Pour souligner le 150e anniversaire de RBC, revenons sur les moments marquants de son histoire et de celle des Services de gestion de patrimoine, depuis leurs débuts modestes à Halifax.
« Rien ne vaut une bonne histoire. » RBC vous présente la sienne à l’occasion de ses 150 ans d’existence. De l’initiative d’un petit groupe de commerçants du port d’Halifax et jusqu’à l’ascension au rang de banque internationale d’envergure comptant des actifs et des employés partout dans le monde, le parcours de RBC prouve bien que la réalité dépasse souvent la fiction.
L’histoire exceptionnelle de cette institution bancaire est également source de précieux enseignements. Il faut voir comment la banque a réussi à croître malgré ses débuts très modestes et à traverser certaines des plus grandes épreuves de notre histoire moderne (deux guerres mondiales et la Grande Dépression, entre autres) ; son récit intimement lié à celui de la naissance de notre pays.
Selon Davina Boulton, responsable des services de référence et du capital intellectuel de RBC, « l’étude du passé peut nous aider à mieux comprendre le présent ».
Voici donc quelques moments marquants des 150 dernières années de RBC.
1864: La Merchants’ Bank – nom original de RBC – est fondée sur le front de mer d’Halifax. Elle offre du crédit aux commerçants qui y font de l’importation et de l’exportation. Parmi les huit membres fondateurs, on retrouve des personnalités locales comme Thomas Kinnear, Edward Kenny et William Cunard.
La table autour de laquelle se réunissaient les membres du conseil d’administration à cette époque existe toujours, fait remarquer Elizabeth Court, responsable actuelle des acquisitions et des avoirs du service central des archives de RBC. Cette table a été remisée dans les bureaux de la haute direction de la Place Ville-Marie à Montréal. Elle porte une plaque commémorative, mais n’est cependant pas accessible au public.
1869: La Merchants’ Bank of Halifax obtient une charte fédérale, peu après la Confédération du Canada en 1867. Les premières années, le conseil d’administration se divise entre ceux qui sont tournés vers les Maritimes et ceux qui croient au potentiel de ce nouveau pays qu’est le Canada. Les billets, les dépôts et les comptes courants de la banque totalisent alors un montant de 500 000 $.
1870: Notre pays encore jeune se dote d’une Loi sur les banques afin, essentiellement, de mettre sur pied un système opérationnel à l’intention de ses institutions financières. Cette loi sera ensuite modifiée et remodelée tous les dix ans pour s’adapter à un environnement en constante évolution.
1880: La Banque de Montréal, première banque du pays, a longtemps été considérée comme le principal établissement financier canadien. À cette époque, BMO possède plus de 22 % de l’actif bancaire total canadien, comparativement à un maigre 1,5 % pour la Merchant’s Bank. La population de Montréal, que l’on estime à 200 000 personnes, éclipse également celle d’Halifax qui se chiffre alors à 40 000 âmes.
1882: La modeste banque d’Halifax s’aventure au-delà des frontières du pays avec une présence à Hamilton, dans les Bermudes, en 1882, ainsi qu’à la Havane, à Cuba, et à New York, aux États-Unis, en 1899.
1891: Selon le registre de cette année-là, le premier don de la Banque Royale, d’un montant de 250 $, est remis à un fonds de secours pour les victimes d’un accident à la mine Springhill. C’est le premier d’une longue et impressionnante série d’actions de citoyenneté d’entreprise .
1899: Edson Pease devient le premier directeur général de la banque, un homme que l’archiviste Elizabeth Court décrit comme un véritable pionner et comme l’une des figures historiques les plus marquantes de RBC. « C’est sous sa direction que la banque passera de petite entreprise régionale à un établissement bancaire d’envergure nationale ».
1901: Les dirigeants de la Merchant’s Bank en faveur d’une expansion vers l’ouest remportent leur pari au sein du conseil d’administration. On change donc l’appellation de la banque pour la remplacer par un nom plus inclusif : la Banque Royale du Canada. À cette période, RBC compte des succursales d’un océan à l’autre ; quelques succursales doivent d’ailleurs être ouvertes en Colombie-Britannique pour répondre aux besoins découlant de la ruée vers l’or du Klondike.
1902: Le secteur bancaire demeure la chasse gardée des hommes, mais une première femme fait son entrée à la Banque Royale cette année-là. Il s’agit de Jennie Moore, secrétaire à la succursale de Vancouver, en Colombie-Britannique.
1903: La première succursale de Toronto, ville en plein essor, ouvre ses portes au coin des rues Yonge et Wellington. Ce n’est toutefois pas la première succursale de la Banque Royale en Ontario, puisqu’une succursale est ouverte à Ottawa depuis 1899.
1907: Le centre névralgique du secteur financier de notre jeune pays se situe alors rue Saint-Jacques, à Montréal. La banque déménage officiellement son siège d’Halifax à Montréal. Peu après, en 1911, elle affichera son premier bénéfice annuel de un million de dollars.
1912: Le livre bien connu de Stephen Leacock, Sunshine Sketches of a Little Town, est publié. L’un des personnages principaux du récit s’inspire d’un employé de la Banque Royale : George Rapley de la succursale d’Orillia, en Ontario.
1914 : La Première Guerre mondiale change pour toujours le visage de la population active. Entre 1914 et 1918, 1 495 employés de la Banque Royale auront rejoint les forces armées. De ce nombre, 191 mourront au combat. Afin de bien se représenter l’ampleur du sacrifice de ces jeunes hommes, il faut savoir que l’effectif total de la banque s’élevait à 2 832 employés en 1914. Par conséquent, un grand nombre de femmes sont embauchées pour travailler à la banque, ce qui contribue au virage social majeur auquel on assiste alors.
1918: L’expansion qui suit la fin du conflit armé donne lieu à l’ouverture des succursales de Barcelone, en 1918, et de Paris, en 1919. Bientôt, des succursales ouvrent également leurs portes au Brésil et en Argentine, en 1919, de même qu’en Colombie et au Pérou.
1925: L’ère des fusions bat son plein, dirigée par Edson Pease, et des établissements comme l’Union Bank of Canada et la Northern Crown Bank sont acquis. À ce moment, la Banque Royale du Canada possède 18,7 % de l’actif bancaire canadien et compte des succursales dans 801 localités du pays. Elle représente le plus grand établissement bancaire du Canada.
1929: L’actif de la Banque Royale atteint un milliard de dollars, mais la Grande Dépression frappe les États-Unis. En 1930, au décès d’Edson Pease, Morris Wilson prend les rênes de la direction dans une période qui s’avérera très tumultueuse.
1929: La Collection d’œuvres d’art RBC est mise sur pied. Modeste au début, elle compte actuellement 4 500 œuvres exposées dans les bureaux de RBC au Canada, à New York et à Londres.
1933: À la suite de la faillite de nombreuses banques chez nos voisins du Sud, la Banque Royale du Canada frôle l’insolvabilité en 1932 et en 1933. Le total de ses actifs chute à 729 millions $, et la Banque de Montréal redevient la première banque du pays. À la fin de la Grande Dépression, quelque dix ans plus tard, on constate qu’aucune banque canadienne n’a fait faillite.
1940: La Seconde Guerre mondiale et l’économie de guerre ressuscitent l’activité du pays, mais apportent leur lot de sacrifices. En cinq ans, l’actif de la Banque Royale passe de 955 millions $ à 2 milliards $. Toutefois, plus de 2 300 employés de la banque rejoignent les troupes. De ce nombre, 200 ne reviendront pas des champs de bataille. Le président de la Banque, Morris Wilson, participe aussi à l’effort de guerre en s’assurant que les approvisionnements en ressources essentielles atteignent bien le continent européen.
1947: La Banque Royale est le premier commanditaire de l’Association olympique canadienne. Ce sera la plus longue commandite des Jeux olympiques de toute l’histoire du Canada.
1955: Les années fastes qui suivent la Seconde Guerre mondiale transforment le pays et son économie. En seulement dix ans, la Banque Royale accueille un million de nouveaux déposants, ce qui représente au total plus de 2,5 millions de comptes. Sous la direction de Jimmy Muir, l’établissement bancaire fait son entrée sur le marché des prêts hypothécaires aux particuliers. En 1958, la Banque Royale possédera 38 % de l’ensemble des prêts hypothécaires du pays.
1960: Le boom économique se poursuit. La Banque affiche maintenant quelque trois millions de comptes de particuliers et 4 milliards $ en dépôts. Elle possède le quart du marché de tout le secteur bancaire canadien. W. Earle McLaughlin, autre figure majeure pour la croissance de l’établissement, prend la relève de Jimmy Muir à la présidence.
1961: Après l’invasion ratée de la « Baie des Cochons », la Banque Royale joue un rôle plutôt curieux. Dans un contexte où des troupes ont été faites prisonnières à l’étranger et où les communications sont interrompues entre les États-Unis et Cuba, des employés de la Banque Royale jouent les intermédiaires en négociant la liberté des soldats contre des médicaments et de la nourriture.
1961: La Banque Royale est la première au Canada à se doter d’un ordinateur, soit un IBM 1401. Utilisé pour la comptabilité, il occupe une pièce entière. Plus tard, en 1967, il exécutera la première opération bancaire informatique au Canada : un dépôt.
1962: La Banque Royale joue un rôle clé dans la construction du premier gratte-ciel au Canada : la Place Ville-Marie, à Montréal. L’immeuble devient son siège social et est encore aujourd’hui un lieu d’importance.
1967: L’Expo 67 de Montréal marque l’entrée dans l’âge adulte de toute une nation. La révision de la Loi sur les banques mise en œuvre cette année-là révolutionne le secteur bancaire. Il n’est plus question de plafond de six pour cent sur les prêts bancaires, les hypothèques sont désormais plus accessibles, et de nouveaux produits, comme les cartes de crédit, les prêts à la consommation et les fonds communs de placement deviennent monnaie courante.
1968: Georgette St-Cyr est la première femme nommée directrice de succursale à la Banque Royale (Place Longueuil de Montréal, au Québec). La même année, RBC lance sa campagne publicitaire mettant en vedette « Mary », la caissière. D’abord présentée à la radio, ensuite dans la presse écrite et à la télévision, Mary devient pendant un certain temps la porte-parole la plus en vue du pays.
1972: Des guichets « Bankette », ancêtres du guichet automatique moderne, sont installés dans 14 succursales de Toronto. À la même période, la Banque Royale bonifie largement son offre de carte de crédit, gagnant au passage plus de 570 000 clients avec son produit « Chargex ». La marge de crédit personnelle de ce produit novateur est de 300 $.
1976: L’immeuble Royal Bank Plaza ouvre ses portes à Toronto, marquant la montée en importance de la ville comme carrefour financier. Certains services essentiels du siège social, comme celui des Placements, des Marchés monétaires internationaux et du Marketing des services aux entreprises quittent Montréal pour s’installer à Toronto.
1979: Suzanne Labarge devient la première femme à faire partie de la haute direction, à titre de directrice générale adjointe, Prêts internationaux. Le plafond de verre se fissure encore un peu avec la nomination de Gwyn Gill, en 1984, au poste de vice-présidente, Planification et développement de l’organisation. Elizabeth Court souligne que ce mouvement vers la reconnaissance et la promotion des femmes au sein de l’établissement, notamment la création d’un groupe de travail à ce sujet, s’amorce sous la gouverne de Rowland Frazee.
1980: W. Earle McLaughlin peut se féliciter de la période de croissance fulgurante enregistrée par la Banque ; son actif de 4 milliards $ en 1960 totalise maintenant 62 milliards $. En outre, la Banque est passée de 1 000 succursales en 1960, à 1 592 dans le monde entier en 1980. L’année 1981 marque le lancement de la technologie Libre-service Royal qui étend le concept de guichet automatique à l’échelle nationale. En une seule année, 400 guichets automatiques sont mis en service.
1986: Le ministre des Finances, Michael Wilson, entame une période de déréglementation des services financiers visant à faire tomber les murs entre les banques de détail et les maisons de courtage. En acquérant Dominion Securities, en 1987, la Banque Royale peut désormais répondre aux besoins de sa clientèle en matière de placements, une véritable révolution dans le secteur.
1991: La Banque Royale devient la première banque canadienne à recevoir l’approbation réglementaire pour s’adonner à des activités de prise ferme de titres de société aux États-Unis par l’intermédiaire de sa filiale de courtage, RBC Dominion Valeurs mobilières .
2001: Afin d’illustrer ses nouvelles ramifications dépassant largement les frontières du Canada, la Banque modifie son image de marque, et l’établissement de même que ses secteurs d’activité sont désormais rassemblés sous le nom de RBC Groupe Financier.
2005 et 2009: Le secteur financier est secoué par une série d’événements dévastateurs, surtout aux États-Unis. En comparaison, les pratiques bancaires du Canada font bonne figure en raison de leur stabilité et de leur aversion pour le risque.
2012: Après ses premières incursions dans le marché bancaire de détail aux États-Unis, la Banque Royale vend ses activités américaines à PNC Financial Services Group pour une somme de 3,45 milliards $.
2015: La Banque augmente sa présence dans le secteur des activités bancaires privées et commerciales ainsi que de la gestion de patrimoine aux États-Unis, en faisant l’acquisition de la City National Bank de Los Angeles et de ses 3 800 employés pour un montant de 5 milliards $. Cette acquisition fait suite à la nomination, en 2014, du chef de la direction et président actuel, David McKay.
2018: La Banque reprend le titre de premier prêteur en importance au pays, place qu’elle a occupée pendant la majeure partie du siècle dernier, avec un actif de 1,28 billion $. L’expansion de Toronto-Dominion sur le marché américain du crédit à la consommation avait permis à cette dernière de conquérir le titre en 2013.
La Banque Royale confirme sa place au palmarès des dix plus grandes banques d’investissement mondiales, avec un bénéfice net de 2,77 milliards $ CA sur un produit de 8,39 milliards $ CA pour l’exercice 2018. Les registres indiquent plus de 14 600 clients dans quelque 104 pays, et 66 bureaux dans 17 pays. La Banque Royale prend également part à 149 opérations de fusion et d’acquisition évaluées à 186 milliards $ US au cours de l’exercice 2018.
2019: RBC étend ses activités d’expert-conseil aux États-Unis, à titre d’unique conseiller de BB&T Corp. lors de son acquisition de SunTrust Banks pour 28 milliards $ US, soit la plus importante fusion bancaire au monde depuis plus de dix ans. RBC se démarque également par son rôle d’expert-conseil auprès de Melrose Industries lors de son acquisition, pour 11 milliards $ US, de GKN, ainsi que par ses activités de financement dans le cadre d’opérations d’envergure auxquelles participent T-Mobile et Walt Disney Co.
Les années à venir ne manqueront pas d’ajouter d’autres faits saillants à cette chronologie. Les fructueux jalons du parcours de RBC nous donnent peut-être quelques indices sur l’avenir qui l’attend. « Il y a tant de possibilités dont nous pouvons encore tirer parti », soutient Davina Boulton. « Il faut réfléchir à nos réussites et à nos échecs du passé et nous demander ce qui pourrait de nouveau fonctionner. »
Peu importe le chemin que la Banque décidera d’emprunter, sa trajectoire générale est claire : elle est marquée par sa croissance fulgurante, son sens des affaires, la cohérence de ses pratiques et la détermination de ses dirigeants qui ont su entrevoir tout le potentiel du secteur.
Elle ne cesse d’ailleurs d’étonner Elizabeth Court, vu les débuts si modestes de l’établissement. « De trois personnes au départ, RBC est passée à 80 000 employés à l’œuvre dans le monde entier. On apprend quelque chose de nouveau chaque fois que l’on retrace l’histoire de cette société. »