20 juin 2025
Thomas Garretson, CFA Premier stratégiste, PortefeuillesStratégies des titres à revenu fixeServices-conseils en gestion de portefeuille – États-Unis
Comme beaucoup d’analystes s’y attendaient, la Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu son taux pour une quatrième fois consécutive cette année. Mais c’est à la première réunion de l’année en janvier que le président de la Fed, M. Powell, a déclaré ce qui est devenu son mantra lorsqu’il a été interrogé sur l’incidence potentielle des tarifs sur l’inflation sous la nouvelle administration : « Il y a beaucoup d’endroits où cette hausse de prix découlant des tarifs peut se manifester entre le fabricant et le consommateur. Il existe tellement de variables. Nous devrons donc simplement adopter une approche attentiste. »
Après des mois d’attente, les données montrent que l’inflation est enfin remarquablement maîtrisée. Les données de l’indice des prix à la consommation (IPC) jusqu’en mai montrent que l’inflation globale a atteint un taux annualisé de seulement 1,0 % au cours des trois mois précédents, et que l’inflation de base (excluant les composantes volatiles des aliments et de l’énergie) n’a pas progressé rapidement, à seulement 1,7 %, ce qui est inférieur à la cible de 2,0 % de la Fed.
Toutefois, comme les marchés, la Fed n’est préoccupée que par ce que l’avenir pourrait réserver. Comme on dit : un bon joueur de hockey suit la rondelle, et un grand joueur va se placer là où ira la rondelle. Les prévisions d’inflation mises à jour de la Fed montrent que les dépenses personnelles de consommation (DPC, sa mesure de l’inflation privilégiée) passeront à 3,0 % d’ici la fin de l’année, comparativement à une prévision de 2,7 % en mars.
Comme M. Powell l’a souligné lors de sa conférence de presse, ce n’est pas seulement la Fed qui s’attend à ce que l’incidence des tarifs douaniers sur l’inflation se concrétise enfin plus tard cet été, c’est aussi la plupart des économistes, certaines mesures fondées sur le marché, des sondages auprès des consommateurs et de nombreux sondages auprès des entreprises.
En effet, ces mesures ont indiqué qu’il existe encore de nombreux risques inflationnistes. Comme le montre le premier graphique, l’un de ces sondages de l’Institute for Supply Management (ISM) auprès des entreprises du secteur des services montre que, lorsqu’on leur a demandé si les prix étaient plus élevés que le mois précédent, 45 % des répondants ont indiqué que c’était le cas, le taux le plus élevé depuis janvier 2023.
Cet indice a eu tendance à devancer d’environ trois mois, avec une forte corrélation, l’inflation réalisée. Même si l’inflation sur 12 mois mesurée par l’IPC n’était que de 2,4 % en mai, Services économiques RBC s’attend à ce qu’elle atteigne 2,9 % dans la seconde moitié de l’année. D’autres mesures fondées sur le marché des swaps de l’IPC donnent à penser que le taux d’inflation annuel pourrait grimper plus, dépassant 3,0 % d’ici la fin de l’année.
Le graphique montre la relation entre l’indice ISM des directeurs d’achats du secteur des services sur les prix et l’indice des prix à la consommation. 45 % des sociétés sondées ont fait état de prix plus élevés en mai, ce qui donne à penser que les prix à la consommation pourraient augmenter au cours des prochains mois.
L’indice ISM pour mai 2025 a progressé de trois mois; données sur l’inflation des DPC jusqu’en avril 2025; l’axe horizontal franchit la cible d’inflation de 2 % de la Fed
Sources : RBC Gestion de patrimoine, Institute for Supply Management (ISM), Bloomberg
Bien qu’il soit parfaitement juste de se demander pourquoi la Fed ne réduit pas son taux dans le contexte actuel, les projections de taux mises à jour de la Fed montrent que le membre médian s’attend toujours à deux réductions de taux cette année. Des 19 décideurs du Federal Open Market Committee, qui établit la politique monétaire, huit prévoient deux réductions de taux de 25 points de base d’ici décembre, tandis qu’à l’autre extrémité, le nombre de membres qui ne prévoient aucune réduction de taux cette année a grimpé, passant de seulement quatre en mars à sept cette semaine.
Encore une fois cette semaine, le président américain Trump a vertement critiqué Powell, et a verbalisé son désir de voir immédiatement des réductions de taux de 200 points de base, alors qu’il souhaitait auparavant des réductions de 100 points de base. Il a affirmé que l’inaction de la Fed coûte des « centaines de milliards » de dollars aux États-Unis en coûts de financement.
Il ne fait aucun doute que le calcul de la Fed ne comporte pas de volet politique, selon nous.
Oui, la Fed est certainement une institution puissante, mais elle n’agit pas de façon isolée et comme tant d’autres choses, elle n’est pas imperméable aux forces de l’économie ou du marché.
Comme le montre le deuxième graphique, les forces du marché ont également neutralisé les mesures prises par la Fed jusqu’à présent. Même si 100 points de base ont déjà été retranchés à son taux du financement à un jour, qui est passé de 4,5 % à 5,5 % à la fin de l’an dernier, le principal taux d’emprunt sur 10 ans des États-Unis, sur lequel reposent de nombreux taux à la consommation, a pris près de 75 points de base pour s’établir à environ 4,4 %. Parallèlement, le taux hypothécaire fixe moyen sur 30 ans a grimpé de 26 points de base pour s’établir à 6,8 %.
Le graphique montre les variations des taux directeurs et des taux des obligations du Trésor depuis que la Réserve fédérale a commencé à réduire les taux directeurs à court terme en septembre 2024. Même si le taux des fonds fédéraux a été réduit de 100 points de base, le taux des obligations du Trésor à 10 ans a augmenté de 74 points de base et le taux hypothécaire moyen à 30 ans a augmenté de 26 points de base.
Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg, Freddie Mac Primary Mortgage Market Survey; données jusqu’au 18 juin 2025
En termes simples, le marché indique que, par l’intermédiaire de ces taux de rendement plus élevés des obligations du Trésor à long terme, les tarifs douaniers augmentent les risques d’inflation et que des déficits potentiellement plus élevés, si des baisses d’impôt non financées se concrétisent, devraient accentuer ces pressions, tout en augmentant le fardeau de la dette et en stimulant probablement les perspectives de croissance. Tous ces facteurs limitent en fait la capacité de la Fed à réduire son taux.
Si la Fed devait réduire son taux directeur à court terme maintenant, à un moment où l’économie est relativement vigoureuse et stable dans un contexte de marché de l’emploi toujours solide, nous sommes convaincus que les forces du marché ne feront qu’alimenter davantage la hausse des taux des obligations du Trésor, et par ricochet, la hausse des taux d’emprunt des gouvernements, des consommateurs et des entreprises, que nous avons déjà observées.
Au bout du compte, toutefois, nous nous contentons de rappeler une fois de plus aux investisseurs et aux clients que, selon nous, les taux d’intérêt élevés doivent généralement être perçus comme une bonne chose. Ils sont un signe de vigueur et de stabilité économiques. Néanmoins, les Américains n’aimeraient probablement rien de mieux qu’un retour à l’ère de l’argent gratuit et des faibles taux d’intérêt qui a prévalu pendant une période de croissance anémique, de taux de chômage élevé, de sous-emploi et de sous-investissement.
Tant que les politiques de l’administration sont largement incompatibles avec des taux d’intérêt inférieurs – pour des raisons à la fois positives et peut-être moins positives –, la Fed, bien qu’elle soit puissante, pourrait être impuissante dans ce cas.
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