Planification de fin de vie : Pourquoi est-il si dur d’en parler ? Comment peut-on l’aborder ?

Planification successorale
Perspectives

Savoir adopter une bonne attitude pour y puiser la motivation facilitant la planification successorale et la rédaction d’un testament.

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Les Canadiens ont du mal à parler de planification de fin de vie, même s’ils reconnaissent l’importance de la planification successorale. L’absence de stratégie concrète et convenablement documentée peut embrouiller les finances d’une personne et contraindre les tribunaux à tenter d’éclaircir le patrimoine du défunt.

Le National Institute on Ageing (NIA), en collaboration avec RBC Trust Royal, a produit un rapport sur les opinions de la population canadienne en matière de planification successorale. Selon ce rapport, fondé sur les résultats d’une enquête Ipsos menée en 2022 par RBC Trust Royal, neuf répondants sur dix (91 %) considèrent le testament comme un élément essentiel d’un plan successoral, et 86 % des répondants estiment qu’une procuration est tout aussi importante. Pourtant, à peine le tiers des Canadiens (30 %) disent avoir un plan successoral, et moins de la moitié de la population (48 %) possède un testament.

Pour bien des gens, cette inaction s’explique par un manque de connaissances sur la manière de commencer le processus, d’après Leanne Kaufman, présidente et cheffe de la direction de RBC Trust Royal. Elle entend souvent les gens dire qu’ils n’ont pas assez d’actifs pour une telle démarche, que leur héritage est trop modeste ou qu’ils sont trop jeunes pour commencer leur planification de fin de vie.

On comprend aussi mal les conséquences d’un décès sans testament officiel. « Quelle que soit l’importance de votre succession, quelqu’un devra sans doute se porter volontaire et s’occuper de vos affaires, et ce, que vous ayez des actifs, des dettes ou les deux », ajoute-t-elle. « Si vous n’avez rédigé aucun testament ni désigné aucun exécuteur testamentaire, votre famille ou des amis devront se démener et entreprendre des procédures judiciaires pour obtenir le droit d’intervenir.

Ainsi donc, pourquoi les Canadiens ont-ils tant de mal à discuter de leurs dernières volontés avec leurs proches ? Michael Sherman, chef, Économie comportementale à RBC, répond que le report d’une tâche à accomplir est un trait bien humain, surtout si cette tâche concerne sa propre mortalité.

Des biais inconscients dans la planification de fin de vie

Selon M. Sherman, les gens présument que leurs décisions reposent sur la logique et la rationalité. « Ce n’est pas toujours le cas », indique-t-il. « La rédaction d’un testament est l’exemple parfait d’une chose essentielle – la logique l’exige –, mais les gens ont l’habitude de la reporter. »

Derrière les décisions que prennent les gens se trouvent des biais inconscients qui façonnent leur réflexion.

D’après M. Sherman, plusieurs de ces biais ont une incidence sur la planification de fin de vie, mais l’un des plus communs s’appelle la « distorsion du présent », c’est-à-dire l’idée de vivre dans le moment présent. « Ce concept est le suivant : une personne devant choisir entre épargner pour la retraite ou dépenser de l’argent aujourd’hui se dissocie en quelque sorte de son existence future », explique-t-il. Pour s’attaquer à ce biais, les gens doivent reconnaître que leur personne actuelle et leur existence future ne forment qu’une seule et même entité.

Parmi les autres obstacles, il y a aussi le biais de l’aversion pour le risque, c’est-à-dire la propension d’une personne à éviter de prendre des décisions de crainte qu’il en découle des pertes. « Quand les gens rédigent un testament, il y a inévitablement des pertes. En effet, ils doivent payer pour sa préparation », fait remarquer M. Sherman. À son avis, la meilleure façon de contrer ce biais est de reconnaître qu’il s’agit d’un document essentiel et qu’il faudra payer les coûts associés à sa création. Il vaut donc mieux le faire le plus tôt possible.

Le biais du statu quo peut constituer un autre facteur. « L’inertie l’emporte souvent… Si aucune situation accablante n’exige des changements, les gens se contentent du présent », ajoute-t-il.

Il faut une motivation. « Les gens doivent absolument comprendre les raisons sous-jacentes de la rédaction d’un testament », précise M. Sherman. « Votre tâche consiste à agir sans tarder. Ainsi, à votre décès, votre legs consistera à avoir favorisé une transition en douceur et sans anicroche afin d’aider vos bénéficiaires et votre famille. »

Chaque province ou territoire possède ses propres règles sur la répartition des biens d’un défunt n’ayant laissé aucun testament. Ces règles privilégient souvent les structures familiales traditionnelles, ce qui peut poser problème si des proches du défunt se trouvent à l’extérieur de ce cadre. Un plan successoral permet d’organiser les volontés d’une personne et de protéger les proches de celle-ci.

Prendre en compte la situation financière dans son ensemble

Une révision régulière avec l’aide d’un conseiller en planification patrimoniale permet d’approfondir la planification successorale. Selon Mme Kaufman, les gens devraient à tout le moins avoir une procuration et un testament. « Ces deux éléments ne sont toutefois pas les seuls éléments d’un plan successoral », dit-elle. Il ne s’agit que des documents de base. »

Un plan successoral global indique aussi de quelle manière coordonner la procuration et le testament avec d’autres éléments financiers, comme les bénéficiaires désignés, les régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER), les comptes d’épargne libre d’impôt (CELI) et les polices d’assurance. « A-t-on mis en œuvre des stratégies de planification fiscale ou d’homologation ? Y a-t-il des fiducies familiales en jeu ? Comme tous ces éléments sont interreliés, ils peuvent avoir des conséquences les uns sur les autres », indique Mme Kaufman. « Il n’est donc pas conseillé de se concentrer sur un élément seulement, sans tenir compte de ses effets sur l’ensemble du plan. »

Plus la situation est complexe, plus il est important que les particuliers demandent des conseils professionnels pour mieux protéger leurs intérêts. Ces conseillers, de l’avis de M. Sherman, facilitent non seulement la planification, mais aident également les gens à aborder la question avec les membres de leur famille qui seront touchés par la planification de fin de vie.

Comment les enfants peuvent-ils soulever la question de la planification successorale auprès de leurs parents ?

Certains adultes redoutent de demander à leurs parents si ces derniers ont un testament, de crainte de donner l’impression de s’informer sur leur éventuelle part d’héritage, poursuit M. Sherman. Cet inconfort vaut toutefois mieux que les conséquences potentielles de ne pas soulever la question, à son avis.

Aux enfants cherchant à aborder le sujet avec un parent, Mme Kaufman recommande d’y aller avec un commentaire général, comme « J’ai regardé un webinaire (ou lu un article) et j’ai constaté que j’ignore comment sont organisées vos affaires ». Une telle observation peut donner lieu à une discussion. « Les échanges doivent porter davantage sur la préparation logistique que sur la répartition des biens », déclare Mme Kaufman.

Selon M. Sherman, le fait de discuter de la question et de s’engager à avoir un plan efficace permet aux gens de laisser un héritage sans problématique. L’autre possibilité consiste à léguer un lourd fardeau. « Je ne souhaite à personne de vivre les désagréments liés au décès d’une personne sans testament. »

Regardez la vidéo ci-dessous pour en savoir plus sur les conversations difficiles à avoir avec votre famille au sujet de la planification successorale.


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