Que peuvent faire les différentes communautés du Canada pour obtenir des soins plus sûrs et plus empreints de compassion ?

Services aux aînés
Perspectives

En adoptant le bon plan d’action, en faisant appel aux bonnes personnes et en ayant les bonnes conversations, les aînés du pays pourraient tracer la voie à suivre pour préserver et exprimer leur identité à mesure qu’ils vieillissent.

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Les Canadiens de plus de 65 ans représenteront près du quart de la population du pays d’ici 2038 et formeront le groupe d’aînés le plus diversifié que le Canada ait jamais connu.

Les spécialistes des soins aux ainés sont de plus en plus conscients qu’une approche universelle ne fonctionne pas. L’origine ethnique, la religion, l’identité de genre et l’orientation sexuelle sont quelques-uns des nombreux éléments qui devraient avoir une incidence sur la façon la plus adéquate de prodiguer des soins à nos aînés.

Les professionnels du secteur affirment qu’il faut non seulement que nos établissements, nos lois et nos pratiques en matière de soins de santé évoluent de manière à répondre aux besoins de personnes issues d’horizons divers et ayant des expériences de vie variées, mais également que des protections juridiques et une planification stratégique soient mises en place, notamment lorsque les systèmes tardent à changer.

Au cours d’une récente table ronde sur la diversité, le vieillissement et la célébration de nos valeurs identitaires, des spécialistes en soins de santé et en planification successorale ont expliqué comment les fournisseurs de services doivent veiller à créer un environnement sécuritaire et confortable dans lequel les patients et les clients se sentent à l’aise de s’exprimer. Pour ce faire, il faut, entre autres, utiliser un langage inclusif, reconnaître les limites propres à chacun et se garder d’avoir des idées préconçues.

Créer un environnement sécuritaire pour des communautés diversifiées

« On parle ici de vulnérabilité et de l’importance de prodiguer des soins respectueux sur le plan culturel, afin que les gens puissent être eux-mêmes », a déclaré le Dr Samir Sinha, directeur de la recherche sur les politiques de santé au National Institute of Ageing lors de la table ronde animée par Leanne Kaufman, présidente et chef de la direction de RBC Trust Royal.

La COVID-19 a frappé les Canadiens les plus âgés de façon disproportionnée, surtout dans les établissements de soins de longue durée, et cela a également soulevé la question fondamentale du traitement de nos aînés dans nos établissements.

« Je suis sidéré de constater à quel point certaines sociétés et communautés respectent leurs ainés plus que d’autres » a fait remarquer M. Sinha, en soulignant la manière dont les communautés autochtones valorisent et protègent leurs ainés.

Des survivants de l’Holocauste et des pensionnats autochtones figurent au nombre des patients du Dr Sinha. Selon ce dernier, le fait de connaître les antécédents d’un patient est extrêmement utile, car cela démontre non seulement une aptitude à faire preuve de compassion, mais aussi à mieux cerner les problèmes qui pourraient réapparaître au fur et à mesure que la démence progresse, notamment en éveillant d’anciens traumatismes. Ces détails ont également une influence sur la manière dont nous prenons soin des personnes âgées et respectons leurs préférences et leurs choix à mesure qu’ils vieillissent, explique M. Sinha, qui est aussi chef des services de gériatrie au Sinai Health et au University Health Network à Toronto. 

Utiliser une procuration pour planifier de futurs soins

L’établissement de documents juridiques en règle peut aussi aider à planifier les soins dont nous pourrions avoir besoin à l’avenir. « Garder le contrôle de notre vie lorsque nous vieillissons est une façon de conserver notre identité, déclare Mme Kaufman. La façon d’y arriver est d’établir une procuration stipulant nos volontés relativement à nos biens et à nos soins personnels. »

Des personnes peuvent penser qu’une procuration relative aux soins personnels est un document qui n’entre en vigueur que lorsqu’elles deviennent invalides. Le fait est qu’on peut y indiquer des décisions quant au lieu où l’on souhaite vivre et au type de soins à domicile que l’on souhaite recevoir en cas de maladie. Mais la question essentielle est de savoir qui on aimerait voir agir en notre nom en cas d’invalidité.

« Une procuration est un document d’une portée considérable qui donne beaucoup de pouvoir à la personne qui l’a en main », a expliqué aux participants de la table ronde Darren Lund, un associé de Miller Thomson LLP, un spécialiste de la planification successorale, de l’administration successorale et de la clientèle privée.

« Confier un tel pouvoir à la mauvaise personne peut avoir des conséquences redoutables. »

Les aînés de la communauté LGBT+, en particulier, peuvent avoir de sérieuses inquiétudes quand ils vieillissent et se demander s’ils pourront continuer d’afficher leur identité et vivre confortablement s’ils dépendent d’autres personnes pour leurs soins personnels. Qui prendra des décisions en leur nom en cas d’inaptitude ?

« Certains d’entre eux, qui craignent d’être maltraités par des personnes désignées pour leur offrir des soins à domicile, jugent plus adéquat de cacher leur identité », affirme le Dr Sinha.

« Ceux qui essayent de vivre de façon indépendante et libre s’inquiètent d’être laissés à la merci de personnes malveillantes dans leur propre maison et de ne pas se sentir en sécurité. D’où le sentiment d’un retour à la case départ et de se sentir obligé de se cacher. C’est une situation qui peut être très préjudiciable et préoccupante. »

Une mauvaise préparation et une mauvaise protection peuvent avoir de fâcheuses répercussions, non seulement sur le plan financier, mais aussi aux niveaux émotionnel et mental, selon les participants à la table ronde.

Il arrive, par exemple, que la loi confie par défaut la prise de décision au plus proche parent lorsqu’il n’y a pas eu de planification successorale en bonne et due forme. Dans un tel cas, il faut espérer que la personne qui aura été désignée comprendra vos besoins et vos volontés. Mais celles-ci pourraient ne pas être respectées si vous ne les avez pas consignées de façon adéquate et ne faites pas participer la personne désignée à votre processus de planification.

Vous pourriez vous retrouver avec des personnes que vous n’aurez pas choisies et qui prendront des décisions de vie importantes en votre nom. Respecteront-elles vos volontés pour l’inhumation ? Recevrez-vous des soins appropriés dans le respect de votre culture ? Qu’arrivera-t-il si vos relations familiales ne sont pas au beau fixe ou si vous n’avez plus de contact avec votre famille ? Qu’en sera-t-il si vous faites partie de la communauté LGBT+, mais n’en avez pas fait part à votre famille ?

Une telle situation peut nuire aux relations et entraîner de coûteuses contestations judiciaires, dit M. Lund.

« J’ai entendu parler de clients qui étaient très pieux de leur vivant, mais dont les volontés d’inhumation n’ont pas été respectées simplement parce qu’un mauvais liquidateur avait été désigné », explique-t-il. 

Les droits juridiques varient d’un océan à l’autre

Certaines dispositions des lois et règlements touchant les LGBT+ ont encore besoin d’être retravaillées. La réalité diffère selon les territoires. En Ontario, par exemple, il n’est pas tenu compte d’office des conjoints de fait dans la distribution successorale d’une personne qui décède sans avoir laissé de testament, selon M. Lund.

« Je pense que cette réalité étonnera beaucoup de clients », ajoute-t-il, en soulignant son incidence potentiellement disproportionnée dans un contexte où les deux tiers des couples homosexuels vivent en union de fait.

« De nombreux clients âgés de la communauté LGBTQ+ ont noué leur relation à une époque où le mariage entre personnes du même sexe n’était même pas envisageable. » Il précise que malgré l’équité entre les époux, bien des personnes ne se marient pas, ce qui peut avoir d’énormes répercussions sur le plan de la planification successorale.

M. Lund a aussi été témoin de cas dans lesquels la prise de décisions revient au conjoint de fait, mais où la famille ne reconnaît pas la relation et aucune procuration n’a été donnée.

« La situation risque de dégénérer lorsqu’il faut déterminer si la personne en question est vraiment un conjoint et si elle est habilitée à prendre des décisions. Donc, même si le conjoint est dans son droit, un conflit familial peut ralentir la procédure et, ultimement, obliger le conjoint à se présenter devant un tribunal administratif qui déterminera l’identité de la personne qui prendra les décisions ».

De tels retards peuvent être extrêmement préjudiciables pour la personne au cœur du différend, en particulier dans le cas où des décisions urgentes concernant les soins doivent être prises.

Le Dr Sinha se souvient que les membres d’un couple lui ont déjà présenté des documents de procuration fraîchement signés et ont tenté de le convaincre qu’ils étaient les mandataires de l’une de ses patientes, qui était atteinte de démence. Il avait déjà aidé sa patiente à se soumettre à une évaluation de la capacité effectuée par une personne autorisée et à mettre en œuvre les procurations relatives aux biens et aux soins personnels qui avaient été données longtemps auparavant. Il est parvenu à protéger le patrimoine de sa patiente et à respecter les volontés qui lui avaient été clairement exprimées et qui avaient été consignées au fil des ans.

Se préparer pour les imprévus

« Je dis toujours à mes patients que la meilleure défense, c’est l’attaque. Or, la planification nous protège contre les événements qui, croyons-nous parfois, ne peuvent se produire, mais qui, malheureusement, se produisent parfois. »

« Il est important de penser à la façon dont nous vivrons et serons soignés en vieillissant et d’exprimer le fruit de nos réflexions. Il en va de même en ce qui a trait à l’héritage que nous souhaitons laisser à nos proches, dit Mme Kaufman. La planification personnalisée est essentielle à cet égard ; elle tient compte de nos origines et de notre identité dans tous les aspects de notre vie. »

La pandémie a mis en lumière la vulnérabilité face aux imprévus, ce qui est particulièrement vrai pour les personnes âgées du Canada. L’obtention de soins et de conseils prodigués avec compassion peut grandement contribuer à nous donner l’assurance que nos besoins seront comblés et que nos volontés seront respectées à mesure que nous avancerons en âge.


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