L’évolution en montagnes russes des marchés boursiers : Comment se porte votre digestion ?

Analyse
Perspectives

Le marché boursier américain a entraîné les investisseurs sur une montagne russe, ce qui a rendu certains d’entre nous nerveux. Nous discutons de ce qui a mené à la remontée, des risques persistants et du potentiel du marché à partir de maintenant.

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22 mai 2025

Kelly Bogdanova
Vice-présidente et analyste de portefeuille
Services-conseils en gestion de portefeuille – États-Unis

Après avoir plongé de 18,9 % en raison des importants tarifs douaniers, l’indice S&P 500 a progressé de 19,7 % du 8 avril au 19 mai, après leur suspension. Depuis, au milieu de la séance du 22 mai, les tarifs avaient fondu dans une certaine mesure, mais demeurent supérieurs aux niveaux d’avant l’imposition de tarifs importants et sont maintenant à 4,5 % sous leur sommet historique atteint à la mi-février.

Une telle remontée sur une si courte période ne s’est pas produite depuis le rebond qui a suivi la phase la plus aiguë de la crise pandémique de mars 2020. Cette remontée a éclipsé une remontée semblable qui s’est produite immédiatement après le creux de la crise financière mondiale en mars 2009.

Si vous avez souffert d’un mal des transports en cours de route, c’est compréhensible, mais nous espérons que l’ascension rapide du marché a apporté un certain soulagement.

Ce qui s’est produit lors de la folle remontée

Le marché s’est redressé principalement parce que l’administration Trump a fléchi à deux reprises concernant des tarifs très élevés : d’abord, lorsqu’elle a mis sur pause pour 90 jours les très élevés tarifs douaniers réciproques le 9 avril, puis lorsqu’elle a temporairement réduit les tarifs douaniers de la Chine, les faisant passer de 145 % à 30 %, et la Chine a réagi de façon semblable le 12 mai.

Nous doutons que des tarifs douaniers très élevés soient à nouveau imposés à la majorité des principaux partenaires économiques des États-Unis, car une coalition unique qui s’oppose fermement aux tarifs douaniers élevés a effectivement mis son veto au plan initial de l’équipe Trump. Cette équipe disparate est composée d’investisseurs des marchés financiers – en particulier de grands investisseurs en titres du Trésor américain à l’intérieur et à l’extérieur du pays –, de dirigeants de grandes sociétés, dont des géants financiers et du commerce de détail, de dirigeants de petites sociétés, de lobbyistes d’entreprise, d’acteurs soutenant la politique étrangère bipartite de Washington et de gouvernements étrangers, y compris ceux des principaux alliés des États-Unis. Même un groupe diversifié de sénateurs républicains qui se sont inquiétés des répercussions possibles sur une élection de mi-mandat se sont joints à la mêlée.

L’estimation par Services économiques RBC du taux tarifaire moyen aux États-Unis, qui se situait à 24 % juste après l’annonce des très élevés tarifs douaniers réciproques, a fondu à 13 % à la suite du fléchissement de l’équipe de Trump quant aux tarifs douaniers.

Cette volte-face tarifaire a incité les économistes de Wall Street à revoir à la baisse leurs prévisions de stagflation et de récession.

Services économiques RBC a légèrement revu à la hausse ses prévisions de croissance du PIB pour l’ensemble de l’année 2025, les faisant passer de 1,0 % à 1,3 %, et a révisé à la baisse ses prévisions d’inflation. Selon ses projections, l’inflation des prix à la consommation de base (excluant les aliments et l’énergie) culminera à 3,3 % au troisième trimestre de 2025, ce qui est inférieur à la prévision précédente de 4,3 % au même trimestre.

Les données meilleures que prévu sur l’inflation en avril et, surtout, les bénéfices des sociétés supérieurs aux attentes au premier trimestre ont également dopé le marché.

De plus, la dynamique des opérations à court terme a été perturbée. L’important rebond initial en avril, combiné à la désescalade concernant les tarifs entre les États-Unis et la Chine en mai, a semblé susciter une grosse vague de couverture de positions vendeur parmi les fonds de couverture d’argent rapide. Nous avons également constaté que la mentalité « vendre américain » s’est considérablement dissipée, en particulier chez les investisseurs étrangers, et qu’elle a rapidement fait place à une peur de rater des occasions liées à la remontée des actions américaines.

Pourquoi la Dramamine est toujours de mise

Malheureusement, la saga entourant les tarifs douaniers n’est pas encore terminée. Le président a récemment indiqué que des précisions sur les taux tarifaires de plus de 100 pays sont à venir, et son équipe a envoyé des messages contrastés au sujet de la pause concernant les tarifs douaniers réciproques. Un cadre commercial et tarifaire durable avec la Chine doit encore être négocié, et il est possible que les États-Unis érigent d’autres barrières non tarifaires contre la Chine. Il reste aussi de nombreux détails commerciaux et tarifaires à régler avec l’UE, le principal partenaire commercial des États-Unis.

Si l’administration Trump revient à la ligne dure concernant ces éléments, nous pensons que la même équipe disparate opposée aux tarifs élevés se fera à nouveau entendre.

Toutefois, même si le taux tarifaire moyen aux États-Unis demeure près de 13 %, de nombreuses incertitudes demeurent quant aux conséquences des tarifs sur l’économie et les bénéfices des sociétés. Il s’agit du plus haut niveau tarifaire moyen depuis les années 1930 et d’un niveau nettement supérieur à celui de 2,4 % de 2024.

Eric Lascelles, l’économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs Inc., souligne que « la plupart des difficultés économiques associées aux tarifs ne se manifestent pas immédiatement ». Les risques de récession aux États-Unis se sont estompés, mais demeurent élevés (voir la page 3 pour en savoir plus). Il soutient également qu’il pourrait être raisonnable de supposer que l’incidence négative qu’une croissance inférieure du PIB exerce habituellement sur la croissance des bénéfices des sociétés pourrait être exacerbée par les tarifs douaniers.

De plus, selon nous, le projet de loi fiscal et budgétaire qui est actuellement à l’étude au Congrès laisse à désirer sur certains plans.

Nous pensons que le marché des titres du Trésor émet déjà des signaux d’alarme à l’égard des prévisions de déficit fédéral du projet de loi et qu’il examine la question du déficit budgétaire de beaucoup plus près que lors des années précédentes.

Le marché boursier semble voir plutôt d’un bon œil la prolongation des baisses d’impôt de 2017 de Trump, les mesures favorables aux sociétés et les nouvelles baisses d’impôt prévues dans le plan, il ne serait toutefois probablement pas à l’abri d’autres insatisfactions des marchés obligataires à l’égard des déficits budgétaires démesurés à l’avenir.

Lors d’un forum économique au Qatar, Steve Mnuchin, secrétaire au Trésor de Trump lors de son premier mandat, s’est exprimé ainsi : « Le déficit budgétaire me préoccupe davantage que le déficit commercial. J’espère donc que nous réduirons davantage les dépenses, ce qui est très important. »

Le moment est venu d’éliminer les actions non désirées

Lori Calvasina, chef, Stratégie sur actions américaines, RBC Capital Markets, LLC, a récemment reconnu que certains scénarios pourraient faire en sorte que l’indice S&P 500 termine l’année au-dessus de son cours cible actuel de 5 550. (Elle a réduit sa cible pour la deuxième fois cette année après l’annonce des importants tarifs douaniers réciproques le 2 avril et évalue actuellement ses divers modèles à la lumière des récents développements.) Cette cible est inférieure d’environ 5,4 % au niveau du marché au moment d’écrire ces lignes.

Calvasina souligne que certains de ses travaux de modélisation mis à jour indiquent que l’indice S&P 500 pourrait clore l’année entre 5 700 et 5 900. Ces données sont fondées sur l’amélioration des prévisions économiques et les estimations à jour des taux d’intérêt de Services économiques RBC à la suite du fléchissement quant aux tarifs douaniers, et intègrent une fourchette de projection des bénéfices de l’indice S&P 500 pour 2025 – constituée de sa propre estimation de 258 $ par action et de la prévision consensuelle de Bloomberg de 265 $ par action, entre autres mesures.

La fourchette de 5 700 à 5 900 représente des rendements à peu près stationnaires pour l’année et est assez conforme aux rendements annuels historiques médians pendant les périodes de faible croissance du PIB de 1,1 % à 2,0 %, selon les analyses de Calvasina et de son équipe.

Selon nous, la remontée, même si elle a noué l’estomac de certains, a été un cadeau. Nous recommandons de l’utiliser pour éliminer les placements en actions non désirés des portefeuilles.

Nos conseils en matière de positionnement global n’ont pas changé : selon nous, les niveaux d’incertitude élevés justifient de détenir des actions américaines dans les portefeuilles selon une pondération égale, mais pas supérieure, à celle du marché.


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