Qu’est-ce que la technologie durable ?

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Les entreprises à l’avant-garde de la conception de solutions technologiques pour s’attaquer aux problèmes de durabilité pourraient offrir d’intéressantes occasions de placement à long terme.opportunities.

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Frédérique Carrier
Première directrice générale et chef, Stratégies
de placement - RBC Europe Limited

Le présent article porte sur l’importance de la durabilité du point de vue des placements. Il met en lumière certaines technologies et innovations susceptibles de contribuer à réduire les plus grandes menaces qui planent sur la viabilité de l’économie mondiale. Selon nous, les entreprises à l’avant-garde de la conception de solutions technologiques pour s’attaquer aux problèmes de durabilité pourraient offrir d’intéressantes occasions de placement à long terme.

Technologies vertes

Technologies écologiques qui visent à réduire les émissions de GES

Notre article sur les changements climatiques avait pour objet diverses technologies émergentes utilisées dans des immeubles pour réduire fortement la consommation de combustibles fossiles. Nous avons mis en lumière la technologie d’énergie géothermique, qui tire profit de la stabilité des températures souterraines pour le chauffage et la climatisation d’immeubles.

Les technologies vertes regroupent aussi les véhicules électriques ainsi que l’écosystème qui les entoure, notamment les batteries, les pièces et les semi‑conducteurs. Selon un rapport de Deloitte Insights publié en 2020, les véhicules électriques représentaient 2,5 % des ventes mondiales de voitures neuves en 2019. La société prévoit une croissance moyenne de 29 % par année des ventes de véhicules électriques au cours de la prochaine décennie. Ceux-ci devraient représenter un peu plus de 30 % des ventes de voitures neuves d’ici 2030, compte tenu de l’élargissement de la gamme de modèles offerts, de la réduction des coûts liés aux batteries, ainsi que d’un meilleur accès à des infrastructures de recharge publiques et domestiques abordables. Les différences régionales qui apparaîtront dépendront de l’engagement des gouvernements à investir dans les infrastructures liées aux véhicules électriques et à offrir des incitatifs fiscaux et en espèces. Deloitte prévoit qu’en 2030, les véhicules électriques amèneront 48 % des ventes de voitures neuves en Chine et 42 % en Europe, mais moins (14 %) aux États-Unis.

Parmi les autres industries recourant aux technologies vertes, mentionnons la production d’énergie éolienne et solaire, ainsi que la mise au point de batteries pour emmagasiner l’électricité générée par ces sources d’énergie intermittentes – le vent ne souffle pas constamment et le soleil ne brille pas toujours – alors que la demande d’électricité est relativement plus stable. Selon la Energy Information Administration (EIA) des États-Unis, l’énergie éolienne représentait plus de 8,8 % de l’électricité totale générée aux États-Unis en 2020, tandis que la part de l’énergie solaire était de seulement 2,3 %. Ensemble, ces deux sources d’énergie apportaient environ 10 % de toute l’électricité produite aux États-Unis. La EIA prévoit que la part de toutes les énergies renouvelables (y compris l’hydroélectricité) dans la production d’électricité aux États-Unis doublera, passant de 21 % actuellement à 42 % d’ici 2050, et que cette croissance sera en grande partie attribuable aux énergies éolienne et solaire.

Selon la Fuel Cell & Hydrogen Energy Association, l’hydrogène, une autre source d’énergie propre, pourrait contribuer à répondre à 14 % de la demande d’énergie aux États-Unis d’ici 2050, ce qui est loin d’être négligeable. L’attention accordée à l’hydrogène a surtout porté sur les applications dans les transports – automobiles, poids lourds, locomotives, navires, et même les avions –, mais il faudra surmonter certains obstacles technologiques avant d’en réaliser le potentiel. Cependant, certaines applications sont actuellement possibles dans les domaines du raffinage du pétrole (en remplacement du gaz naturel) et de la fabrication d’acier (en remplacement du charbon cokéfiable). Elles suscitent déjà des investissements importants des grandes sociétés de ces secteurs.

Les secteurs de la fabrication de ciment et de la production d’acier sont les deux grands groupes industriels qui émettent le plus de GES. Le bois d’ingénierie, un autre produit issu des technologies vertes, est utilisé pour remplacer le ciment et l’acier dans la construction de grands immeubles – l’un d’eux, en Norvège, compte 18 étages.

Certaines solutions reposant sur des technologies vertes s’attaquent aussi à la gestion des déchets, notamment le recyclage effectué par des robots. Ceux-ci sont devenus de plus en plus populaires après que la Chine a interdit l’importation de déchets plastiques en 2018, alors que depuis 30 ans, elle importait près de la moitié des déchets plastiques recyclables de la planète. Cette interdiction a donné le coup d’envoi à des innovations ailleurs dans le monde afin de traiter efficacement ces déchets à la place de la Chine. Ainsi, des robots dotés de l’intelligence artificielle sont en mesure non seulement de trier les déchets, mais aussi d’en retirer les composantes recyclables et d’en évaluer la pureté. Il s’agit de données utiles pour recycler efficacement ces matériaux.

Technologies agricoles et alimentaires

Solutions de développement et de livraison de produits alimentaires couvrant un éventail d’activités allant de la ferme à la table

L’agriculture tire déjà profit de l’adoption croissante de techniques respectueuses des sols, comme les semis directs et la culture de couverture. La technologie GPS rend possibles une gestion plus précise des terres et l’utilisation réduite d’intrants (engrais, pesticides et carburant). Cette industrie demeure cependant l’une des plus importantes sources d’émissions de GES.

Les solutions technologiques dans ce domaine pourraient répondre aux quatre menaces susmentionnées, tout en s’attaquant au défi de nourrir une population mondiale croissante. Depuis les années 1950, la consommation de protéines en Chine a été multipliée par cinq, alors que la population du pays a doublé. Grâce aux technologies agricoles et alimentaires, il est possible de produire des denrées alimentaires protéiques de façon durable.

Les innovations en agriculture, comme le développement de l’agriculture verticale, nouveau processus agricole qui utilise des systèmes de production superposés, permettent de produire une quantité équivalente ou supérieure de denrées, mais nécessitent beaucoup moins de terre. De plus, ce type d’activité agricole peut être utilisé à proximité des villes, ce qui réduit les besoins de transport. Les technologies qui permettent les cultures nécessitant moins d’eau peuvent aussi aider à atténuer les pénuries d’eau, tandis que les cultures hydroponiques ont recours à peu ou pas de sol.

Les technologies alimentaires ont favorisé le développement de produits à base de plantes, ce qui réduit directement les émissions de GES (les bovins génèrent une quantité appréciable de méthane), de même que la création de sources de protéines grâce à des processus utilisant beaucoup moins d’eau. Le United States Geological Survey estime que la production d’un hamburger d’un quart de livre (113 grammes) requiert 460 gallons d’eau (environ 1 750 litres). D’autres sources de protéines n’en requièrent que la moitié.

Grâce à d’autres aspects des technologies alimentaires, comme la traçabilité des aliments pour une livraison juste à temps, il est possible de réduire les stocks et, par conséquent, de produire moins de déchets et d’émissions de GES. Le Fonds mondial pour la nature estime que le tiers des aliments sont jetés ; lorsqu’ils pourrissent, ils génèrent du méthane.

Les technologies agricoles peuvent aussi favoriser les progrès sociaux, étant donné que des pratiques agricoles plus efficaces peuvent contribuer à accroître le niveau de vie des agriculteurs, en particulier dans les pays en développement, et ainsi permettre la planification familiale et réduire les pressions migratoires.

Technologies financières

Mise au point d’applications qui peuvent renforcer l’autonomie économique de populations n’ayant pas accès à des services bancaires

Selon la Banque mondiale, en 2017, un peu plus de 1,7 milliard de personnes dans le monde n’avaient pas accès à des services bancaires. Ce nombre a fort probablement baissé, mais ce problème est particulièrement criant dans les pays à faible revenu. Les pays riches eux-mêmes ne sont pas complètement à l’abri d’une telle situation. Selon la Federal Deposit Insurance Corporation, en 2019, 7,1 millions de ménages n’avaient toujours pas accès à des services bancaires aux États-Unis, soit un pourcentage non négligeable (5,4 %) des ménages dans ce pays.

Près de la moitié des adultes qui n’ont pas accès à des services bancaires habitent sept pays, mais ce phénomène n’est pas observé uniquement dans les pays émergents
Distribution mondiale des adultes ne possédant pas de compte bancaire, 2017

Bangladesh: 3 %

Chine: 13 %

Inde: 11 %

Indonésie: 6 %

Mexique: 3 %

Nigeria: 4 %

Pakistan: 6 %

Reste du monde: 54 %

Source – Global Findex database

Les solutions de technologies financières, notamment la chaîne de blocs et les nouveaux systèmes de paiements électroniques, font partie des nouvelles technologies susceptibles d’améliorer l’accès aux services bancaires et au crédit. M-Pesa, le système de paiement alimenté par messages texte qui a tout d’abord été lancé au Kenya en 2007, en est un bon exemple. Grâce à ce service, l’utilisateur peut envoyer et retirer des fonds au moyen d’un téléphone mobile de base. Dix ans après son lancement, ce service était utilisé par 30 millions de clients dans dix pays ; au Kenya, plus de 95 % des ménages possèdent au moins un compte M-Pesa. La Banque mondiale est d’avis que M-Pesa a fait progresser l’autonomie financière des femmes en les aidant à prendre en main leurs revenus, et qu’il a favorisé le démarrage d’entreprises.

Technologies relatives aux soins de santé

Mise au point d’appareils, de médicaments et de systèmes pour améliorer la qualité de vie

Le vieillissement des sociétés, la hausse des coûts des soins de santé et l’accès inégal à ceux-ci sont des problèmes généralisés. L’accès insuffisant à des soins adéquats est souvent imputable à l’absence de diagnostics fiables, ainsi qu’à du matériel, des médicaments ou des médecins de piètre qualité. En réduisant les coûts et en augmentant l’efficacité, la télémédecine et les diagnostics numériques peuvent améliorer l’accès à certains de ces services.

La capacité de rassembler, lire et interpréter des données à distance, et d’assurer un diagnostic d’expert à un patient d’une collectivité mal desservie ou en milieu rural, peut grandement améliorer les conditions de vie de nombreuses personnes, tant dans les pays émergents que développés. Dans ces derniers, les praticiens qui offrent des consultations en télémédecine sont en mesure non seulement d’établir un diagnostic, mais aussi de prescrire des médicaments aux patients en raison de la popularité croissante des téléphones intelligents et des appareils portables.

La chirurgie à distance peut aussi améliorer l’accès aux soins de santé pour les personnes vivant dans des régions éloignées. Elle met en jeu un système robotique relié à Internet pour la réalisation d’interventions chirurgicales de plus en plus complexes. Grâce à cette technologie, il est possible d’éviter de longs et coûteux déplacements en ambulance ou en hélicoptère et, ce faisant, d’accélérer le traitement.

Villes intelligentes

S’attaquer aux changements climatiques, aux pénuries d’eau potable, à la gestion des déchets et même favoriser les progrès sociaux

Les villes intelligentes peuvent contribuer à atténuer les effets néfastes de l’urbanisation sur l’environnement et à améliorer la qualité de la vie en milieu urbain. Les infrastructures, les services (y compris les services publics), les logements et plus encore sont reliés par l’intermédiaire de l’Internet des objets et de la technologie 5G dans les villes intelligentes, qui ont recours aux technologies d’intelligence artificielle pour optimiser la circulation des biens et des personnes. Grâce à la connectivité, ces villes sont en mesure d’optimiser la gestion des déchets et la consommation d’eau, et de gérer plus efficacement la circulation afin d’accroître la sécurité publique.

Ainsi, de nombreuses villes installent déjà des capteurs sur les poubelles afin de prévenir les autorités lorsque celles-ci sont pleines, ce qui permet de déployer plus efficacement les camions servant au ramassage des ordures. Si l’intelligence artificielle est déjà utilisée pour gérer la circulation, une amélioration de la connectivité permettrait de réaliser plus de progrès à ce chapitre.

Grâce à des capteurs dans les réseaux d’égouts, il est possible de surveiller les niveaux d’eau et d’alerter les gestionnaires d’une fuite possible, ce qui leur permet de rediriger au besoin les eaux usées afin d’éviter des inondations. Ces technologies peuvent prévenir des pertes économiques et contribuer à protéger les moyens de subsistance.

Les solutions de gestion de stationnement offrent un autre moyen d’accroître la productivité. Dans certaines villes, les gens ont la possibilité de réserver une place de stationnement au moment même où ils prennent un rendez-vous ou font une réservation, de sorte qu’ils ne perdent pas de temps et ne gaspillent pas d’essence à chercher où garer leur voiture. Si aucune place n’est libre, ils peuvent modifier leurs projets en conséquence afin d’utiliser plus efficacement leur temps.

À l’échelle mondiale, l’Asie mène le bal pour la création de villes intelligentes grâce à des centres de haute technologie en Chine, notamment à Shenzhen, Shanghai et Guangzhou. Cependant, les pays occidentaux adoptent de plus en plus ces technologies. Singapour occupe aussi un rang très élevé dans ce classement en raison de l’intégration de l’Internet des objets dans la mobilité et les transports, les soins de santé et la sécurité publique, combinée à une administration publique fortement numérisée.

Mot de la fin

Au cours des prochains mois, nous nous pencherons en détail sur chacun de ces thèmes liés aux technologies durables. À mesure qu’apparaîtront des technologies visant à rendre notre monde plus durable, les entreprises à l’avant-garde de la conception de solutions technologiques pour s’attaquer aux problèmes de durabilité pourraient, selon nous, offrir d’intéressantes occasions de placement à long terme.

Les placements dans les entreprises et les secteurs axés sur l’innovation et les nouvelles technologies peuvent fluctuer fortement. L’intégration de ces thèmes peut comporter un risque supérieur à la moyenne et devrait être considérée dans le cadre d’un portefeuille bien diversifié.

À notre avis, les occasions à long terme qu’offrent ces thèmes devraient contribuer au rendement à long terme des portefeuilles des investisseurs qui sont en mesure de supporter un risque supérieur.


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