Après un an : le bulletin du parti travailliste

Analyse
Perspectives

Pour le parti travailliste, rétablir une croissance durable allait toujours être une tâche difficile. Après un an, l’économie britannique demeure fragile, mais certains investisseurs pourraient encore trouver de riches occasions au Royaume-Uni.

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10 juillet 2025

Frédérique Carrier
Première directrice générale et chef, Stratégies
de placement - RBC Europe Limited

Lentement

Le gouvernement travailliste, qui est maintenant au pouvoir depuis un an, s’est probablement rendu compte qu’il est plus difficile de gérer une économie que d’être dans l’opposition.

L’économie du Royaume-Uni connaît actuellement une croissance anémique, le PIB ayant augmenté de seulement 0,7 % sur 12 mois au premier trimestre de 2025 – un chiffre gonflé par l’activité commerciale qui a été devancée pour éviter les droits de douane et un effet ponctuel qui ne devrait pas se reproduire.

La croissance des salaires réels au rythme bien portant d’environ 5 % pourrait être favorable, car les consommateurs semblent disposés à dépenser. De plus, le programme d’infrastructures de 725 milliards de livres sterling sur 10 ans pourrait aussi offrir un soutien; toutefois, à environ 2 % du PIB par année, il ne représente qu’une modeste augmentation par rapport aux dépenses du gouvernement précédent et, à notre avis, ne change pas la donne. Dans l’ensemble, RBC Marchés des Capitaux prévoit une croissance légère de 1,0 % et de 1,1 % cette année et l’an prochain, respectivement.

Le carcan des travaillistes

Le gouvernement n’est pas en mesure de stimuler l’économie de façon significative. La situation budgétaire du pays est précaire, et le parti travailliste a choisi de maintenir un ensemble de règles budgétaires, similaires à celles de l’ancien gouvernement conservateur, qu’il s’est lui-même imposées afin de signaler sa responsabilité budgétaire et de rassurer les marchés financiers.

Les trois premiers et les trois derniers pays en matière de santé budgétaire

Le Royaume-Uni se situe résolument près du fond

Les trois premiers et les trois derniers pays en matière de
      santé budgétaire

Le tableau présente les indicateurs de santé budgétaire des trois pays les mieux classés et des trois pays les moins bien classés dans le tableau de bord de la santé budgétaire de RBC Gestion mondiale d’actifs, classés du meilleur au pire. Pour l’indice de santé budgétaire, 1 correspond au meilleur et 5 au pire. Pour le déficit budgétaire, un chiffre négatif indique un excédent.

Remarques :

1. Indice de santé budgétaire de RBC Gestion mondiale d’actifs (1 = meilleur; 5 = pire).

2. Une valeur de déficit budgétaire négative indique un excédent.

Il s’agit d’un extrait simplifié de la feuille de pointage sur la santé budgétaire de RBC Gestion mondiale d’actifs, qui analyse la santé budgétaire de 27 pays selon neuf variables. Tous les indicateurs sont fondés sur les données de 2024, à l’exception des paiements d’intérêts (2023).

Sources : RBC Gestion de patrimoine, RBC Gestion mondiale d’actifs, Fonds monétaire international, Macrobond

Les efforts déployés par les travaillistes dans le but d’améliorer la santé budgétaire du pays et réduire sa dette – comme la réduction des subventions à l’essence pour les personnes âgées et la réduction des prestations d’aide sociale – se sont révélés difficiles et impopulaires auprès du parti et des électeurs. Par conséquent, le gouvernement a dû assouplir certains éléments clés de ses politiques phares.

Par ailleurs, les pressions pour stimuler les dépenses de défense se sont accentuées, car la protection des États-Unis semble s’affaiblir, alors que les coûts d’emprunt ont augmenté en raison de l’alourdissement du fardeau de la dette et des coûts de financement plus élevés.

À notre avis, la chancelière de l’Échiquier du Royaume-Uni a trois options désagréables :

  1. Assouplir les règles budgétaires et risque d’entraîner une hausse des taux de rendement obligataires alors que les marchés deviendront plus inquiets.
  2. Réduire davantage les dépenses publiques et risque de déclencher une rébellion interne au sein du parti et une réaction brutale des électeurs.
  3. Augmenter les impôts et briser les engagements du manifeste.

Même si le fardeau fiscal du Royaume-Uni est déjà à son plus haut niveau depuis les années 1970, nous pensons que d’autres hausses d’impôt devraient être annoncées dans le budget de l’automne.

Réinitialisation des relations commerciales

Malgré ses contraintes budgétaires, le gouvernement a pris des mesures pour atténuer les revers commerciaux avec les États-Unis et rebâtir sa relation avec son principal partenaire commercial, l’Union européenne.

L’accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni est entré en vigueur le 30 juin. Il s’agit du seul accord officiel qui a été mis en œuvre pendant la pause de 90 jours de l’administration Trump. Malheureusement, il offre un allègement limité au Royaume-Uni, qui conserve le tarif général de 10 %, ce qui correspond au taux réciproque des États-Unis. Le Royaume-Uni continue également de faire face à des droits de douane de 25 % sur l’acier, malgré les efforts continus pour les faire réduire. Néanmoins, certains secteurs s’en tirent mieux : les droits de douane sur les exportations d’automobiles du Royaume-Uni vers les États-Unis ont été ramenés de 25 % à 10 % et le secteur de l’aérospatiale n’est frappé d’aucun droit de douane.

Par ailleurs, le parti travailliste a relancé les relations du pays avec l’UE, éliminant certains des obstacles introduits par le Brexit. Le nouvel accord UE–R.-U. couvre les pêches, les échanges énergétiques, les normes vétérinaires pour l’agriculture, ainsi que la coopération en matière défense et de sécurité. Il vise à réduire certains coûts liés à la conformité réglementaire et aux contrôles frontaliers, et pourrait offrir certains avantages pour ces secteurs. Bien que d’autres rapprochements avec l’UE sont probables, nous estimons qu’il est peu probable que l’accord ait une incidence marquée sur la croissance globale à court terme du Royaume-Uni.

Le défi de la Banque d’Angleterre

Si le gouvernement est réticent à mettre en œuvre des mesures de stimulation budgétaire, la Banque d’Angleterre est tout aussi prudente quant à un assouplissement trop rapide de sa politique monétaire. L’inflation globale est demeurée obstinément supérieure à la cible de 2 %, s’élevant à 3,4 % sur 12 mois en mai. Par conséquent, la Banque d’Angleterre agit de façon prudente depuis qu’elle a commencé à abaisser son taux en juillet 2024, l’ayant réduit à seulement 4,25 % par rapport à son sommet de 5,25 %.

D’autres réductions sont probables plus tard cette année et l’an prochain, selon nous. Les intentions d’embauche des entreprises ont diminué et diminueront probablement davantage, ce qui pourrait freiner la croissance des salaires et, par conséquent, atténuer l’inflation globale au deuxième semestre de l’année. Les marchés s’attendent à trois autres réductions de taux au cours des 12 prochains mois, ce qui porterait le taux final à 3,5 %, mais d’autres réductions sont possibles si le marché de l’emploi s’affaiblit considérablement.

Occasions de valeur

Malgré le contexte macroéconomique difficile, nous croyons qu’il existe certaines occasions au Royaume-Uni pour les investisseurs. L’indice FTSE All-Share se négocie à un ratio cours/bénéfice prévisionnel de 13,2, soit nettement en dessous de son ratio médian cours/bénéfices par rapport aux marchés développés mondiaux, même en tenant compte des différences entre les secteurs. Certaines actions britanniques à grande capitalisation de qualité se négocient à escompte par rapport à leurs concurrentes étrangères et représentent une occasion intéressante pour les investisseurs mondiaux qui cherchent à diversifier leurs placements, selon nous. Nous privilégions également les titres financiers dont les valorisations sont attrayantes, en raison de leurs rendements élevés pour les actionnaires au moyen de dividendes et de rachats d’actions.

Du côté des titres à revenu fixe, même si les préoccupations budgétaires et les attentes d’une inflation persistante ont incité les investisseurs à exiger des taux de rendement plus élevés pour les obligations à long terme, nous croyons que le taux des obligations d’État britanniques à 10 ans de 4,6 %, ce qui est supérieur à la moyenne depuis le début de l’année, est attrayant. Nous avons également un penchant pour les obligations d’État à court terme.

En ce qui concerne les obligations de sociétés, nous sommes d’avis que les écarts de taux ne compensent pas adéquatement le risque de crédit des autres secteurs, en particulier dans celui des obligations à rendement élevé. Nous décelons de la valeur dans les obligations bancaires de premier rang à courte duration, ainsi que dans les secteurs de la consommation de base et des communications.


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