Récapitulatif de l’année 2023 : toute une surprise

Analyse
Perspectives

Contre toute attente, les difficultés attendues en 2023 sur les marchés boursiers se sont transformées en gains. Nous passons en revue cinq facteurs qui ont bouleversé le contexte de placement aux États-Unis.

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4 janvier 2024

Kelly Bogdanova
Vice-présidente et analyste de portefeuille
Services-conseils en gestion de portefeuille – États-Unis

Au début de 2023, le mot « récession » était sur toutes les lèvres. Dans la foulée d’une année 2022 difficile, où l’indice S&P 500 avait reculé de 18 %, de nombreux économistes s’attendaient à ce que l’économie américaine succombe à une récession en 2023 en raison du cycle de hausses de taux très énergiques de la Fed. Cela dit, les stratégistes des marchés estimaient que les difficultés étaient susceptibles de persister en ce qui concerne les actions.

La récession ne s’est pas produite, les grandes sociétés technologiques ont pris leur envol et l’indice S&P 500 a inscrit de solides gains de 24,2 % pour l’année (26,3 %, dividendes compris), ce qui est nettement supérieur au rendement des cours annuel moyen de 10,3 % depuis 1980.

À notre avis, l’année 2023 ne se résume toutefois pas à l’évitement d’une récession. Cinq facteurs ont fait grimper les actions américaines, et certains détails intéressants se trouvent dans nos graphiques.

L’indice S&P 500 a connu une année 2023 volatile, mais solide

Trajectoire de l’indice S&P 500 en 2023
  1. Les actions reculent, tandis que les taux des obligations du Trésor augmentent et que l’inflation demeure élevée. Crise des banques régionales en mars.
  2. Les actions remontent à mesure que les tensions entourant les banques régionales s’apaisent. Les taux des obligations du Trésor reculent et le taux d’inflation fléchit sensiblement.
  3. Les actions reculent, tandis que les taux des obligations du Trésor grimpent, le taux des obligations à 10 ans atteignant 4,99 % en octobre. Les craintes d’une paralysie du gouvernement alimentent les ventes massives.
  4. Les actions se redressent en prévision des réductions de taux de la Fed en 2024, la Fed se montrant plus conciliante, et alors que les taux des obligations et l’inflation fléchissent, et que l’espoir d’un atterrissage en douceur grandit.

Le graphique linéaire illustre la trajectoire de l’indice S&P 500 en 2023; des étiquettes de texte décrivent les baisses et les remontées au cours de l’année. Le marché est passé de 3 839 au début de l’année à 4 179 au début de février. Il a ensuite amorcé un repli, tandis que les taux des obligations du Trésor ont augmenté et que l’inflation est demeurée forte. La crise des banques régionales a éclaté en mars. Puis les actions ont remonté à mesure que les tensions entourant les banques régionales se sont apaisées. Les taux des obligations du Trésor ont reculé et le taux d’inflation a fléchi sensiblement. Cela a fait grimper le marché à 4 588 à la fin de juillet. Des ventes massives ont alors commencé, tandis que les taux des obligations du Trésor ont grimpé, le taux des obligations à 10 ans atteignant 4,99 % en octobre. Les craintes d’une paralysie du gouvernement ont alimenté les ventes massives. Le marché a reculé à 4 177 à la fin d’octobre. Il s’est ensuite redressé en prévision des réductions de taux de la Fed en 2024, la Fed se montrant plus conciliante, et alors que les taux des obligations et l’inflation ont fléchi, et que l’espoir d’un atterrissage en douceur a grandi. L’indice S&P 500 a terminé l’année à 4 769,83, en hausse de 24,2 %.

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg; données quotidiennes jusqu’au 31 décembre 2023. Le rendement de 24,2 % ne comprend pas les dividendes; le rendement incluant les dividendes est de 26,3 %.

Les actions des « 7 merveilles » axées sur l’intelligence artificielle ont mené le bal, mais le rendement est devenu plus diversifié au quatrième trimestre

Le groupe d’actions communément appelé les « 7 merveilles » a écrasé le reste du marché boursier américain en 2023, progressant de 105 % en moyenne. Ce groupe comprend Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon.com, NVIDIA, Tesla et Meta Platforms.

Il s’agit de sociétés très différentes, mais elles ont toutes profité des tendances de l’intelligence artificielle (IA) (et de l’engouement entourant ce thème), une technologie transformatrice qu’elles intègrent à leurs modèles d’affaires d’une façon ou d’une autre. (Pour en savoir plus sur l’IA, consultez l’article.)

Au cours des neuf premiers mois de l’année, les 7 merveilles ont généré environ 75 % des gains de l’indice S&P 500. Ces sociétés représentent 26 % de la capitalisation boursière de l’indice S&P 500, de sorte que leurs fluctuations ont une incidence majeure sur le rendement de cet indice de sociétés à grande capitalisation.

Les gains démesurés des 7 merveilles expliquent également en grande partie la progression de 43,4 % de l’indice composé NASDAQ en 2023 (44,6 %, dividendes compris), car ces actions se négocient à la bourse NASDAQ.

La bonne nouvelle est que le rendement du marché a commencé à s’étendre au-delà des 7 merveilles au quatrième trimestre. En plus du secteur de la technologie de l’information, les secteurs de l’immobilier, de la consommation discrétionnaire, de la finance et des produits industriels ont surpassé l’indice S&P 500 sur la base du rendement total entre la fin octobre et la fin de l’année.

Sur deux ans, les « 7 merveilles » ne sont pas si merveilleuses

Rendements de 2023 et le cumul des deux dernières années

Le graphique à barres montre les rendements de 2023 et le cumul des deux dernières années pour trois catégories. Rendements de 2023 : moyenne des 7 merveilles : 105,0 %; indice S&P 500 : 26,3 %; indice S&P 500 excluant les 7 merveilles : 14,7 %. Rendements cumulatifs sur 2 ans : moyenne des 7 merveilles : 6,6 %; indice S&P 500 : 3,4 %; indice S&P 500 excluant les 7 merveilles : 1,8 %.

Nota : Les « 7 merveilles » sont : Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon.com, NVIDIA, Tesla et Meta Platforms.

Sources : RBC Gestion de patrimoine, FactSet; données prises en compte jusqu’au 31 décembre 2023; les données représentent les rendements totaux (incluant les dividendes).

Le changement de cap de la Fed a joué un rôle clé

Le changement de position spectaculaire de la Fed – qui est passée d’un des cycles de hausses de taux les plus musclés de l’histoire à des prévisions de multiples réductions de taux pour 2024 – a dynamisé le marché boursier au quatrième trimestre et nous croyons qu’il s’agit là d’une des principales raisons pour lesquelles le rendement sectoriel est devenu moins concentré.

Non seulement d’autres secteurs à grande capitalisation ont remonté, mais les indices de sociétés à petite et à moyenne capitalisation se sont aussi fortement redressés à la fin de 2023. Les indices S&P 600 des sociétés à petite capitalisation et S&P 400 des sociétés à moyenne capitalisation ont bondi de 23,9 % et de 20,0 % respectivement entre la fin octobre et la fin de l’année. Même les actions de croissance à dividendes, qui avaient accusé un important retard pendant la majeure partie de 2023, ont progressé de 14,1 % durant la même période, selon l’indice de rendement total S&P 500 de dividendes Aristocrate.

Aux États-Unis, la plupart des principaux indices et styles ont enregistré des rendements supérieurs à la moyenne en 2023

Rendements totaux sur l’ensemble de l’année des principaux indices et styles (incluant les dividendes)

Rendement total (incluant les dividendes) pour 2023 de neuf grands indices et styles du marché américain

Le graphique linéaire représente le rendement total (incluant les dividendes) pour 2023 de neuf grands indices et styles du marché américain. NASDAQ : +44,6 %; moyenne Dow Jones des valeurs industrielles : +16,2 %; indice S&P 500 : +26,3 %; indice S&P 500 des titres de croissance : +30,0 %; indice S&P 500 des titres de valeur : +22,2 %; croissance des dividendes (indice S&P 500 des dividendes Aristocrate) : +8,4 %; indice des titres à petite cap. S&P 600 : +16,1 %; indice des titres à moy. cap. S&P 400 : +16,4 %; 60 % d’actions/40 % d’obligations : +15,6 %.

* Indice S&P 500 de dividendes Aristocrate (rendement total)

Sources : RBC Gestion de patrimoine et Bloomberg; données jusqu’au 31 décembre 2023.

Le recul de l’inflation et des taux des obligations du Trésor, le PIB plus vigoureux que prévu et l’optimisme à l’égard d’un atterrissage en douceur ont soutenu le rendement

Le taux d’inflation de la consommation est passé de 7,5 % au début de l’année à 3,1 % en novembre (les données de décembre seront publiées sous peu). Les taux des obligations du Trésor ont bondi en milieu d’année et les titres à 10 ans ont atteint un sommet de 4,99 % en octobre. Ils ont cependant reculé rapidement pour s’établir à 3,88 % à la fin de l’année, soit un peu plus qu’au début de l’année, la Fed étant devenue plus conciliante et d’autres réductions de taux ayant été prises en compte dans les prévisions relatives au marché obligataire. De plus, les prévisions consensuelles des économistes en matière de croissance du PIB en 2023 sont passées de seulement 0,3 % en janvier 2023 à 2,40 % à la fin de l’année.

Ces changements importants, combinés à la résilience du marché de l’emploi, ont stimulé l’optimisme des participants aux marchés quant à la possibilité d’un atterrissage en douceur.

Le marché a bondi malgré la faible croissance des bénéfices

Les bénéfices des sociétés de l’indice S&P 500 pour les trois premiers trimestres de 2023 étaient inférieurs de 1,6 % à ceux des trois premiers trimestres de 2022. Les bénéfices du quatrième trimestre n’ont pas encore été déclarés. Cependant, les prévisions consensuelles tablent sur une croissance nettement supérieure à celle de l’an dernier. Si elles se réalisent, nous croyons que la croissance des bénéfices pour l’ensemble de l’année 2023 sera d’au moins 4,0 % sur un an, une fois pris en compte les résultats supérieurs aux prévisions.

Comment le marché a-t-il pu se redresser aussi fortement en 2023 dans un contexte de croissance des bénéfices faible et inférieure à la moyenne? Habituellement, sur de courtes périodes, l’ampleur des gains du marché n’est pas étroitement corrélée avec la croissance des bénéfices. Mais à long terme, la relation entre ces deux éléments se resserre.

À notre avis, les participants aux marchés ont commencé à se tourner vers l’avenir, anticipant une hausse des bénéfices en 2024; cela explique également la remontée de l’ensemble du marché vers la fin de l’année. Selon nous, pour que ce scénario de hausse des bénéfices se concrétise, l’économie devra enregistrer une croissance raisonnable et un atterrissage en douceur favorable.

La crise des banques régionales est derrière nous

L’effondrement de la Silicon Valley Bank et d’autres banques régionales en difficulté a déclenché une crise en mars, retenant l’attention des investisseurs du monde entier. Toutefois, la crise a passé et le système bancaire régional a retrouvé son équilibre; ce groupe d’actions s’est stabilisé lentement et a ensuite remonté.

De plus, lorsque la Fed a adopté un ton conciliant et que la confiance à l’égard d’un atterrissage en douceur a augmenté, l’indice S&P 500 des banques régionales a progressé de 34,9 % entre la fin octobre et la fin de l’année, récupérant une partie des pertes subies durant l’année.

Tenez bon

Certains de nos graphiques montrent clairement que 2023 a été en grande partie un renversement de la piètre performance de 2022.

Pour certains secteurs, les rendements de 2023 sont presque le miroir de ceux de 2022

Rendements totaux de l’indice S&P 500 et des secteurs (incluant les dividendes)

S&P 500 and sector total returns (including dividends)
  • 2022
  • 2023

Le graphique à barres montre les rendements totaux de l’indice S&P 500 et de chaque secteur pour trois périodes : rendements cumulatifs sur 2 ans, rendements annuels de 2022 et rendements annuels de 2023. Toutes les données comprennent les dividendes. Les barres montrent des différences notables entre les rendements de 2022 et ceux de 2023 pour certains secteurs. Les rendements sont les suivants dans l’ordre : rendement cumulatif sur 2 ans, rendement de 2022 et rendement de 2023. S&P 500 : +3,37 %, -18,13 %, +26,26 %. Énergie : +63,08 %, -1,42 %, +65,43 %. Technologies de l’information : +13,34 %, -28,19 %, +57,84 %. Produits industriels +11,57 %, -5,51 %, 18,08 %. Finance : +0,25 %, -10,57 %, +12,27 %. Sois de santé : +0,06 %, -1,95 %, +2,06 %. Consommation de base : -0,11 %, -0,62 %, +0,52 %. Matières : -1,27 %, -12,28 %, +12,55 %. Services publics -5,63 %, +1,56 %, -7,08 %. Services de communications : -6,34 %, -39,89 %, 55,80 %. Immobilier : -17,15 %, -26,21 %, 12,10 %.

Secteur 2023 2022 Rendements cumulatifs sur 2 ans
Immobilier 12,10 % -26,21 % -17,15 %
Consommation discrétionnaire 42,30 % -37,03 % -10,39 %
Services de communications 55,80 % -39,89 % -6,34 %
Services publics -7,08 % 1,56 % -5,63 %
Matières 12,55 % -12,28 % -1,27 %
Consommation de base 0,52 % -0,62 % -0,11 %
Sois de santé 2,06 % -1,95 % 0,06 %
Finance 12,27 % -10,57 % 0,25 %
Produits industriels 18,08 % -5,51 % 11,57 %
Technologies de l’information 57,84 % -28,19 % 13,34 %
Énergie -1,42 % 65,43 % 63,08 %
S&P 500 26,26 % -18,13 % 3,37 %

Sources : RBC Gestion de patrimoine et Bloomberg; données jusqu’au 31 décembre 2023.

Selon nous, les rendements boursiers en 2024 dépendront principalement de la question à savoir si l’économie américaine succombera à une récession ou parviendra à opérer l’atterrissage en douceur tant espéré. La reprise de fin d’année donne à penser que ce dernier scénario l’emportera, mais il existe, selon nous, des risques que l’effet décalé de la campagne de hausses de taux énergiques de la Fed puisse, à tout le moins, freiner les dépenses de consommation et la croissance du PIB aux États-Unis au cours des prochains trimestres.

Nous maintenons une pondération égale à celle du marché pour les actions dans l’ensemble afin de tenter d’équilibrer les risques d’une récession aux États-Unis et la possibilité que celle-ci soit de nouveau évitée. Nous recommandons d’orienter les portefeuilles vers les segments de qualité supérieure du marché boursier, notamment vers les sociétés dotées d’un bilan résilient, de dividendes durables et de flux de trésorerie fiables.


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