Il y a trois ans, tous les indicateurs de la feuille de pointage sur la récession étaient au vert (expansion), ce qui nous donnait à penser que l’économie américaine était solide et disposait de beaucoup de marge de manœuvre pour la croissance à long terme. Toutefois, la situation est devenue nettement plus contrastée.
12 juin 2025
Jim Allworth Stratégiste, PortefeuillesRBC Dominion valeurs mobilières
Aujourd’hui, il ne reste qu’un seul indicateur au vert : les flux de trésorerie disponibles générés par les entreprises non financières. Les autres sont divisés également entre le jaune (prudent) et le rouge (récession).
Il y a eu une amélioration mineure ce mois-ci : le taux de chômage est passé du rouge au jaune. Dans l’ensemble, le changement le plus important des derniers mois a été l’incertitude croissante entourant la politique commerciale, qui pourrait faire en sorte que des tendances qui semblent bien ancrées aujourd’hui seront très différentes dans quelques mois.
Nous pensons que le contraste entre les divers indicateurs de la feuille de pointage justifie une approche de placement de portefeuille prudente dans un contexte où rien ne peut être tenu pour acquis.
État
Indicateur
Expansion
Neutre/prudent
Récession
Courbe des taux (titres du Trésor de 10 ans à 1 an)
Taux des fonds fédéraux et croissance du PIB nominal
Demandes de prestations d’assurance-chômage
Taux de chômage
Indice ISM des nouvelles commandes moins les stocks
Indice économique avancé du Conference Board
Flux de trésorerie de sociétés non financières
Source : RBC Gestion de patrimoine
L’inversion de la courbe des taux (taux d’intérêt à court terme supérieurs à ceux à long terme) a été un précurseur fiable d’une récession aux États-Unis depuis un siècle. La plus récente inversion (de juillet 2022 à octobre 2024) a été la plus longue jamais enregistrée, mais aucune récession ne s’est matérialisée.
Par le passé, une récession s’est souvent amorcé quelques mois après un retour à la normale de la courbe, mais après sept mois et plus, cette mesure commence à prendre de l’âge. Bien qu’il soit tentant de ramener l’indicateur au jaune (prudent), nous avons choisi de le laisser au rouge (récession) pour l’instant, en partie parce qu’une version de la courbe (le taux des fonds fédéraux par rapport au taux des obligations du Trésor à 10 ans) est à quelques points de base d’une nouvelle inversion.
Avant chaque récession, le taux des fonds fédéraux a toujours été supérieur au taux de croissance annualisé du PIB nominal (soit le PIB non ajusté en fonction de l’inflation). Cette situation s’est produite brièvement l’été dernier, juste avant que la Réserve fédérale américaine ne commence à réduire les taux. Cette condition est de nouveau présente avec le récent ralentissement de la croissance du PIB, ce qui confirme l’indicateur rouge (récession).
Les demandes de prestations d’assurance-chômage sont nettement supérieures à leur cycle et ont augmenté dans les dernières semaines, mais la hausse a été graduelle. Elles n’ont pas connu une flambée de plusieurs mois qui est habituellement précurseure d’une récession. Pour l’instant, la situation mérite tout au plus un indicateur jaune (prudent).
Le taux de chômage s’est élevé au-delà de son creux cyclique (de 3,4 % en avril 2023) juste assez pour justifier un indicateur rouge (récession). Toutefois, la hausse a été graduelle, alors qu’il faut habituellement une augmentation soutenue pour conclure qu’un tournant important s’est opéré dans les conditions de travail et qu’une récession est imminente. Par ailleurs, les demandes hebdomadaires, qui font généralement bondir le taux de chômage, demeurent limitées, comme nous l’avons indiqué ci-dessus. Nous ramenons donc cet indicateur au jaune (prudent), tout en étant conscients que la situation pourrait s’aggraver rapidement quand l’effet des tarifs douaniers se fera sentir.
Le sous-indice des nouvelles commandes de l’indice ISM du secteur manufacturier demeure suffisamment faible pour avoir fait passer au-dessous zéro pendant deux mois consécutifs la moyenne mobile sur trois mois de notre série. Cela suffirait habituellement à ramener cet indicateur au rouge. Toutefois, la politique tarifaire en montagnes russes des deux derniers mois pourrait fausser la donne et la situation pourrait changer rapidement. Si des données étaient de nouveau décevantes pour juin, cet indicateur retournerait au rouge (récession).
L’indice a plongé de 1 % en avril, après avoir reculé de 0,8 % en mars. Il a reculé au cours de 38 des 40 derniers mois et n’a jamais atteint de tels niveaux dans le passé sans qu’une récession ne survienne. Les indicateurs demeurent donc fermement au rouge.
Cette mesure de la capacité des entreprises non financières à financer une expansion de leurs capitaux a toujours diminué en pourcentage du PIB avant ou juste après le début d’une récession. Elle ne l’a pas encore fait pour le moment. Nous attendons les données du premier trimestre, qui ne seront pas publiées avant la fin de juin.
Le vert se fait rare aujourd’hui dans la feuille de pointage. Ce fait n’envoie pas nécessairement un message pessimiste quant à l’économie américaine ou aux marchés boursiers mondiaux. Mais il soutient qu’une expansion économique continue et ininterrompue ne doit pas être tenue pour acquise. Restez à l’affût.
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