Attention requise

Une reprise soutenue des actions, susceptible d’atteindre ou de dépasser les sommets historiques, exigerait un catalyseur puissant.

Par Jim Allworth

La plupart des marchés des pays développés se sont redressés en juillet et en août. Ils ont cependant cédé la majeure partie de leurs gains au cours des dernières semaines. Les investisseurs sont une fois de plus assez pessimistes.

La reprise de cet été a été alimentée par un recul substantiel des taux des obligations. Les investisseurs espéraient qu’une inflation moins forte permettrait à la Réserve fédérale américaine (Fed) et aux autres banques centrales de renoncer à un resserrement musclé. Les actions et les discours de la Fed ont ensuite dissipé cette idée : les taux des obligations ont atteint leur plus haut niveau en 11 ans, tandis que les actions ont à nouveau chuté.

Ce recul des neuf derniers mois mérite d’être mis en perspective. Entre son creux lié à la pandémie atteint en mars 2020 et son sommet au début de janvier de cette année, soit une période de 21 mois, l’indice S&P 500 a grimpé d’environ 2 600 points, ce qui équivaut à 118 %. Au cours des neuf derniers mois, celui-ci a cédé près de la moitié de ces gains. Pendant ce temps, l’indice TSX a progressé de 99 % (soit un peu moins que l’indice S&P 500), mais n’a rendu que moins du tiers des points gagnés. Jusqu’à présent, quoi qu’en disent les manchettes, les deux indices ont connu une forte hausse, puis une période de correction et de consolidation assez normale.

L’épisode actuel de liquidation massive pourrait s’aggraver dans les jours et les semaines à venir. Une reprise soutenue des actions, susceptible d’atteindre ou de dépasser les sommets historiques, exigerait un catalyseur puissant. Un catalyseur assez fort, à notre avis, serait une atténuation notable de l’inflation sur un large front. Cela remettrait sur la table la fin du resserrement de la Fed au début de 2023 et provoquerait dans le même temps une baisse des taux des obligations.

Une telle évolution ne tient pas entièrement du voeu pieux : les contrats à terme sur le pétrole aux États-Unis sont passés de 4,50 $ le gallon à environ 2,30 $ le gallon en 2021. De plus, certaines marchandises agricoles, dont le blé, le soja et le maïs, ont chuté, tout comme la plupart des métaux, notamment le cuivre, le zinc, le nickel et l’or. Par ailleurs, la congestion des ports et les perturbations des chaînes d’approvisionnement s’estompent rapidement. Les frais d’expédition, de même que le coût des conteneurs, ont nettement diminué. À mesure que la production de Nouvelles voitures s’accroît, les prix des voitures d’occasion, qui ont grandement contribué à l’inflation en 2021, ont fléchi et devraient poursuivre leur déclin. Enfin, les tarifs aériens et hôteliers ont baissé.

À la recherche d’un signe

La Fed et d’autres banques centrales auront toutefois besoin de plus qu’un « assouplissement ». Il leur faudra voir des signes sans équivoque que l’inflation a changé de cap. Or, de tels signes sont peu susceptibles de se concrétiser avant le premier semestre de l’année prochaine.

En Europe, au Royaume-Uni et aux États-Unis, les banques centrales ont indiqué qu’elles étaient prêtes à prendre le risque d’une récession pour calmer l’inflation. En ce qui concerne le Royaume-Uni et l’Europe, cela semble discutable : les récessions y paraissent inévitables en raison de la crise énergétique plutôt que de la politique monétaire.

Aux États-Unis et au Canada, la probabilité d’une contraction économique généralisée prévue dans les prochains mois a fortement augmenté. Notre feuille de pointage sur la récession montre que deux des indicateurs les plus fiables et à long terme de la récession aux États-Unis, à savoir la courbe des taux des obligations du Trésor et l’indice économique avancé du Conference Board, ont franchi leur seuil d’alerte respectif. Leurs données antérieures laissent croire qu’une récession frappera les États-Unis aux alentours du second semestre de l’année prochaine. Un troisième indicateur moins important, l’indice ISM des nouvelles commandes moins les stocks, envoie également un signal clignotant rouge. D’autres indicateurs de la feuille de pointage évoluent dans la bonne direction, mais pourraient très bien afficher des résultats négatifs dans les mois à venir.

Feuille de pointage sur la recession

Indicateur

État

Expansion

Neutre

Récession

Courbe des taux (écart entre les taux des obligations du Trésor à 10 ans et à 1 an)

Oui

Demandes de prestations de chômage

Oui

Taux de chômage

Oui

lndice économique avancé du Conference Board

Oui

lndice économique avancé du Conference Board

Oui

lndice économique avancé du Conference Board

Oui

lndice économique avancé du Conference Board

Oui

Voilà qui est de mauvais augure pour les actions. Les récessions aux États-Unis ont toujours été accompagnées de marchés boursiers baissiers dans la plupart des pays développés, y compris au Canada. Leur repli survient habituellement quelques mois avant le début d’une récession, en moyenne de cinq à sept mois plus tôt. Si cette moyenne est vraie, il est fort possible que le sommet du cycle haussier du marché après la crise de la COVID-19 n’ait pas encore été atteint, et que la probable récession et le recul des marchés connexes ne soient pas encore enclenchés.

Il est également possible que cette moyenne temporelle ne s’applique pas à la situation actuelle : la récession et le cycle baissier pourraient commencer plus rapidement qu’à l’habitude… si ce n’est pas déjà le cas. Il est tout aussi possible que, malgré toutes les probabilités historiques, la Fed mette fin à ses mesures musclées de resserrement suffisamment tôt afin d’orchestrer un « atterrissage en douceur » de l’économie, comme lors de neuf des dix-sept derniers cycles de resserrement.

Les investisseurs doivent donc composer avec des turbulences. D’une part, il est peu probable que les rendements des actions dépassent les plafonds de la fin de l’année dernière et du début de cette année, tant et aussi longtemps que les banques centrales, en particulier la Fed, persistent à relever leurs taux. D’autre part, les indicateurs avancés révèlent au fil des mois que la récession se rapproche de plus en plus. De plus, avant même la venue de la récession, le début du repli des actions qui y est associé pourrait se traduire par une baisse des cours encore plus importante que celle que nous avons connue jusqu’à présent.

À l’heure actuelle, une pondération neutre en actions mondiales permet d’équilibrer la possibilité d’une reprise des anciens sommets du marché dans les mois à venir et les risques accrus de faiblesse du marché l’année prochaine, qui sont associés à une récession de plus en plus probable.

En raison de la hausse plafonnée (pour le moment), ainsi que de la hausse rapide du risque de récession et de baisse connexe du marché en 2023, le profil risque-rendement appelle à la prudence.

Pour lire une analyse plus détaillée de nos perspectives pour les marchés financiers, demandez l’édition actuelle de Perspectives mondiales.

Jim Allworth est coprésident du Comité consultatif sur la gestion mondiale de portefeuille de RBC.

Bulletin Gestion de partimoine – octobre 2022

Un sondage de RBC met en lumière trois mythes entourant la planification successorale

Pourquoi les Canadiens doivent mettre à jour leur testament et les renseignements sur leur liquidateur et leur mandataire.

Pour en savoir plus
– Un sondage de RBC met en lumière trois mythes entourant la planification successorale

La collection d’œuvres d’art, partie prenante d’un plan successoral

Comme le savent tous les collectionneurs d’œuvres d’art, l’attrait de l’art réside dans ce qu’il vous fait ressentir. Cependant, les sensations ne se transmettent pas facilement d’une génération à l’autre

Pour en savoir plus
– La collection d’œuvres d’art, partie prenante d’un plan successoral

Pourquoi la connectivité sociale est plus importante encore à mesure que nous vieillissons

Les relations sociales procurent d’énormes avantages pour la santé mentale et physique, surtout lorsque nous vieillissons.

Pour en savoir plus
– Pourquoi la connectivité sociale est plus importante encore à mesure que nous vieillissons