Même si l’histoire des marchés boursiers au premier semestre peut sembler redondante – les actions américaines traversant des épisodes de volatilité en voie d’atteindre de nouveaux sommets –, le contexte lui ne l’était sûrement pas. Nous analysons quatre catalyseurs clés qui ont eu une incidence sur le rendement et livrons nos réflexions sur ce qui attend les investisseurs.
3 juillet 2025
Kelly Bogdanova Vice-présidente et analyste de portefeuilleServices-conseils en gestion de portefeuille – États-Unis
L’indice S&P 500 a terminé une première moitié d’année volatile en hausse de 5,5 % (6,2 % compte tenu des dividendes), défiant les pessimistes et escaladant le proverbial mur d’inquiétudes pour atteindre de nouveaux sommets historiques à la fin de juin.
Il serait compréhensible qu’un observateur occasionnel qui examine le marché boursier américain pense que les choses se sont passées comme d’habitude pour les entreprises américaines. C’est tout le contraire.
Les politiques tarifaires du président américain Donald Trump ont dominé les tendances du marché, générant une forte volatilité à la baisse et à la hausse au printemps.
La confiance des investisseurs s’est détériorée lorsque Donald Trump a imposé des tarifs douaniers élevés au Canada et au Mexique. Elle a empiré après l’imposition par le président de tarifs douaniers dits réciproques extrêmement élevés aux autres partenaires commerciaux des États-Unis le 2 avril dans la roseraie de la Maison-Blanche.
L’indice S&P 500 a dégringolé de 12,1 % en seulement quatre séances de négociation et a reculé de 18,9 % par rapport à son sommet de février, frôlant le seuil de baisse de 20 % généralement associé à un marché baissier.
À la suite de la vive opposition d’un groupe hétéroclite de contestataires, y compris la résistance du marché des obligations du Trésor américain, l’équipe du président Trump a fait marche arrière. Elle a mis sur pause les tarifs douaniers réciproques extrêmement élevés et a surtout envoyé des signaux indiquant que la plupart de ses partenaires commerciaux ne seraient probablement pas soumis à des tarifs de cette envergure.
L’indice S&P 500 et l’indice composé Nasdaq ont ensuite bondi de 24,5 % et 33,4 % respectivement par rapport au creux du 8 avril et, à la fin de juin, ils avaient tous deux atteint de nouveaux sommets historiques.
Comme la loi que Trump appelle « One Big Beautiful Bill Act », qui est son programme économique phare, a continué de faire son chemin au Congrès, le marché boursier a également été stimulé par ses dispositions fiscales et commerciales favorables au marché.
L’indice S&P 500 a commencé l’année à 5868 et a atteint un nouveau sommet historique de 6144 à la mi-février. Il a ensuite reculé en mars, lorsque les actions des sept magnifiques et de l’IA se sont repliées, avant de rebondir légèrement, puis de décrocher brutalement à la suite de l’annonce de tarifs douaniers très élevés au début d’avril. Le 8 avril, l’indice avait touché le fond lorsque les tarifs douaniers réciproques ont été suspendus. Le marché a commencé à progresser, puis les tarifs chinois ont été portés à 145 %, occasionnant des ventes massives. Puis, il a rebondi à la fin d’avril, et encore plus lorsque les tarifs douaniers ultra-élevés imposés à la Chine ont été suspendus au début de mai, puis le marché s’est redressé encore plus jusqu’au début de juin. Il a ensuite ralenti brièvement à la suite de l’escalade militaire au Moyen-Orient à la mi-juin. Peu après, il a atteint un nouveau sommet historique de près de 6205 points le 30 juin.
Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg; données quotidiennes jusqu’au 30 juin 2025
Même si nous croyons que le pire de la volatilité liée aux politiques de Washington a frappé le marché boursier, les tarifs douaniers déjà en place pourraient créer des difficultés et des incertitudes économiques.
RBC Gestion mondiale d’actifs estime que le taux tarifaire effectif moyen des États-Unis se situera probablement autour du niveau actuel de 15 % une fois que les ententes auront été conclues, un sommet depuis 1938, et un taux nettement supérieur à la moyenne de 2,4 % en 2024.
Ces tarifs douaniers sont à notre avis une taxe et nous ignorons à ce stade-ci qui paiera la note : les fournisseurs de biens étrangers, les producteurs nationaux et les sociétés de services qui utilisent des biens étrangers comme intrants, les intermédiaires et les détaillants, les ménages, ou une combinaison d’entre eux.
Même si les marchés boursiers et obligataires surveillent l’inflation en raison des tarifs douaniers, ils se sont redressés récemment, car elle n’a pas encore augmenté. L’indice américain des prix à la consommation est passé de 2,9 % en décembre 2024 à 2,4 % en mai, date du plus récent rapport.
Le marché boursier a fait fi de la baisse de 0,5 % du PIB au premier trimestre. Cela s’explique en grande partie par le fait que les données sont brouillées par les questions de tarifs douaniers et par le rebond de certains indicateurs économiques au deuxième trimestre.
Services économiques RBC prévoit néanmoins actuellement une croissance du PIB de 1,6 % en 2025 et de 1,3 % en 2026, des niveaux inférieurs à la norme, mais pas indicateurs de récession.
Si la croissance du PIB est réellement inférieure à la moyenne, comme le prévoit RBC, la croissance des bénéfices de l’indice S&P 500 devrait être d’environ 5 % cette année et l’an prochain. Ce n’est pas mauvais en soi ni une raison de devenir pessimiste à l’égard des perspectives du marché, mais cela demeure inférieur aux prévisions consensuelles de bénéfices de 7,5 % et 13,0 % respectivement pour chacune des années.
La probabilité que la Réserve fédérale américaine recommence à réduire les taux a également stimulé le marché boursier. La banque centrale s’inspire du marché obligataire qui prévoit actuellement deux réductions de 25 points de base plus tard cette année, dont une première possiblement en septembre.
Le graphique à barres représente le rendement total (incluant les dividendes) pour le premier semestre de 2025 de neuf grands indices et styles du marché américain. 60 % actions/40 % obligations : +7,3 %; moyenne Dow Jones des valeurs industrielles : +4,5 %; indice S&P 500 : +6,2 %; indice S&P 500 des titres de croissance : +8,9 %; indice S&P 500 des titres de valeur : +3,3 %; croissance des dividendes (indice S&P 500 des dividendes Aristocrate) : +2,4 %; indice des titres à petite capitalisation S&P 600 : -4,5 %; indice des titres à moyenne capitalisation S&P 400 : +0,2 %; Nasdaq : +5,9 %.
* Portefeuille 60/40 fondé sur l’indice MSCI Monde et l’indice Bloomberg U.S. Aggregate. Les dividendes Aristocrate sont fondés sur l’indice S&P 500 des dividendes Aristocrate.
Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg; données du 31 décembre 2024 au 30 juin 2025.
Les actions de sociétés qui tirent parti des technologies d’intelligence artificielle (IA) ont commencé l’année de façon instable, et la mentalité du gain tangible persiste à propos du rendement du capital investi au vu des milliards et des milliards qui ont été investis dans l’IA. Le lancement du robot conversationnel chinois DeepSeek basé sur l’IA à la fin de janvier a également ébranlé brièvement l’industrie américaine de l’IA. Ces titres se sont ensuite repliés en raison des rendements anormaux et nuancés.
La combinaison de ces facteurs explique pourquoi l’indice S&P 500 a amorcé sa première descente avant même l’annonce des tarifs douaniers réciproques extrêmement élevés.
Depuis le creux du marché du 8 avril, le rendement des titres des sociétés qui tirent parti de l’IA que l’on appelle les sept magnifiques (Alphabet, Amazon.com, Apple, Meta Platforms, Microsoft, NVIDIA et Tesla) a été moins uniformément positif qu’au cours des deux dernières années. Au premier semestre de 2025, trois de ces titres ont progressé de plus de 10 % (Meta Platforms, Microsoft et NVIDIA), tandis que trois ont reculé (Tesla, Apple et Alphabet, les deux premiers reculant de plus de 10 %) et que Amazon.com a fait du surplace.
Lorsque nous analysons le rendement global de l’indice S&P 500 au premier semestre de 2025, il est clair qu’il a été alimenté principalement par deux titres, soit ceux des sociétés tirant parti de l’IA Microsoft et NVIDIA, qui ont représenté 42 % du rendement total de l’indice.
Le graphique circulaire montre les contributions au rendement total de l’indice S&P 500 au premier trimestre de 2025. Microsoft et NVIDIA ont toutes deux contribué à 21 % des gains. 27 % des gains provenaient de trois autres titres : Meta Platforms (11,07 %), Broadcom (8,7 %) et Netflix (6,98 %). 17 % des gains provenaient de quatre autres titres : JPMorgan Chase (5,28 %), Palantir (4,71 %), GE Aerospace (3,41 %) et Philip Morris (3,4 %). Les autres titres de l’indice représentent collectivement 14 % des rendements.
* Titres cotés de la plus grande à la plus faible contribution.
Sources : RBC Gestion de patrimoine, FactSet; données sur le rendement total (dividendes inclus) du 31 décembre 2024 au 30 juin 2025.
Si l’on ajoute les titres de deux autres sociétés qui tirent parti de l’IA, soit Meta Platforms et Broadcom, 62 % du rendement total de l’indice S&P 500 provient de cette technologie émergente.
Nous pourrions également soutenir que les actions du géant de la finance JPMorgan Chase et de la société de défense et de sécurité Palantir ont profité de l’optimisme entourant l’IA, car les analystes de Wall Street considèrent qu’elles sont toutes deux des chefs de file en matière d’IA dans leur secteur respectif.
Au total, ces six titres de sociétés qui tirent parti de l’IA représentent 79 % du rendement total de l’indice S&P 500 pour le premier semestre de 2025.
Il est vrai que cette statistique saute aux yeux, mais les investisseurs doivent garder à l’esprit que la construction de l’indice S&P 500 en est l’une des principales raisons.
En effet, les actions de sociétés à grande capitalisation boursière (valeur totale de toutes les actions) occupent une plus grande place au sein de l’indice S&P 500. Cinq des six titres ci-dessus sont des titres à mégacapitalisation, c’est-à-dire que leur capitalisation est beaucoup plus grande que l’action moyenne de l’indice S&P 500.
Lorsque les actions à mégacapitalisation se comportent bien (ou mal), elles ont une incidence démesurée sur le rendement de l’indice S&P 500.
Ce phénomène est également illustré dans la catégorie des rendements décevants du premier semestre de 2025. Apple, Tesla, UnitedHealth et Alphabet sont les quatre titres qui ont le plus nui au rendement de l’indice S&P 500 en raison de la combinaison de leurs reculs (les trois premiers ont chuté de plus de 10 %) et de leur statut de mégacapitalisation ou de grande capitalisation.
Lorsque l’on pousse l’analyse des rendements du premier semestre de 2025 un peu plus loin, le leadership au sein de l’indice S&P 500 n’a pas été aussi restreint qu’on pourrait le penser si l’on fait abstraction de la capitalisation boursière.
Nous pensons qu’il s’agit d’une façon plus éclairante d’évaluer les rendements lorsque l’on compare des portefeuilles qui comprennent des actions américaines individuelles.
Le graphique à barres montre les rendements totaux de l’indice S&P 500 et de chaque secteur pour deux périodes : le rendement au premier semestre de 2025 et le rendement depuis le creux du 8 avril 2025. Toutes les données comprennent les dividendes. Les rendements sont les suivants dans l’ordre : Rendements au premier semestre de 2025 et depuis le creux du 8 avril. Indice S&P 500 : +6,2 %, +24,9 %. Produits industriels : +12,7 %, +27,2 %. Services de communications : +11,1 %, +29,9 %. Services publics : +9,4 %, +12,5 %. Finance : +19,6 %, +30,5 %. Technologie de l’information : +8,1 %, +42,3 %. Consommation de base : +6,4 %, +7,8 %. Matières : +6,0 %, +19,0 %. Immobilier : +3,5 %, +12,8 %. Énergie : +0,8 %, +11,4 %. Soins de santé : -1,1 %, +1,8 %. Consommation discrétionnaire : -3,9 %, +24,8 %.
Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg; données du 31 décembre 2024 au 30 juin 2025
Même si la saga des tarifs douaniers n’est pas encore entièrement résolue et que d’autres développements sont probables en juillet et peut-être plus tard, nous croyons que l’essentiel des tensions associées aux politiques de Washington est derrière nous.
Au deuxième semestre de 2025 et en 2026, ce sont les répercussions des tarifs douaniers déjà en place et du « Big Beautiful Bill » sur l’économie et les bénéfices des sociétés qui devraient retenir l’attention du marché.
Pour obtenir plus de perspectives sur le deuxième semestre et pour des recommandations relatives au positionnement du portefeuille, consultez Perspectives mondiales – Panorama de mi-année 2025 ou les articles individuels.
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