La vigueur de l’indice S&P 500 est attribuable à quelques titres seulement et cache les piètres rendements de la plupart des constituants. Quelles peuvent être les conséquences de ce phénomène sur les placements ?
8 juin 2023
Par Kelly Bogdanova et Ben Graham, CFA
Alors que nous sommes presque au milieu de l’année, le S&P 500 fait preuve d’une résistance étonnante malgré les multiples obstacles, comme les nombreuses hausses de taux de la Réserve fédérale dans un contexte d’incertitude économique, l’instabilité du système bancaire régional des États‑Unis ainsi que les prévisions des bénéfices des sociétés, qui diminuaient jusqu’à tout récemment.
Malgré cette solidité, la reprise du S&P 500 ne reflète pas forcément ce qui se passe dans les portefeuilles d’actions diversifiés.
L’explication tient au fait qu’un petit groupe d’actions, surtout liées aux secteurs des technologies (et que nous appelons les actions des « 7 grandes sociétés »), surclasse nettement l’indice global.
Il va sans dire qu’il s’agit d’un écart colossal.
Le graphique à barres montre le rendement de l’indice S&P 500 du début de l’année jusqu’au 7 juin 2023, selon quatre cas de figure. Les actions des sept grandes sociétés (Alphabet, Amazon.com, Apple, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla) ont gagné 69 % en moyenne. Le S&P 500 a progressé de 12 %. Lorsqu’on exclut Apple (la société la plus importante du S&P 500 selon la capitalisation boursière), l’indice a avancé de 10,6 %. Et lorsqu’on exclut les sept grandes sociétés, le rendement de l’indice s’établit à 2,5 %.
Nota : Les 7 grandes sociétés sont Alphabet (deux catégories d’actions), Amazon.com, Apple, Meta Platforms, Microsoft, NVIDIA et Tesla. L’abréviation « excl. » signifie « excluant ».
Sources : RBC Gestion de patrimoine, FactSet ; données prises en compte jusqu’au 7 juin 2023.
Ce phénomène a des répercussions démesurées sur le rendement du S&P 500, et ce, de deux manières.
En premier lieu, les valeurs marchandes (capitalisations boursières) des actions des 7 grandes sociétés sont importantes ou très importantes. Or, le S&P 500 est un indice pondéré en fonction de la capitalisation boursière, ce qui signifie que les actions à grande capitalisation ont un impact plus marqué sur les rendements de l’indice. Le rendement des 7 grandes sociétés influe donc évidemment davantage sur le S&P 500.
En second lieu, le S&P 500 se caractérise par une forte concentration actuellement. Selon les normes historiques, une part exceptionnellement élevée de la capitalisation totale du S&P 500 est attribuable aux actions à grande capitalisation de l’indice (parmi lesquelles figurent les actions de bon nombre des 7 grandes sociétés).
La combinaison de ces deux facteurs signifie concrètement que les actions des 7 grandes sociétés ont constitué une part écrasante des derniers rendements du S&P 500.
Les 7 grandes sociétés ont effectivement produit 84,1 % du rendement de 12 % enregistré depuis le début de l’année. Les autres actions du S&P 500, au nombre de 496, ne représentent qu’une maigre proportion (15,9 %) du rendement de l’indice jusqu’à présent cette année. Le diagramme circulaire illustre précisément de quelle manière les actions des 7 grandes sociétés influent sur l’indice global.
Le diagramme montre la part du rendement du S&P 500 depuis le début de l’année, hors dividendes, générée par les sept grandes sociétés par rapport au reste des 496 titres. Le rendement total en cumul annuel de l’indice est de 12 %. Apple a produit 18,7 % de ce rendement, Microsoft, 16,5 %, NVIDIA, 14,7 %, Alphabet, 10,1 %, Amazon.com, 8,8 %, Meta Platforms, 8,4 % et Tesla, 6,8 %. Ensemble, cela représente 84,1 % du rendement. Les autres actions du S&P 500, au nombre de 496, ne représentent qu’une maigre proportion, soit 15,9 %, du rendement jusqu’à présent cette année.
Le rendement total du S&P 500 depuis le début de l’année est de 12 %. Apple représente 18,7 % de ce rendement ; Microsoft, 16,5 % ; et ainsi de suite.
* Le S&P 500 compte actuellement 503 titres
En rétrospective, nous sommes d’avis qu’il existe des raisons logiques et valables expliquant pourquoi les 7 grandes sociétés ont surclassé le S&P 500.
Toutefois, d’après notre analyse, l’ampleur même de cette domination (rendement moyen de 69 % pour les 7 grandes sociétés comparativement à 2,5 % seulement pour le reste des sociétés du S&P 500) semble exagérée.
Durant la reprise, les valorisations des 7 grandes sociétés ont considérablement augmenté au point de frôler les sommets des deux dernières années par rapport au S&P 500. Nous estimons peu probable un maintien à long terme de la croissance ultrarapide des revenus et des bénéfices enregistrée jusqu’à présent par certaines des 7 grandes sociétés. Les grandes sociétés qui génèrent des bénéfices importants, même pendant quelques années, sont habituellement incapables de conserver ce rythme soutenu durant cinq ou dix ans.
La réponse directe à cette question dépend de la manière dont sont analysées les données.
Lori Calvasina, cheffe, Stratégie sur actions américaines, RBC Capital Markets, LLC, a étudié l’effet sur le S&P 500 des titres des dix sociétés les plus grandes selon la capitalisation boursière depuis 1990. Elle a découvert que les périodes de forte concentration (lorsque les actions les plus importantes représentaient la plus grande part de la capitalisation boursière du S&P 500) surviennent dans différents types de circonstances – parfois très difficiles pour le marché boursier, parfois non – et que ces épisodes ne donnent pas nécessairement d’indices sur le rendement à venir du marché.
Elle a écrit ceci : « Nous comprenons les risques logiques associés aux marchés concentrés et ceux dominés par une poignée de sociétés, mais nous ne sommes pas convaincus qu’il soit possible d’en tirer des conclusions quant au rendement futur. »
L’équipe de recherche de Bloomberg Intelligence a cependant décortiqué autrement les données et obtenu des résultats différents. Elle a analysé la concentration des cinq titres les plus importants du marché depuis 2000 et déterminé les rendements du S&P 500 sur des périodes mobiles postérieures de 12 mois.
Elle a découvert qu’au cours de l’année suivant les périodes marquées par la plus faible concentration, l’appréciation moyenne des titres du S&P 500 était de près de 14 %. Lorsque la concentration atteignait un sommet – comme c’est le cas actuellement –, elle a constaté que les rendements du S&P 500 étaient plus modestes, soit presque 6 %, au cours de l’année à venir.
En surface, le rendement total de 12 % du S&P 500 depuis le début de l’année semble excellent, mais il existe des courants de fond pouvant entraîner le rendement de nombreux portefeuilles en deçà de celui de l’indice.
À notre avis, même si de telles conditions peuvent persister dans le marché et causer bien du tort aux investisseurs ayant des portefeuilles diversifiés, il ne faut jamais oublier que les facteurs de rendement du marché boursier fluctuent avec le temps.
Nous estimons que la mise en œuvre d’un plan et le respect de ce plan dans des périodes comme celle‑ci sont essentiels.
Ainsi, lorsque les styles n’ayant plus la cote – qui occupent sans doute une place dans bien des portefeuilles actuellement – reviendront dans les bonnes grâces, les investisseurs en bonne position seront plus susceptibles de profiter des avantages s’étant peut‑être avérés insaisissables durant la présente période de domination d’une poignée de titres.
Nous observons d’ailleurs déjà des signes annonçant le début d’un élargissement du rendement du marché.
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