Investir des fonds empruntés : un parcours mouvementé

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Les investisseurs qui songent à emprunter sur la valeur de leur portefeuille de placements doivent s’assurer que cette stratégie correspond à leurs objectifs financiers globaux et à leur tolérance au risque.

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De nombreux investisseurs appliquent avec succès la stratégie qui consiste à emprunter pour investir afin d’atteindre leurs objectifs personnels, notamment financiers, qu’il s’agisse d’acheter une maison, de payer des études ou de démarrer une entreprise.

On peut également emprunter pour bâtir un portefeuille composé d’actions, d’obligations et de fonds de placement. Bien que peu courante, cette stratégie peut être tout aussi prometteuse.

L’idée de s’endetter pour investir peut sembler surprenante, mais cela permet de générer des rendements très intéressants si l’on procède de façon stratégique, explique Tony Maiorino, chef de l’équipe Services de gestion de patrimoine RBC.

« Tous les jours, des gens empruntent pour se procurer une voiture, ou pour acheter une maison ou une résidence secondaire, explique-t-il. Mais est-il judicieux d’emprunter pour investir sur les marchés boursiers ? La réponse à cette question est très complexe. »

Grâce à l’emprunt, il est possible d’investir d’importantes sommes d’un seul coup ou sur une certaine période. Si vous investissez dans des titres cotés en bourse, les intérêts du prêt pourraient être déductibles du revenu imposable. Par contre, vous vous exposez alors à une baisse de valeur du placement, ce qui est peu inquiétant si vous investissez à long terme. Sachez toutefois que, au fil du temps, il se pourrait que le coût d’emprunt soit plus important que le rendement généré.

M. Maiorino recommande aux investisseurs qui songent à emprunter sur la valeur de leur portefeuille de placements de s’assurer que cette stratégie correspond à leurs objectifs financiers globaux et à leur tolérance au risque.

« Si les fonds sont investis avec soin dans un portefeuille diversifié, un tel emprunt peut être tout aussi intéressant à long terme que l’achat d’une maison, soutient-il. À mon avis, cela dépend de la personne. Il faut s’assurer que cette stratégie convient à l’investisseur. »

Selon une étude de l’Economist Intelligence Unit (EIU) commandée par RBC Gestion de patrimoine, 53 % des investisseurs canadiens affirment que la croissance de leur patrimoine est une priorité.

L’étude Patrimoine montant cible des particuliers fortunés, des adultes dont les parents sont des particuliers fortunés ainsi que des professionnels touchant un revenu élevé au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Chine, à Hong Kong, à Singapour et à Taiwan. L’étude porte sur l’évolution des pratiques de gestion de patrimoine à l’échelle mondiale, notamment sur l’endroit où se trouvent les fonds, les placements choisis, la façon dont les fonds sont investis et les personnes qui effectuent les investissements.

Au Canada, 31 % des répondants appartenant à une jeune génération* affirment emprunter pour investir (49 % préfèrent investir dans des actions, tandis que 44 % préfèrent les fonds communs de placement).

Commencer à bâtir son patrimoine sans tarder

Selon M. Maiorino, il n’est pas nécessaire de disposer d’un important portefeuille de placements pour appliquer cette stratégie. Par exemple, il pourrait être intéressant pour un investisseur dans la vingtaine ou dans la trentaine d’emprunter pour cotiser à son régime enregistré d’épargne-retraite (REER) chaque année. Ces cotisations donnent droit à une réduction d’impôt.

Comme l’explique M. Maiorino, l’investisseur peut alors utiliser son remboursement d’impôt pour payer une partie du prêt, qu’il travaillera idéalement à rembourser intégralement au fil de l’année. Procéder de la sorte année après année permet de constituer un patrimoine.

« Si vous en avez les moyens et que vous êtes en mesure de faire les paiements nécessaires, il est évident que c’est la chose à faire », affirme M. Maiorino, qui a lui-même appliqué cette stratégie plus tôt dans sa carrière pour bâtir son portefeuille de placements personnel.

« On ne rattrape jamais le temps perdu, ajoute-t-il. La personne qui commence à épargner pour sa retraite à l’âge de 25 ans plutôt qu’à 35 aura gagné 10 années » pendant lesquelles faire croître son avoir. Si elle attend, cette avance sera à jamais perdue. »

Emprunter pour faire croître son patrimoine

L’investisseur qui possède un portefeuille considérable peut emprunter sur la valeur de son avoir pour faire croître son patrimoine. Ann Bowman, chef, Banque privée – Canada à RBC Gestion de patrimoine, explique que cette stratégie convient surtout à ceux qui ont une bonne tolérance au risque et qui sont convaincus de pouvoir générer un rendement supérieur au coût d’emprunt.

« Cela convient aux investisseurs qui ont un goût marqué pour le risque et qui possèdent une solide expérience sur les marchés », explique-t-elle.

Les personnes qui sont propriétaires de leur résidence peuvent également emprunter sur la valeur de cette dernière au moyen d’une marge de crédit sur valeur nette. Mme Bowman précise que cette stratégie est intéressante lorsqu’une résidence représente une part importante du patrimoine personnel et que la personne estime être en mesure de rembourser le prêt selon un échéancier qui correspond à son plan financier. Pour une personne dont les sources de revenus sont instables, par exemple, il n’est pas idéal de recourir à une marge de crédit sur valeur nette.

« Il faut respecter sa tolérance au risque et tenir compte de sa capacité à rembourser la dette », précise-t-elle.

Certains investisseurs choisissent d’emprunter sur la valeur de leur portefeuille pour diversifier leurs actifs. Par exemple, un cadre dont l’actif est largement investi dans les actions de son entreprise pourrait emprunter sur la valeur de son portefeuille pour investir dans une autre catégorie de titres. « Dans un tel cas, tout conseiller recommandera cette stratégie de diversification, ajoute-t-elle. Il s’agit de comprendre les objectifs de planification patrimoniale du client. »

Emprunter sur la valeur d’un portefeuille présente un avantage supplémentaire : cela ne nécessite pas de demande de crédit formelle comme dans le cas d’une hypothèque, par exemple, et le prêt peut être consenti de façon relativement rapide. En revanche, l’emprunteur s’expose à une demande de couverture supplémentaire, c’est-à-dire que son conseiller peut lui demander de fournir des fonds supplémentaires si la valeur des actifs tombe en deçà de la valeur minimale requise.

De l’avis de M. Maiorino, seuls les investisseurs avertis capables de tolérer la volatilité devraient se placer en situation de recevoir une demande de couverture supplémentaire liée à un compte de placement. « Ces investisseurs doivent savoir ce qu’ils font, parce que c’est plus complexe qu’une hypothèque ou qu’un prêt à demande conventionnel obtenu auprès d’une banque », ajoute-t-il.

Établir une stratégie de placement à long terme

Selon M. Maiorino, pour savoir s’il convient d’emprunter en vue d’investir, il faut tenir compte des objectifs à long terme de l’investisseur.

Par exemple, pour un jeune adulte de la génération Y, il peut être justifié d’emprunter sur la valeur d’un compte de placement pour préparer sa retraite puisqu’il a plusieurs décennies devant lui. Dans le même ordre d’idées, un baby-boomer peut choisir de créer un compte de placement auquel son enfant aura accès lorsqu’il atteindra l’âge adulte. « Il faut adopter une démarche à long terme », recommande M. Maiorino.

Les investisseurs qui s’aventurent sur cette voie doivent aussi comprendre comment fonctionnent les marchés, et notamment savoir qu’il existe un risque de volatilité extrême. M. Maiorino prévient que cette stratégie ne convient pas à une personne qui panique à la moindre baisse de marché.

« Vous pouvez voir la fluctuation de valeur de vos placements minute par minute, explique-t-il. Cela peut susciter d’intenses émotions et mener certaines personnes à prendre des décisions qui ne cadrent pas avec l’approche à long terme qu’ils ont adoptée au moment de l’emprunt. »

Certains investisseurs optent pour la technique d’achats périodiques par sommes fixes, qui consiste à investir régulièrement de petites sommes. « Cette approche peut sécuriser une personne qui s’inquiète de voir baisser la valeur de ses placements à court terme. Par contre, si l’inquiétude persiste, c’est peut-être signe que cette stratégie ne convient pas. »

Selon l’étude Patrimoine montant, 46 % des particuliers fortunés au Canada affirment que l’incertitude économique à l’échelle mondiale compte parmi les facteurs qui les inquiètent le plus en ce qui concerne la création, la protection ou la gestion de leur patrimoine. L’augmentation du coût de la vie (45 %) et les changements fiscaux (48 percent) sont d’autres sources d’inquiétude.

Faire appel à un professionnel

M. Maiorino recommande de consulter un professionnel avant d’emprunter en vue d’investir compte tenu de la complexité de cette stratégie et des risques qu’elle comporte. Un conseiller pourra veiller à ce que les fonds soient investis de façon suffisamment diversifiée au cas où certains actifs perdraient de la valeur au fil du temps. Il recommande également d’obtenir des conseils fiscaux si vous souhaitez déduire de votre revenu imposable les intérêts sur le prêt.

« Il arrive qu’un investissement très alléchant devienne encore meilleur marché un an plus tard, explique-t-il. Cela pourrait devenir problématique si vous ne comptez pas sur l’aide d’un professionnel pour diversifier votre avoir. Entourez-vous de gens qui vous aideront à bâtir un portefeuille diversifié pour vous protéger le plus possible des pertes à long terme. »

Les investisseurs canadiens s’entendent sur le fait que, sur les marchés d’aujourd’hui, une bonne stratégie de placement requiert souplesse et capacité de réaction (76 %), et 63 % s’attendent à ce que leur conseiller financier leur propose des possibilités de placement uniques.

Au bout du compte, la décision d’emprunter ou non en vue d’investir doit se fonder sur la situation, les besoins et les objectifs financiers de l’investisseur.


* « Jeune génération » désigne la génération X, Y ou Z (personnes de 18 à 54 ans).

Mise en garde sur l’effet de levier : L’emploi de fonds empruntés pour financer l’achat de titres engendre un plus grand risque que le seul emploi de liquidités. Si vous empruntez des fonds pour acheter des titres, vous avez l’obligation de rembourser votre emprunt et de payer les intérêts exigés par les modalités de l’emprunt même en cas de baisse de la valeur des titres que vous avez achetés.

Au Québec, les services de planification financière sont fournis par RBC Gestion de patrimoine Services Financiers. qui est autorisé comme une société de services financiers dans cette province. Dans le reste du Canada, les services de planification financière sont disponibles à travers RBC Dominion valeurs mobilières.

RBC Gestion de patrimoine est une division opérationnelle de Banque Royale du Canada. Veuillez cliquer sur le lien « Conditions d’utilisation » qui figure au bas de cette page pour obtenir plus d’information sur les entités qui sont des sociétés membres de RBC Gestion de patrimoine. Nous n’approuvons ni ne recommandons le contenu de cette publication, qui est fourni à titre d’information seulement et ne vise pas à donner des conseils.

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