Nous examinons la nouvelle version de l’indice Dow Jones des valeurs industrielles et expliquons aussi ce que ce remaniement révèle, ou non, sur l’économie en général.
Kelly Bogdanova Vice-présidente et analyste de portefeuilleServices-conseils en gestion de portefeuille – États-Unis
Aux États-Unis, les investisseurs individuels considèrent encore largement, par habitude ou par tradition, que l’indice Dow Jones des valeurs industrielles représente « le marché ».
Rien d’étonnant. Créé en 1896, le Dow Jones est de loin le plus vieil indice boursier de référence et d’importance dans le monde. Son histoire est également très riche. Pour le meilleur et pour le pire, il s’agit de l’indice boursier le plus souvent cité. Même au cours des dernières décennies, les investisseurs ont associé de grands événements, comme le « lundi noir » de 1987, à cet indice de référence de premier ordre. Ils ont aussi été marqués par certains jalons importants, comme lorsque le Dow Jones a franchi pour la première fois le seuil des 10 000 points en 1999.
Toute modification apportée au Dow Jones, surtout si elle a d’aussi grandes conséquences que celle effectuée dernièrement, peut influer sur les échanges de cette partie du marché et la perception qu’ont les gens de l’économie américaine.
Aujourd’hui, le Dow Jones diffère grandement de ce qu’il était avant sa refonte du 31 août : trois titres y ont été ajoutés (salesforce.com, Amgen et Honeywell) et trois autres en ont été retirés (Pfizer, Exxon Mobil et Raytheon). Dernier changement et non le moindre, la division des actions d’Apple à raison de quatre pour une a également altéré la structure du Dow Jones.
Le fractionnement des actions d’Apple a vraiment eu de grandes répercussions. Alors que l’action représentait pas moins de 11,9 % de la valeur totale du Dow Jones auparavant, ce pourcentage est passé à 2,9 % par la suite, comme le montre le tableau. Cette baisse s’explique par le rôle que joue chaque titre dans la valeur globale de l’indice de référence. Le Dow Jones est pondéré en fonction des cours. Par conséquent, les actions les plus chères sont celles qui pèsent le plus sur la valeur globale et la trajectoire du Dow Jones.
* Tout écart dans les calculs est attribuable à l’arrondissement.
Sources : Correspondant national de recherche, Standard & Poor’s, FactSet, RBC Gestion de patrimoine ; données en date du 31 août 2020
Lorsque l’action d’Apple a été intégrée au Dow Jones en 2015, elle valait près de 120 $ (32 $ après rajustement en fonction du fractionnement) et représentait 4,7 % de l’indice. Depuis lors, son cours a bondi jusqu’à plus de 500 $ (120 $ après rajustement en fonction du fractionnement), soit une hausse de 320 % ; parallèlement, son incidence sur le Dow Jones a considérablement augmenté. La division d’actions à raison de quatre pour une ne modifie pas la valeur totale ou la capitalisation boursière d’Apple, mais son poids parmi les sociétés du Dow Jones a diminué, puisque le cours de son action a baissé après le rajustement en fonction du fractionnement.
La division d’actions d’Apple et les autres modifications apportées au Dow Jones ont produit l’effet net suivant :
* Abréviations des secteurs : Cons. discr. = consommation discrétionnaire ; Cons. base = consommation de base ; Serv. comm. = services de communication ; SPI = sociétés de placement immobilier ; Tech = technologie de l’information
Sources : Correspondant national de recherche, Standard & Poor’s, FactSet ; données en date du 31 août 2020
Lorsqu’on compare la répartition sectorielle du Dow Jones et du S&P 500, on constate que le premier s’oriente davantage vers les secteurs des produits industriels et des soins de santé et qu’il est relativement moins exposé aux secteurs de la technologie et des services de communications que le S&P, comme le montre le graphique du bas.
Nous pensons que le Dow Jones est maintenant plus représentatif « du marché » qu’il ne l’était auparavant, surtout depuis que les actions d’Apple ne produisent plus d’effet de distorsion sur sa trajectoire.
Par contre, nous ne croyons pas que le Dow Jones (ni le S&P 500 d’ailleurs) reflète vraiment la conjoncture économique générale des États-Unis, surtout dans le contexte de la COVID-19.
Ces deux indices de référence sont constitués exclusivement de grandes sociétés ouvertes, dont beaucoup sont des multinationales. Le secteur des entreprises familiales, qui composent une part importante de l’économie américaine, n’est pas représenté dans ces indices de référence ; ce n’est d’ailleurs pas leur but.
Certes, les indices peuvent donner un aperçu de la situation des différents secteurs, en ce sens qu’un restaurant ou une quincaillerie de quartier pourraient, par exemple, être associés au secteur de la consommation discrétionnaire. Toutefois, les petites et moyennes entreprises doivent composer avec des possibilités et des défis très différents de ceux des grandes sociétés. À cet égard, les fermetures et les restrictions liées à la COVID-19 ont été révélatrices.
Voilà l’une des principales raisons pour lesquelles « le marché » n’est pas l’ensemble de l’économie. Les deux grands indices de référence américains ont atteint des sommets records après la liquidation attribuable à la COVID-19 survenue en février et en mars, alors que de nombreuses petites et moyennes entreprises éprouvent encore des difficultés et que certaines risquent de cesser leurs activités.
Ainsi, lorsqu’on suit l’évolution du marché, soit à l’aide du Dow Jones ou du S&P 500, il faut garder à l’esprit que ces indices de référence reflètent l’état des grandes sociétés américaines et non celui de l’ensemble de l’économie.
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