réel plaisir pour moi.
Merci, Leslie. Ce fut très plaisant. Merci d’avoir inversé les rôles. C’est intéressant de voir l’émission de l’autre côté du micro. Merci beaucoup pour votre temps. Merci.
C’est moi qui vous remercie. Et comme toujours, merci aux auditeurs d’Opinion éclairée. Rassurez-vous, Stu reprendra les commandes du prochain épisode d’Opinion éclairée. D’ici là, restez en bonne santé, et continuez d’investir.
Déclaration
Ce balado a été enregistré le 20 janvier 2021.
Il est diffusé par RBC Phillips, Hager & North Services-conseils en placements inc. (RBC PH&N SCP). Les opinions et estimations contenues dans l’enregistrement représentent le jugement de RBC PH&N SCP en date de cet enregistrement et sont sujettes à changement sans avis. Cet enregistrement ne constitue pas une offre de vente ni une sollicitation d’une offre d’achat de titres. Les personnes, les opinions et les publications citées ne représentent pas nécessairement l’opinion de RBC PH&N SCP. Ces renseignements ne constituent pas des conseils de placement, fiscaux ou juridiques et doivent être utilisés uniquement pendant une discussion avec votre gestionnaire de portefeuille RBC PH&N SCP ou avec un conseiller fiscal et un conseiller juridique compétents. Les informations obtenues de tiers sont jugées fiables, mais ni RBC PH&N SCP ni l’une ou l’autre de ses sociétés affiliées n’assument de responsabilité à l’égard de tout dommage, perte, erreur ou omission.
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