Protéger les eaux douces canadiennes par la technologie de chaîne de blocs

Environnement
Présence communautaire

La qualité de l'eau du lac Winnipeg est constamment surveillée, grâce à un réseau numérique qui incite les citoyens et les partenaires du bassin versant à prélever des échantillons d'eau dans plus de 160 sites désignés.

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Par une chaude journée d’été, les plages du lac Winnipeg ont des airs de bord de mer. L’eau miroite, les goélands survolent les berges du lac, et les enfants courent et jouent sur le sable blanc.

D’un périmètre de 1 750 km, le lac Winnipeg est le 11e plus grand lac d’eau douce du monde. Alentour se trouvent des forêts boréales vierges, des falaises calcaires, des îles idylliques, des marais et une faune riche – cormorans, pélicans, truites, esturgeons.

Mais le portrait n’est pas parfait : des quantités excessives de phosphore provenant du ruissellement des terres agricoles, des eaux usées et d’autres sources du bassin hydrographique s’écoulent dans le lac, ce qui entraîne la prolifération des algues. Au cours des dernières décennies, ce problème a pris de l’ampleur : potentiellement toxiques pour les humains et la faune, les algues contaminent les plages, dégradent la qualité de l’eau et nuisent aux industries et communautés riveraines.

Le lac Winnipeg est tristement reconnu pour ses algues bleues, et le Global Nature Fund l’a considéré en 2013 comme le lac le plus menacé de l’année.

Aider le lac Winnipeg à retrouver la santé

La Lake Winnipeg Foundation (LWF) est une ONG environnementale qui milite en faveur de changements concrets pour améliorer l’état du lac et de son bassin hydrographique. Pour ce faire, la LWF a notamment créé le Lake Winnipeg Community-Based Monitoring Network, un programme de surveillance à long terme de la concentration de phosphore qui fait appel aux citoyens et à des partenaires pour recueillir des échantillons d’eau dans plus de 160 sites désignés du lac.

L’eau recueillie est ensuite traitée dans un laboratoire de Winnipeg, qui l’analyse et téléverse les données sur le phosphore dans la plateforme Lake Winnipeg DataStream.

Cette plateforme en accès libre, gérée par The Gordon Foundation et déployée conjointement avec la LWF, permet à quiconque (un lecteur de cet article, par exemple) de consulter les données sur l’eau que des scientifiques et des bénévoles vivant autour du lac Winnipeg y ont téléversées.

Les chercheurs et analystes qui ont la capacité d’influer sur les politiques peuvent aussi accéder à l’ensemble des données sur la qualité de l’eau et, ainsi, mieux cerner les problèmes – comme la provenance de tout ce phosphore. Ces données permettent d’articuler une stratégie d’action dans les secteurs où elle aura la plus forte incidence.

Instaurer un climat de confiance grâce à la chaîne de blocs

L’idée du partage de données grand public est encore nouvelle pour de nombreux scientifiques. Il déplaît à plusieurs d’alimenter une plateforme accessible à tous. Comment DataStream peut-elle assurer l’intégrité de ses données ?

C’est ici qu’intervient RBC : en 2017, elle a utilisé la chaîne de blocs pour faire le suivi de paiements entre des banques au Canada et aux États-Unis. Ses employés ont vite constaté que cette technologie pouvait aussi servir à assainir la planète. Dans le cadre de son initiative Techno nature RBC, RBC a commencé à travailler avec DataStream pour tirer parti des avantages de la chaîne de blocs.

La chaîne de blocs, en termes simples, consiste en un enregistrement décentralisé d’opérations numériques qui permet à une communauté de voir qui ajoute des données à une chaîne. Cette technologie permet de voir exactement où et quand les changements ont été apportés et, surtout, qui les a faits. Est-il possible de revenir à la version originale ? Absolument, et c’est facile.

Les données qui n’ont pas été téléversées par le créateur d’origine peuvent être rapidement repérées, ciblées et étudiées. Carolyn DuBois, directrice générale du programme d’eau à The Gordon Foundation, mentionne que cette technologie a joué un rôle crucial dans l’amélioration de l’infrastructure de DataStream.

De nombreux scientifiques et groupes de surveillance alimentent maintenant la plateforme avec grand enthousiasme. Depuis le lancement officiel du premier centre DataStream dans les Territoires du Nord-Ouest en 2016, plus de trois millions d’observations distinctes ont été téléversées par plus de 120 organisations dans plus de 7 000 sites. (The Fondation Gordon partage trois plateformes DataStream avec des partenaires dans les régions du bassin du fleuve Mackenzie, du lac Winnipeg et du Canada atlantique – et elles se développent rapidement.)

Un avenir meilleur

En regroupant les données sur l’eau au même endroit, DataStream fournit déjà un meilleur portrait de la santé de l’eau douce et une base plus solide sur laquelle les chercheurs et décideurs peuvent s’appuyer pour prendre des décisions éclairées.

Par exemple, lorsqu’il évalue l’état du bassin hydrographique, l’organisme Fonds mondial pour la nature (Canada) peut profiter d’une plus grande diversité de données grâce à DataStream. En 2017, l’organisme ne disposait pas de données suffisantes pour attribuer une cote de qualité à la majorité des bassins hydrographiques du Canada.

Dans son dernier rapport de 2020, les données sur l’eau du pays demeurent très lacunaires. Mais grâce à DataStream, les choses commencent à changer : l’organisme a pu accéder à des données qu’il n’aurait pas pu trouver autrement, comme des données provenant de communautés des Premières Nations du bassin du fleuve Mackenzie. Compte tenu de la croissance fulgurante de DataStream, le rapport 2023 du Fonds mondial pour la nature comprendra vraisemblablement des données plus détaillées et plus faciles à analyser. Il devrait aussi aider à orienter les politiques qui visent à assurer la santé et la protection des eaux du Canada.

Un engagement à construire un avenir meilleur. Apprenez comment RBC Gestion de patrimoine soutient les collectivités dans lesquelles nous vivons et travaillons.

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