L’équipe du programme Jeune pro aide les golfeurs canadiens à rejoindre les grandes ligues

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Mackenzie Hughes peut sans doute remercier ses parents de l’avoir traîné sur les terrains de golf plutôt que de retenir les services d’une gardienne et de l’avoir ainsi propulsé vers une carrière chez les pros.

Il avait sept ans lorsque ses parents ont commencé à pratiquer ce sport. « Il avait le choix entre me faire garder ou m’amener avec eux », raconte le jeune homme de vingt-cinq ans.

« Mon père m’a fabriqué un bois et un fer droit plus petits. Je m’installais au tertre de départ et frappais ma balle tout au long de l’allée jusqu’au vert, puis je la faisais rouler au fond de la coupe. Essentiellement, c’est comme ça que tout a commencé. »

Maintenant pro au sein de la formation de développement du circuit Web.com et sacré deux fois champions du Championnat canadien amateur masculin, Mackenzie Hughes utilise de meilleurs bâtons et donne de la distance à ses coups ces derniers temps. Mais il apprécie encore la valeur de l’aide qu’il reçoit, qu’elle arrive par hasard ou autrement.

Il figure parmi les six golfeurs sélectionnés pour faire partie de la Formation Jeune pro 2016 d’Équipe Canada , née d’un partenariat entre Golf Canada et divers partisans, notamment RBC, lequel partenariat vise à soutenir les jeunes golfeurs durant leur transition entre les rangs amateurs et professionnels.

Et devenir un golfeur professionnel, du moins de la trempe de ceux qui gagnent assez de prix en argent pour s’assurer un train de vie confortable une fois les frais associés aux circuits réglés, peut être un long voyage.

Même si des joueurs comme Rory McIlroy et Tiger Woods avant lui ont rajeuni la cohorte habituelle, il reste que le golf demeure un sport de personnes plus âgées. Les joueurs n’atteignent souvent pas leur meilleur niveau avant 30 ans et une bonne décennie dans l’âge adulte est ordinairement nécessaire pour parfaire leurs aptitudes. D’ici là, les golfeurs assument des frais de plus en plus élevés et parcourent d’innombrables kilomètres dans le but de rehausser sans cesse leur jeu dans un sport où chaque partie se joue en trois ou quatre heures.

« Sans exagérer, je dirais que chaque année un golfeur professionnel engage des frais variant de 50 000 $ à 70 000 $ », affirme Mackenzie Hughes. « Et si éventuellement ta femme et tes enfants voyagent avec toi, les dépenses ne cessent de grimper. »

Les dépenses peuvent sembler effrayantes pour un golfeur qui émerge d’un circuit amateur national ou universitaire, aux termes duquel tous les frais liés aux déplacements et à l’hébergement étaient absorbés, et toutes les ressources étaient mises à leur disposition.

« Nous passons énormément de temps sur la route », admet Sue Kim, qui fait aussi partie de la formation Jeune pro, et laquelle reconnaît avoir été « gâtée » durant sa carrière amateur auprès de l’université de Denver et au sein de l’équipe nationale canadienne.

« Pour ma part, ce fut vraiment difficile de faire le saut dans le circuit professionnel, car j’ai soudainement perdu tout le soutien dont je bénéficiais auparavant », explique-t-elle.

Actuellement sur le circuit Symetra, lequel vise à développer de jeunes talents en vue de la LPGA, Sue Kim a bien l’intention de revendiquer sa carte de la LPGA obtenue en 2014 et en 2015, avant que des blessures ont freiné son élan.

En attendant, sa vie se résume à parcourir des kilomètres, à contrôler son budget et à prendre du temps hors du parcours.

« La plupart des filles se rendent aux tournois en auto, question d’épargner un peu d’argent », ajoute Sue Kim. La jeune golfeuse arrive généralement dans la ville d’un tournoi une semaine à l’avance, elle étudie le parcours pendant deux jours et participe à la compétition Pro-Am qui précède la tenue du tournoi majeur.

« J’essaie de cerner autant que possible chaque parcelle du parcours de manière à être bien préparée pour les jours du tournoi, cherchant à déceler les meilleurs angles pour attaquer le vert », précise-t-elle.

Le soutien est plus qu’un simple engagement financier

L’aide financière fournie dans le cadre du programme Jeune pro couvre une partie des coûts, mais le principal avantage est l’accès à des entraîneurs, à un psychologue sportif, à une nutritionniste, à un service d’assistance voyage et à d’autres formes de soutien », souligne Derek Ingram, entraîneur auprès de Golf Canada.

« Il s’agit de l’un des constats que je fais le plus souvent en ce qui concerne les joueurs amateurs. Ils n’ont soudainement plus accès à la structure de soutien dont ils ont probablement bénéficié jusque-là ou qui doit vraisemblablement être en place lorsque l’on aspire à une carrière professionnelle », explique Derek Ingram, qui agit à titre d’entraîneur auprès de Golf Canada depuis 2000, et est entraîneur à temps plein de l’équipe masculine depuis 2011.

L’argent donne un coup de main, selon Derek Ingram, qui possède une connaissance réelle de la compétition. « Lorsque je jouais sur le circuit canadien vers l’âge de 16 ou 17 ans, il m’est arrivé de dormir quelques nuits dans mon auto. J’y voyais l’occasion d’éviter de payer 100 $ pour une chambre d’hôtel », raconte-t-il.

De telles situations ne sont pas chose courante de nos jours, mais elles surviennent encore, selon lui. C’est ce genre de pression qui convainc de nombreux jeunes joueurs de quitter ce sport malgré leur talent évident pour passer au niveau professionnel.

« Il y a beaucoup de bons joueurs qui abandonnent et ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas la persévérance nécessaire, le problème est qu’ils n’ont pas suffisamment d’argent pour continuer », dénonce-t-il.

« Le hic, c’est que devenir un bon joueur de golfeur prend du temps. Pour atteindre leur but, les jeunes joueurs doivent y consacrer un nombre incalculable d’heures », précise Derek Ingram.

Cet engagement de temps provoque de la fatigue et du stress et c’est pourquoi les psychologues sportifs sont devenus omniprésents dans les sports de haut niveau, tout comme les uniformes arborant des logos corporatifs.

La psychologue sportive Adrienne Leslie-Toogood offre ses services aux golfeurs faisant partie de la formation Jeune pro, les aidant à mieux gérer la pression qui augmente naturellement d’un cran lorsque l’on rejoint le circuit professionnel.

Ce passage peut nécessiter l’adoption d’une nouvelle stratégie mentale relative à la pratique du sport. « Nous savons qu’il est très, très important de se concentrer sur chacune des étapes du processus, plutôt que sur les résultats, ce qui peut s’avérer particulièrement difficile pour les golfeurs qui entrent dans le circuit professionnel », souligne-t-elle.

« Il est clair qu’un joueur qui passe d’une ronde à l’autre n’a pas le temps de récupérer et sans parler du fait que chaque tournoi comprend quatre rondes. Si vous n’avez pas le temps de récupérer et que votre sommeil est perturbé, vous serez assurément moins d’attaque au dernier jour du tournoi », soutient Adrienne Leslie-Toogood.

Les golfeurs et les entraîneurs sont soumis à une pression supplémentaire dernièrement parce que le golf fait son retour aux Olympiques cet été dans le cadre des Jeux de Rio.

David Agnew, qui est à la tête de RBC Gestion de patrimoine au Canada et président du conseil de la Fondation Golf Canada, affirme que le retour du golf aux Olympiques constitue l’une des principales raisons qui ont mené à la création du programme Jeune pro en 2014.

« En pensant aux Olympiques, nous nous sommes demandés comment nous pourrions épauler certains des jeunes aspirants golfeurs à y prendre part », commente David Agnew. « C’est ainsi que nous avons commencé à soutenir le programme Jeune pro… pour aider les prochaines générations de golfeurs à représenter le Canada. »

Outre Mackenzie Hughes et Sue Kim, les golfeurs Augusta James, Albin Choi, Corey Conners et Taylor Pendrith font également partie de la formation du programme Jeune pro cette année.

Pour ces golfeurs, l’objectif à court terme est d’obtenir une carte PGA ou LPGA, et après cela, de figurer régulièrement dans le tableau des meneurs, à l’instar de la Canadienne Brooke Henderson, une ancienne membre de la formation Jeune pro qui se classe actuellement parmi les dix golfeuses les mieux rémunérées de la LPGA.

Quel pourrait bien être l’objectif suivant ? « Mon but ultime est simplement de devenir la meilleure joueuse de golf canadienne au monde », a lancé Sue Kim.

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