Comment la technologie peut-elle aider à régler les problèmes liés aux soins de santé ?

Soins de santé
Perspectives

Le secteur des soins de santé est aux prises avec des problèmes chroniques en raison de la forte hausse des coûts et des difficultés d’accès aux services. Toutefois, le mariage de la santé et de la technologie offre une lueur d’espoir.

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Frédérique Carrier
Première directrice générale et chef, Stratégies
de placement - RBC Europe Limited

La hausse des coûts des soins de santé et l’accès inégal aux soins posent des problèmes généralisés et chroniques, surtout à l’heure où la population vieillit partout dans le monde et où les besoins médicaux deviennent encore plus criants. La demande de solutions en matière de soins de santé augmente au même rythme et semble peu susceptible de ralentir. L’alourdissement du fardeau des systèmes de soins de santé dans le monde ne peut durer.

Les technologies relatives aux soins de santé, soit la convergence des soins de santé et de la technologie, pourraient réduire les coûts et augmenter l’efficacité dans une large mesure. Nous croyons que ces deux facteurs seront grandement nécessaires pour assurer la durabilité des dépenses et rehausser la qualité des services de soins de santé fournis.

Résistance au changement

De nombreux secteurs, comme l’automobile et le divertissement, ont accueilli à bras ouverts l’ère numérique et se sont rapidement transformés, mais le secteur des soins de santé fait manifestement exception. Plusieurs barrières expliquent la lenteur à adopter les nouvelles technologies, qui entrave le changement : les exigences réglementaires strictes ; la nécessité d’établir un lien personnel et sûr entre le médecin et les patients ; la tendance naturelle des établissements de soins de santé à résister au changement, peut-être en raison de l’âge moyen relativement élevé des médecins ; les échecs passés dans la mise en œuvre de projets ambitieux en technologie de l’information.

Le Japon en est un bon exemple. Malgré sa réputation d’excellence en matière technologique, le Japon arrive en queue de classement pour la gestion et l’utilisation de données relatives aux soins de santé au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui regroupe principalement des pays riches. Le corps médical s’y oppose en raison de craintes en ce qui concerne la protection des renseignements personnels, tandis que le vieillissement de la population – dont plus du quart est âgé de plus de 65 ans, comparativement à 15 % aux États-Unis – représente aussi un obstacle. Pourtant, les conditions propices à l’implantation de la numérisation dans ce pays et ailleurs sont de plus en plus présentes.

Des changements nécessaires

La forte hausse des coûts est une raison de chercher à accroître l’efficacité de la prestation des soins de santé. Par ailleurs, selon l’OCDE, pas moins du cinquième des dépenses de santé est gaspillé, ce qui revient à dire que les mêmes services pourraient être fournis avec moins de ressources. Puisque la plupart des gouvernements des pays de l’OCDE assument jusqu’aux trois quarts des coûts de santé, un tel gaspillage compromet la viabilité financière des systèmes de soins de santé. De toute évidence, les incitatifs pour améliorer la situation sont nombreux.

Les dépenses de santé aux États-Unis sont bien supérieures à celles des autres pays, et elles augmentent
Dépenses de santé en pourcentage du PIB, de 1980 à 2019

Le graphique linéaire montre que le coût des soins de santé en pourcentage du PIB augmente partout, et que les États-Unis dépensent beaucoup plus (17 %) que leurs pairs dans ce secteur, comparativement à la Suisse, 12,2 % ; à l’Allemagne, 11,5 % ; à la France, 11,2 % ; à la Suède, 10,9 % ; au Canada, 10,8 % ; à la Norvège, 10,5 % ; au Royaume-Uni, 10,3 % ; aux Pays-Bas, 10 % ; et à l’Australie, 9,3 %.


É.-U., 17,0 %

Suisse, 12,2 %

Allemagne, 11,5 %

France, 11,2 %

Suède, 10,9 %

Canada, 10,8 %

Norvège, 10,5 %

R.-U., 10,3 %

Pays-Bas, 10,0 %

Australie, 9,3 %

Source : Données de l’OCDE sur la santé, OECD.Stat ; les données de 2019 sontprovisoires ou estimatives

Aux États-Unis, selon les Centers for Medicare and Medicaid Services (CMS), la contribution des pouvoirs publics aux coûts des soins de santé est moins élevée, les gouvernements fédéral et étatiques ne finançant que 37 % des dépenses annuelles de santé. En revanche, les compagnies privées d’assurance maladie, qui les financent à 34 %, et les personnes qui paient de leur poche (10 %) souhaitent réduire ces coûts et obtenir de meilleurs résultats sur le plan de la santé.

Les États-Unis se démarquent aussi du fait que les dépenses de santé équivalent à pas moins de 17 % du PIB du pays, alors que la moyenne pour les autres économies avancées avoisine 10 %. Il serait plus facile d’accepter cette situation si les résultats sur le plan de la santé étaient proportionnellement meilleurs. Mais comme l’illustre le graphique de la page suivante, à bien des égards, les résultats obtenus aux États-Unis font que ce pays se classe en queue de peloton parmi les membres de l’OCDE.

Il en résulte une dynamique intéressante : le pays de l’Oncle Sam est celui qui a le plus à gagner tant du point de vue de la réduction des coûts que de celui de l’amélioration des résultats. C’est aussi aux États-Unis que le secteur des entreprises de soins de santé est le plus diversifié. Si les mesures incitatives appropriées étaient mises en place, ce pays devrait être la source d’une grande partie des nouvelles technologies relatives aux soins de santé au cours de la prochaine décennie, et sa clientèle pourrait englober toutes les économies développées.

Les résultats aux États-Unis sont étonnamment médiocres, compte tenu du coût élevé des soins de santé
Résultats de certains pays de l’OCDE en matière de santé
Résultats en matière de santé Meilleur Pire États-Unis

Résultats médiocres en matière de santé aux États-Unis

Espérance de vie à la naissance (années)

Suisse : 83,6

États-Unis : 78,6

Taux de suicide (décès pour 100 000 habitants), 2016

Royaume-Uni : 7,3

États-Unis : 13,9

Adultes atteints de pathologies chroniques multiples* (%), 2016

Pays-Bas : 14 %

États-Unis : 28 %

Taux d’obésité (%)

Suisse : 11,3 %

États-Unis : 40 %

Médecins en exercice pour 1 000 habitants, 2018

Norvège : 4,8

États-Unis : 2,6

Taux de survie au cancer du col de l’utérus (%)

Norvège : 73,3 %

États-Unis : 62,6 %

Mortalité évitable** (décès pour 100 000 habitants), 2017

Israel: 127

Hongrie : 387

262

Bons résultats en matière de santé aux États-Unis

Adultes de 65 ans et plus vaccinés (%)

Royaume-Uni : 73 %

Norvège : 34 %

68 %

Femmes âgées de 50 à 69 ans ayant subi un dépistage du cancer du sein (%)

Suède : 90 %

Suisse : 49 %

80 %

Taux de survie au cancer du sein (%)

États-Unis : 90,2 %

Royaume-Uni : 85,6 %

* Les « pathologies chroniques multiples » sont définies comme étant au moins deux des affections suivantes : douleurs articulaires ou arthrite ; asthme ; diabète ; maladie cardiaque ; hypertension/tension artérielle élevée. ** La « mortalité évitable » correspond aux décès qui seraient évités par prévention ou traitement grâce à un accès rapide à des soins de santé efficaces et de qualité.

Source : Statistiques de l’OCDE sur la santé 2019

Un changement se dessine

Nous voyons apparaître un nouveau modèle dans lequel les patients sont les principaux décideurs en matière de soins de santé ; il remplace le modèle traditionnel de prise de décisions par les médecins et les sociétés pharmaceutiques. Cette transformation a été rendue possible par les récents progrès dans les domaines des mégadonnées et de l’intelligence artificielle (IA). De grandes sociétés technologiques et des entreprises en démarrage étonnamment bien financées entrent désormais en concurrence avec les sociétés établies. Les analystes du secteur des soins de santé à RBC Marchés des Capitaux signalent que les premières tirent parti de liquidités globales de 500 milliards de dollars inscrites à leur bilan, soit plus du double comparativement à l’ensemble des 20 plus grandes sociétés mondiales de soins de santé ; pour leur part, les secondes profitent d’investissements du secteur privé qui augmentent à un rythme record : plus de 9 milliards de dollars ont été mobilisés rien que pendant les neuf premiers mois de 2020, dans un contexte de pandémie.

Ce nouveau modèle gagnait en vigueur lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé. Tandis que les hôpitaux refusaient des patients qui avaient besoin d’autres traitements et que le confinement imposait des changements dans notre mode de vie, les tendances se sont enracinées. Alors que le monde revient à la normale, nous croyons que certains changements mis en œuvre par les professionnels de la santé durant la pandémie persisteront, particulièrement en ce qui concerne les consultations externes de routine et le traitement de maladies infectieuses, comme la grippe. Grâce aux soins à distance, les personnes atteintes de la grippe représenteront un risque moindre pour les autres patients et pour le personnel médical. Par ailleurs, la façon dont les consommateurs choisissent leurs services de santé et de bien-être change pour de bon.

L’évolution dans ce domaine a attiré l’attention des organismes de réglementation, qui la soutiennent de plus en plus. L’an dernier, en raison des ravages causés par la COVID-19, les CMS ont annoncé que le programme Medicare des États‑Unis, qui s’adresse à plus de 60 millions de personnes âgées, autorisera les consultations virtuelles. Au Canada, le système à payeur unique permet désormais le remboursement des consultations téléphoniques aux médecins de famille.

En septembre 2020, la Food and Drug Administration des États-Unis a annoncé le lancement d’un centre d’excellence pour la santé numérique. Axée sur les produits de santé numériques, comme des applications pour les téléphones intelligents, des produits portables et des traitements par logiciel, cette initiative s’inscrit dans un effort de modernisation des politiques, approches réglementaires et outils en matière de services de santé numériques.

Forte croissance attendue dans tous les segments au cours des cinq prochaines années
Occasions dans les segments de la santé numérique de 2020 à 2025

Graphique circulaire montrant les données du marché total de la santénumérique en 2020 de 27,3 milliards de dollars.

Marché en 2020 : 27,3 G$



Thérapies numériques sur ordonnance, 2,5 G$

Découverte de médicaments grâce à l’IA, 0,4 G$

Télésanté, 15,0 G$

Appareils portables, 9,4 G$

Graphique circulaire montrant les données du marché total de la santénumérique en 2025 de 92,2 milliards de dollars (estimation).

Marché en 2025 : 92,2 G$



Thérapies numériques sur ordonnance, 10,2 G$

Découverte de médicaments grâce à l’IA, 2,6 G$

Télésanté, 45,8 G$

Appareils portables, 33,6 G$

Sources : RBC Marchés des Capitaux et RBC Gestion de patrimoine

Le nouveau visage des soins de santé

Dans son rapport de la série « Imagine 2025 » intitulé « Digital Health—Hitting Fast Forward » (essor rapide des services de santé numériques), RBC Marchés des Capitaux détermine les principales occasions dans le domaine des technologies relatives aux soins de santé. La valeur combinée de ces marchés, qui était de quelque 27 milliards de dollars en 2020, devrait bondir à environ 92 milliards de dollars en 2025, soit une croissance de plus de 25 % par année.

Télésanté

Utilisation des technologies de télécommunications, comme le téléphone, les liens vidéo et l’Internet, pour pratiquer la télémédecine (services cliniques, comme des visites médicales et les soins à distance aux patients) et offrir des services non cliniques (administration, formation, etc.)

La télésanté représente peut-être la plus importante occasion qui s’offre au secteur des soins de santé. Elle vise à rehausser la qualité, l’aspect pratique et l’efficacité des soins, tout en réduisant les coûts.

La technologie de vidéoconférence, qui est devenue partie intégrante de notre quotidien durant la pandémie, est un exemple de télémédecine. Cette approche permet de gagner du temps par rapport aux services traditionnels en personne et exige moins de personnel, ce qui libère des ressources.

De toute évidence, les visites chez le médecin ne pourront ou ne devraient pas toutes être remplacées par des vidéoconférences. Une communication virtuelle ne peut remplacer complètement les relations interpersonnelles au cours desquelles on peut observer d’importants signaux non verbaux, manifester de l’empathie et établir un lien de confiance. La télémédecine a toutefois un rôle important à jouer.

En avril 2020, les auteurs d’une étude de McKinsey estimaient que plus de 20 % des consultations externes pourraient être effectuées de façon virtuelle. Cette estimation prend en compte l’hypothèse selon laquelle 20 % de toutes les visites à l’urgence, 24 % des visites aux bureaux de soins de santé et 35 % des consultations à domicile pourraient être remplacées par des solutions virtuelles. Selon RBC Marchés des Capitaux, de 35 % à 40 % des soins médicaux et de 75 % à 80 % des consultations liées à la santé comportementale ou mentale pourraient un jour avoir lieu virtuellement.

En ce qui concerne les services non cliniques, grâce à l’utilisation de l’IA et à l’intégration de diverses sources de données, la télésanté peut être utile dans une variété de domaines, notamment :

  • Le triage ou l’évaluation des patients, qui sont ensuite dirigés en fonction du niveau de soins requis
  • La simplification des tâches administratives grâce à l’intégration des rendez-vous dans les systèmes de planification et à la connexion aux dossiers médicaux électroniques, aux réseaux d’ordonnance électronique ainsi qu’aux systèmes de facturation, d’où l’automatisation d’un certain nombre de processus manuels
  • La prestation de soins grâce à l’intégration des dossiers médicaux électroniques, qui donne un meilleur aperçu de l’état de santé des patients et permet aux médecins de contrôler des appareils du côté des patients (stéthoscopes numériques, caméras à distance et autres dispositifs de diagnostic), ce qui permet d’élargir l’éventail de données physiologiques pouvant être recueillies et évaluées rapidement, sans qu’il soit nécessaire de se déplacer
  • L’accès à un bassin plus profond de fournisseurs de soins de santé grâce à la création de vastes réseaux d’experts médicaux, ce qui pourrait accroître la qualité des soins en mettant les clients en lien avec des spécialistes presque partout dans le monde

L’environnement concurrentiel de la télésanté évolue rapidement. Au cours des 18 derniers mois, certains nouveaux venus ont fait une entrée remarquée, notamment Amazon et son service Amazon Care, programme pilote offrant des soins en personne ou de façon virtuelle. En outre, de nombreux fournisseurs s’emploient à accroître leur envergure. Ainsi, à la fin de 2020, Teladoc, société américaine offrant des solutions virtuelles de soins de santé, et Livongo, entreprise de santé numérique axée sur le diabète et l’hypertension, ont fusionné à la suite d’une transaction évaluée à 18,5 milliards de dollars. Par ailleurs, certaines grandes compagnies d’assurance prennent des mesures pour intégrer un plus grand nombre de ces fonctions. Par exemple, en février 2021, Cigna a annoncé la conclusion d’une entente pour l’achat de MDLIVE, fournisseur de services et de logiciels de prestation de soins de santé en ligne pour les patients, les hôpitaux, les employeurs et les compagnies d’assurance.

La télésanté ne se limite pas à la télémédecine

Télésanté

Services cliniques

  • Télémédecine : soins prodigués à distance au patient

Services non cliniques

  • Triage
  • Intégration des dossiers médicaux
  • Contrôle par le médecin d’appareils chez le patient
  • Création de vastes réseaux de spécialistes
  • Formation d’infirmiers et de médecins

Source : RBC Gestion de patrimoine

Appareils portables

Dispositifs qui permettent de recueillir des données en temps réel détaillées et fréquentes de patients entre leurs visites au cabinet du médecin, et possiblement en remplacement des consultations en personne

Après avoir consulté un médecin, le patient doit souvent se soigner lui-même. Selon le groupe de réflexion américain RAND Corporation, ce scénario est beaucoup trop fréquent, étant donné que 60 % des Américains éprouvent aujourd’hui au moins un problème de santé chronique, soit une affection qui dure au moins un an et qui exige un suivi ou un traitement continuel.

Les patients deviennent des consommateurs habilités et repèrent des façons nouvelles et plus efficaces de se soigner. L’apparition d’appareils portables est alimentée par les récents progrès technologiques. Conjointement aux progrès réalisés dans le traitement de données et l’IA, les appareils portables procurent aux patients une intervention proactive pour détecter les signes avant-coureurs de maladie et les aider à prévenir les problèmes de santé ou empêcher que ceux-ci ne s’aggravent.

Cette technologie comprend non seulement les appareils servant à recueillir les données, mais aussi les outils qui permettent de regrouper toutes les données pertinentes, ainsi que le logiciel qui les analyse et détermine la meilleure marche à suivre.

Les appareils portables vont des produits grand public aux dispositifs plus spécialisés, mais ils ont tous pour but de recueillir et d’évaluer les données.

Ainsi, dans certains pays, la montre Apple Watch devient l’un des premiers dispositifs grand public liés aux soins de santé, car elle peut réaliser un électrocardiogramme (ECG) mobile. La montre peut faire savoir à l’utilisateur que son rythme cardiaque est irrégulier, ce qui peut provoquer une insuffisance cardiaque, et elle peut même appeler les services d’urgence si elle détecte une chute soudaine et que l’utilisateur n’annule pas l’alerte dans un délai donné. La montre surveille aussi les niveaux de saturation en oxygène du sang, et d’autres fonctions sont en cours d’élaboration.

Pour ce qui est des appareils spécialisés, plusieurs exemples nous viennent à l’esprit. Le patch Zio est un moniteur qui adhère à la poitrine du patient comme un pansement adhésif. Conçu par le fabricant d’appareils médicaux iRhythm, le patch recueille des données pendant une période allant jusqu’à 14 jours et enregistre des millions de battements de cœur du patient. iRhythm a recours à des algorithmes d’apprentissage machine pour traduire les données en un rapport de dix pages qui peut aider les cardiologues à établir un diagnostic.

La société privée TytoCare a mis au point des appareils connectés pour l’établissement de diagnostics, y compris des stéthoscopes, des abaisse-langues et des thermomètres, grâce auxquels les fournisseurs de soins de santé peuvent effectuer des examens médicaux virtuels exhaustifs. Conçus pour être utilisés à la maison, ces appareils permettent aux médecins d’examiner à distance le cœur, les poumons, la gorge et la peau du patient, et de vérifier sa température corporelle.

Certains composants des téléphones intelligents, comme l’écran, le microphone et l’accéléromètre (le capteur qui suit différents mouvements, comme les secousses, les basculements et les balancements), peuvent aussi servir à obtenir et analyser des données sur le patient, ce qui aide les médecins à prendre des décisions. Ainsi, le microphone d’un téléphone intelligent permet d’effectuer des auto-examens à distance et d’analyser les fonctions corporelles, comme la toux, pour déceler des signes de pneumonie.

Thérapies numériques sur ordonnance

Interventions fondées sur des logiciels et des données probantes visant à prévenir, à gérer ou à traiter un problème d’ordre médical, et non pas simplement à évaluer ou à surveiller une affection ou à transmettre des données au médecin

Ces appareils sont considérés aux États-Unis comme des appareils médicaux de catégorie II, et ils nécessitent une approbation réglementaire pour appuyer les allégations de risque et d’efficacité des fabricants. Comme leurs coûts peuvent être remboursés par l’assurance maladie ou par Medicare/Medicaid aux États-Unis, ils diffèrent des applications de suivi du bien-être ou des applications axées sur le mode de vie, qui exigent généralement un abonnement payant de leurs clients.

Prenons l’exemple de l’appareil de Propeller Health, qui est relié à l’inhalateur d’asthme d’un patient. Les capteurs font le suivi de l’utilisation des médicaments et transmettent les données à une application installée sur le téléphone intelligent de l’utilisateur. Selon l’entreprise, l’application peut, au fil du temps, enregistrer les tendances d’aggravation et d’utilisation de médicaments, et donc aider le patient à gérer ses symptômes et à déceler les facteurs déclencheurs de son mal. Propeller produit également des rapports dont peuvent se servir les médecins pour ajuster les plans de traitement.

Les thérapies numériques sur ordonnance peuvent régler un grand nombre de problèmes de santé et aider à prévenir, à gérer ou à traiter un problème médical
  • Logiciels et matériel pour atténuer l’asthme et la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive)
  • TDAH : logiciel de stimulation sensorielle adaptatif par expérience de jeu vidéo
  • Trouble du sommeil : recours à des techniques de thérapie cognitivo-comportementale*
  • Santé comportementale des enfants : diagnostics numériques exploitant l’IA
  • Douleur chronique : offre numérique d’exercices, de traitements et d’éducation
  • Commotion : outil d’intervention d’entraînement cognitif chez les patients
  • Diabète de type 2 : calcul de la dose d’insuline
  • Programmes personnalisés de prévention du diabète et d’autres maladies chroniques
  • Traitement des troubles cognitifs causés par une maladie neurologique
  • Autogestion du diabète, de l’hypertension et de l’obésité
  • Traitement ambulatoire pour abus d’alcool ou de drogues

*La thérapie cognitivo-comportementale aide les gens à concevoir d’autres façons de penser et de se comporter pour réduire la détresse psychologique.

Sources : DTx Alliance, RBC Marchés des Capitaux et RBC Gestion de patrimoine

Découverte de médicaments grâce à l’IA

IA qui aide à concevoir plus rapidement et à moindre coût des médicaments innovants, tout en augmentant les taux de réussite

Les coûts de la mise au point traditionnelle des médicaments, qui vont de 500 millions à 3 milliards de dollars, s’expliquent par le taux d’échec élevé. L’échéancier de plus de dix ans fait également de la mise au point des médicaments une entreprise risquée. Les chercheurs ne suivent donc que les voies les plus prometteuses, délaissant des projets à l’égard de produits pouvant être en demande, mais pas assez pour justifier les coûts de mise au point des médicaments.

L’IA se révèle particulièrement efficace dans ce domaine, compte tenu de la nature itérative de la mise au point des médicaments. L’utilisation de l’IA et d’autres outils numériques peut notamment rendre les essais cliniques plus efficaces, augmenter la cadence des inscriptions et accroître la mobilisation et le maintien des patients, ce qui contribue à réduire les coûts et à rehausser les taux de réussite.

L’utilisation de l’IA pour la mise au point de médicaments est encore toute nouvelle, même si les réussites sont déjà nombreuses. La collaboration entre les grandes sociétés pharmaceutiques et les grandes sociétés technologiques dans ce domaine a permis de valider le concept, mais beaucoup des plateformes émergentes basées sur l’IA doivent encore faire leurs preuves. RBC Marchés des Capitaux prévoit un afflux continu de capitaux dans cette catégorie au moment où les dépenses en R et D et les rendements des investissements sont intenables.

Croissance à long terme

La société semble désormais accepter le rôle crucial de la technologie en matière de prestation des services de santé. Pourtant, les technologies relatives aux soins de santé ont encore du chemin à faire avant de devenir un facteur mondial qui réduira les coûts et améliorera les résultats. De nombreux systèmes de soins de santé ne sont pas numérisés, et les questions de sécurité, de confidentialité et de piratage ne peuvent pas être écartées. La numérisation nécessite par ailleurs la mise en place de réseaux à large bande qui fonctionnent bien. Or, bien des régions n’en possèdent pas encore, même dans les pays développés. De nombreux pays développés, dont le Japon et l’Italie, placent la numérisation au centre de leurs plans d’investissement, mais beaucoup de pays émergents n’ont tout simplement pas les moyens financiers de le faire. En outre, ces appareils technologiques sont en général extrêmement coûteux. Ils sont donc inaccessibles pour bien des gens et peuvent ne pas convenir à ceux qui sont peu à l’aise avec la technologie.

Le système traditionnel semble néanmoins s’écrouler et la situation ne s’améliorera probablement pas avec le vieillissement de la population mondiale. Les technologies ne se répandront sans doute pas dans le monde du jour au lendemain, mais elles continueront de gagner du terrain, surtout aux États-Unis, où les retombées seront vraisemblablement les plus grandes. RBC Marchés des Capitaux estime que les sociétés de soins de santé qui offrent de plus en plus de services numériques verront leurs valorisations augmenter au fil du temps, ce qui permettra de réduire leur écart avec les sociétés technologiques.

Nous acquerrons stratégiquement des positions liées aux technologies des soins de santé au sein des portefeuilles, étant donné que la demande et les innovations technologiques devraient renforcer les tendances de croissance à long terme dans ce domaine dans un avenir prévisible.

Annexe : La vaste offensive des grandes sociétés technologiques dans le domaine des soins de santé
Société Initiatives notables Catégorie

Alphabet

Verily Life Sciences : Société de sciences biologiques indépendante née de Google X en 2015. Elle offre diverses solutions axées sur des données, que ce soit pour la recherche, les soins ou l’innovation. Ses projets vont de la collecte de données à grande échelle à la recherche et au développement portant sur une maladie en particulier.

R et D

Calico : Société de recherche et développement qui se spécialise dans les maladies associées au vieillissement. Son portefeuille comprend plus de 20 composés aux stades précliniques précoce et avancé pour traiter le cancer, les affections neurologiques et l’homéostasie et la réparation tissulaires.

R et D

Google Health : Groupe plus ou moins défini au sein d’Alphabet qui se spécialise dans les outils cliniques et de recherche visant à améliorer les soins aux malades, souvent à l’aide de l’intelligence artificielle.

Autres : Alphabet compte d’autres produits et services directement ou indirectement liés aux soins de santé, dont Dr. Google (outil de recherche en ligne), Google Cloud et Fitbit.

Diagnostics et appareils portables, gestion des affections chroniques

Amazon

PillPack : Acquise en 2008 pour environ 750 millions de dollars, PillPack est une pharmacie en ligne qui offre des services complets. Elle permet ainsi à Amazon de prendre pied dans l’industrie, tout en évitant les obstacles opérationnels et réglementaires associés à l’établissement d’une pharmacie postale à partir de zéro.

Pharmacie en ligne

Amazon Care: Projet pilote lancé en 2019 pour offrir des soins de santé aux employés d’Amazon dans la région du Grand Seattle. Le projet est qualifié de « première étape » pour recevoir des services virtuels et en personne. Il existe des programmes semblables ailleurs, mais Amazon Care est plus « externe » que ses pairs, ce qui laisse croire qu’une expansion est possible dans le futur.

Télésanté, prestation de soins

Haven Healthcare: Il s’agit d’une coentreprise sans but lucratif entre Amazon, Berkshire Hathaway et JPMorgan Chase, dont la mission est d’améliorer la satisfaction de leurs employés et de réduire les coûts des soins de santé payés par ceux qui sont aux États-Unis.

Modèles de fournisseurs et de payeurs

Apple

Apple Watch permet à Apple de recueillir une énorme quantité de données, lui conférant ainsi un avantage concurrentiel considérable. La montre intelligente est capable de vérifier la fréquence cardiaque en détectant la quantité de sang qui circule dans le poignet de l’utilisateur. De plus, sa couronne numérique peut mesurer les signaux électriques du coeur à l’aide de l’application ECG (électrocardiogramme). De concert avec des partenaires comme Stanford Medicine et Johnson & Johnson, Apple fait de la recherche dans certains domaines comme la santé des femmes et l’audiologie.

R et D

ResearchKit est un cadre qui permet aux chercheurs et aux développeurs de créer des applications pour faire avancer la recherche médicale, par exemple pour détecter l’autisme chez les enfants en offrant aux parents des outils de dépistage à utiliser à la maison, ou encore pour détecter les mélanomes aux stades précoces à l’aide d’un algorithme basé sur des dizaines de milliers d’images (celles des participants à qui l’on propose de prendre une photo d’un grain de beauté et d’en suivre l’évolution).

Applications

Facebook

L’outil Preventive Health de Facebook met les utilisateurs en relation avec des ressources de santé et leur propose de faire les examens recommandés par des organismes reconnus, comme la Société américaine du cancer. L’outil fournit une liste de recommandations personnalisées en fonction de l’âge et du sexe de l’utilisateur. L’utilisateur peut afficher les détails de chaque examen recommandé, cocher ceux qui ont été faits et trouver des endroits où les passer.

Télésanté

Sa division Oculus produit des casques de réalité virtuelle. Ils sont utilisés principalement pour jouer à des jeux en mode numérique, mais ils pourraient être utiles en santé, notamment pour la formation médicale (ex. simulation d’interventions chirurgicales). Par exemple, Oculus fait équipe avec l’Hôpital pour enfants de Los Angeles afin de créer des simulations qui plongeront les étudiants en médecine et les professionnels de la santé dans des situations de traumatologie pédiatrique à risque élevé.

Télésanté

Microsoft

Microsoft Cloud for Healthcare est une gamme d’outils infonuagiques conçus spécialement pour le secteur des soins de santé. Son but est de faciliter tout ce qui a trait à la sécurité, à la conformité, à l’accessibilité et à l’interopérabilité des données. Voici ses principaux objectifs : 1) accroître la mobilisation des patients grâce à des plans de soins personnalisés ; 2) renforcer la collaboration entre équipes avec la plateforme Microsoft Teams, dont l’appli Microsoft Bookings, qui aide les fournisseurs à prévoir, à gérer et à réaliser des visites virtuelles sur Teams ; 3) améliorer les renseignements cliniques et opérationnels en utilisant des processus automatisés pour analyser les données (par exemple, Swedish Health Services a utilisé les applications de Microsoft Power pour créer une solution capable de surveiller les fournitures médicales essentielles) ; et 4) fournir un outil extrêmement sûr basé sur l’infonuagique pour communiquer de l’information sur les patients.

Télésanté

Sources : RBC Marchés des Capitaux et RBC Gestion de patrimoine


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