Malgré une deuxième baisse de taux consécutive, le durcissement de ton de la Fed soutient notre point de vue selon lequel elle s’abstiendra d’agir jusqu’à 2026 au moins. Bien qu’une telle posture puisse avoir déjà causé des turbulences sur les marchés, les investisseurs semblent satisfaits de l’idée que la Fed en a déjà fait assez.
Thomas Garretson, CFA Premier stratégiste, PortefeuillesStratégies des titres à revenu fixeServices-conseils en gestion de portefeuille – États-Unis
Si vous suivez un tant soit peu la Réserve fédérale américaine, vous êtes sûrement familier avec les tournures de phrase qu’aiment utiliser les décideurs.
L’une des expressions qui ont caractérisé le mandat de Jerome Powell à la présidence de la Fed et que nous avons entendues pendant les périodes de hausses et de baisses de taux est : « la politique n’est pas préétablie ». Elle a été utilisée pour rappeler gentiment aux investisseurs et aux marchés que la Fed ne sait pas – ou ne prévoit pas – ce qu’elle fera à ses réunions, même si, dans les faits, les investisseurs et les marchés, eux, en ont une bonne idée.
Avant la réunion de cette semaine, les marchés évaluaient la probabilité que la Fed abaisse de nouveau les taux à sa réunion de décembre à près de 100 %. M. Powell aurait facilement pu dire une fois de plus, sans grand enthousiasme, que la politique n’est pas préétablie.
Or, il a délibérément choisi de ne pas le faire.
C’est ainsi que M. Powell a décrit la probabilité d’une autre baisse de taux en décembre. Par conséquent, les marchés estiment maintenant que la probabilité d’une baisse des taux en décembre est inférieure à 70 %, et les perspectives de réductions futures en 2026 se sont aussi amenuisées.L
a Fed a abaissé les taux pour une deuxième réunion consécutive, les faisant passer dans une fourchette cible de 3,75 % à 4,00 %. Cependant, comme nous l’avons souligné après la réunion de septembre, lors de laquelle les projections à jour des taux d’intérêt ont été présentées (ce qui n’a pas été le cas à la dernière réunion), même si la prévision médiane laissait entrevoir des réductions de taux à 3,50 %-3,75 % d’ici la fin de l’année, la médiane ne faisait que masquer le fait qu’il y avait deux factions grandissantes au sein de la Fed : ceux qui n’entrevoyaient pas d’autres baisses cette année et ceux qui en entrevoyaient plusieurs.
À notre avis, les premiers ont à la fois le point de vue le plus judicieux et de meilleurs arguments.
Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg, prévisions de RBC Marchés des Capitaux en date d’octobre 2025; prix du marché fondés sur les contrats à terme sur les fonds fédéraux
Le graphique linéaire montre la trajectoire du taux des fonds fédéraux depuis juin 2024, qui était alors de 5,50 %, jusqu’à la limite supérieure actuelle de 4,00 %. RBC Marchés des Capitaux ne prévoit aucune autre réduction de taux cette année, mais deux autres réductions de 25 points de base en 2026, jusqu’à une limite supérieure de 3,50 %. Les marchés s’attendent toujours à ce que la Fed réduise son taux directeur plus près de 3,00 % l’an prochain. La fourchette des prévisions du sondage consensuel des analystes de Bloomberg concernant les futures réductions de taux est également présentée; les fourchettes s’élargissent à mesure qu’elles progressent, passant de 3,50 % à 4,00 % en décembre 2025 à 2,25 % à 4,00 % en décembre 2026.
Avec la baisse de taux de cette semaine, la Fed a protégé encore plus l’économie contre un ralentissement accru du marché de l’emploi. D’ailleurs, les premiers signes laissent déjà entrevoir une stabilité du marché de l’emploi.
Cette semaine, le service de traitement de la paie ADP a annoncé un nouvel indice hebdomadaire des activités d’embauche, le premier rapport notant que pour la période de quatre semaines close le 11 octobre 2025, le rapport sur l’emploi aux États-Unis montre que les employeurs privés ont créé en moyenne 14 250 emplois par semaine. Cette croissance de l’emploi donne à penser que l’économie américaine est en train d’émerger de son récent creux de pertes d’emplois.
Comme le montre le graphique de droite, les données sur la consommation également publiées cette semaine indiquent que seulement 18 % des personnes sondées estiment qu’il était difficile de trouver un emploi en octobre. Le taux de chômage très bas des dernières années, mais largement inchangé depuis mai et toujours inférieur à ce qui pourrait être considéré comme normal, est nettement inférieur aux niveaux observés pendant et après les récessions passées.
Sources : RBC Gestion de patrimoine, Bloomberg, sondage du Conference Board auprès des consommateurs
Le graphique linéaire montre le pourcentage de consommateurs qui ont répondu à un sondage mensuel du Conference Board selon lequel il était difficile de décrocher un emploi de 1970 à octobre 2025. En octobre, environ 18 % étaient de cet avis; cette proportion a généralement augmenté depuis le milieu de 2022, mais elle demeure inférieure à la moyenne à long terme de 25 %.
Par conséquent, si le marché de l’emploi se stabilise déjà et réussit à reproduire les résultats de l’an dernier – lorsque le bref cycle de réduction des taux de la Fed a déclenché une hausse notable des embauches –, nous pensons que la Fed pourra se concentrer de nouveau sur l’inflation.
Pour cette raison, nous croyons qu’il serait prudent pour la Fed de maintenir les taux inchangés en 2026.
Une autre citation digne de mention de M. Powell cette semaine : « Que faites-vous si vous conduisez dans le brouillard? Vous ralentissez… Je le répète, je ne m’engage pas à le faire, mais vous vous diriez sûrement que, sans savoir ce qu’il y a devant vous, mieux vaut ralentir. »
Nul ne savait comment la Fed allait aborder l’actuelle paralysie du gouvernement et l’absence de données économiques qui en résulte. Les décideurs allaient-ils procéder à des réductions de taux en se disant qu’il vaut mieux prévenir que guérir?
Nous avons maintenant une réponse. Non seulement la paralysie se poursuivra probablement en novembre, mais nous sommes d’avis qu’il faudra des mois avant que toute interférence dans les données s’estompe. En l’absence d’un ralentissement marqué de l’activité du marché de l’emploi, selon diverses sources de données anecdotiques, nous croyons que la Fed préférera probablement en faire trop peu que trop.
Comme les taux sont maintenant inférieurs à 4 % et se rapprochent de plus en plus du taux neutre estimé à 3 % pour l’économie, réduire les taux alors que l’économie pourrait se révéler plus forte que ne le prévoit la Fed – un thème récurrent des dernières années – ne ferait qu’accentuer les pressions inflationnistes.
Nous sommes toujours d’avis que la Fed réduira ses taux plus lentement et, ultimement, à un niveau final plus élevé, mais nous considérons maintenant qu’il s’agit d’un risque moins grand pour les marchés en général.
Notre plus grande préoccupation à l’égard des actifs risqués était les attentes exagérées de réductions de taux de la part des négociateurs jumelées aux sommets records de nombreux indices boursiers et au resserrement historique des écarts de taux sur les marchés des obligations de sociétés.
Maintenant que l’écart s’est resserré, la faible réaction quant aux actifs risqués comme les actions et les obligations de sociétés cette semaine donne à penser que les marchés pourraient être satisfaits de la position de la Fed. Les taux ont déjà été abaissés de 150 points de base au cours des 13 derniers mois, et les décideurs sont toujours prêts à en faire plus au besoin.
Le personnage principal est clairement l’IA et elle joue dans un spectacle de dépenses d’investissement, d’excellents bénéfices et de valorisations toujours plus élevées. La Fed n’est qu’une intrigue secondaire.
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