Le coronavirus infectera-t-il les marchés et l’économie?

Planification successorale
Perspectives

Nous sommes à l'affût des effets que la pandémie aura sur l’économie mondiale et les répercussions auxquelles devraient se préparer les investisseurs sur le marché.

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La propagation continue du coronavirus (2019-nCoV) de Wuhan, qui capte l’attention du public en raison de la multitude d’incertitudes et de risques qui en découlent, a fait réagir les marchés financiers. La hausse du nombre d’infections et de décès a exercé une pression sur les marchés boursiers du monde entier et fait augmenter les cours des valeurs refuges que sont les obligations d’État. À titre d’exemple, la ruée vers des titres sûrs a fait brièvement reculer le rendement des obligations du Trésor à 10 ans à 1,53 %, soit son niveau le plus bas en six mois.

Les conséquences de l’éclosion de la maladie sur l’économie et les marchés peuvent s’avérer considérables, surtout pour la Chine et les secteurs les plus touchés dans le monde, comme celui du voyage et certains segments du secteur des transports. D’après notre analyse cependant, les effets devraient au final être temporaires.

Comparativement à la flambée du SRAS en 2003, les autorités chinoises et d’autres pays semblent mieux préparés à intervenir lors de crises de santé publique, comme le démontrent la transparence accrue, les mesures préventives de restriction des déplacements et les efforts que déploient les scientifiques du monde entier pour élaborer des traitements et des vaccins.

À ce stade, nous ne pensons pas que l’éclosion de la maladie justifie des changements importants aux portefeuilles-titres des investisseurs à long terme. Nous nous abstiendrons toutefois d’investir de l’argent frais dans les actions, surtout dans les marchés émergents, jusqu’à ce que le nombre de nouveaux cas et les craintes liées à la propagation du virus se stabilisent.

Situation actuelle

Jusqu’à présent, le pathogène nouvellement identifié est surtout présent en Chine continentale, mais il a atteint d’autres parties de l’Asie-Pacifique ainsi que l’Europe, l’Amérique du Nord et le Moyen-Orient.

En ces premiers jours d’éclosion, le coronavirus semble plus contagieux, mais moins létal, que ne l’avait été le SRAS en 2003.

Heureusement, le séquençage de l’ADN, l’apprentissage machine et l’édition génomique peuvent faciliter l’identification – voire même le contrôle – de ce type de pathogène. En 2002–2003, la Chine avait dissimulé des renseignements sur le SRAS pendant trois ou quatre mois. Cette fois-ci, les chercheurs chinois ont effectué le séquençage du coronavirus 2019-nCoV dans les jours qui ont suivi l’éclosion de la maladie, ce qui a permis d’en apprendre beaucoup sur la transmission et la prévention de la maladie. Le gouvernement chinois a rapidement transmis le génome complet du pathogène à d’autres gouvernements ainsi qu’aux bases de données et organisations internationales de la santé.

Eric Lascelles, économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs Inc., souligne que « la majorité des pays ont mis en œuvre de meilleurs protocoles pour dépister l’éclosion de maladies graves, les traiter et limiter leur propagation. Bon nombre de ces protocoles ont été élaborés à la suite du SRAS, qui avait été mal géré. »

Au moment d’écrire ces lignes, le coronavirus 2019-nCoV avait tué 171 personnes (toutes en Chine continentale), soit environ 2 % des 8 236 cas identifiés selon la Johns Hopkins University, qui surveille la propagation du virus par l’intermédiaire du Center for Systems Science and Engineering (CSSE). Ces chiffres se comparent au taux de mortalité de 9 % à 10 % des quelque 8 000 cas de SRAS recensés en 2003. Les données, que le CSSE met à jour régulièrement, sont accessibles ici.

Toutefois, la majorité des personnes ayant reçu un diagnostic de coronavirus 2019-nCoV ne s’étaient pas encore officiellement rétablies, et les scientifiques indiquent que la période d’incubation du virus est plus longue que celle du SRAS.

Diagnostic économique

À l’époque, les répercussions économiques du SRAS avaient surtout touché la Chine, tant sur le continent qu’à Hong Kong. La croissance du PIB de la Chine avait alors fléchi de deux points de pourcentage sur une base annualisée, selon M. Lascelles. L’économie canadienne s’était brièvement contractée parce que les taux d’infection y étaient plus élevés que dans beaucoup d’autres pays développés et que l’économie américaine ne tournait pas tout à fait à plein régime à cette époque. Une fois le pire de l’épidémie passé, ces économies avaient rapidement rebondi.

Hausse considérable de l’influence économique de la Chine
Pourcentage du produit intérieur brut mondial (en dollars américains)
Pourcentage du produit intérieur brut mondial (en dollars américains) chart

Chine

Zone euro

Japon

États-Unis

Reste du monde

Sources : RBC Gestion de patrimoine, Banque mondiale

« Les choses se dérouleront probablement de la même manière cette fois-ci. Il y aura certainement des répercussions tangibles sur l’économie chinoise, mais elles devraient être de courte durée, notamment parce que la Chine mettra sans doute en œuvre des mesures de stimulation économique et que les conditions devraient se normaliser immédiatement après l’atténuation de la maladie », écrit M. Lascelles. « Pour l’instant, nous n’avons pas revu nos perspectives de croissance mondiale », a-t-il ajouté. « En toute justice, il faut quand même dire que nous avions entrevu une hausse de la croissance pour la Chine, et que nous écartons maintenant cette possibilité. »

La différence réside dans le fait que la Chine contribue beaucoup plus à l’activité économique mondiale aujourd’hui qu’elle le faisait en 2003, comme le montre le graphique. Ainsi, la croissance mondiale pourrait souffrir de toute difficulté économique éprouvée par la Chine.

Tom Porcelli, économiste en chef de RBC Marchés des Capitaux, SARL, ne croit pas que l’épisode du SRAS constitue un point de comparaison pertinent pour évaluer les effets que le coronavirus pourrait avoir sur l’économie américaine. En 2003, au moment où le SRAS faisait rage, d’autres problèmes freinaient les États-Unis. Mentionnons notamment la faiblesse générale observée dans la foulée de la récession de 2001 et la perturbation temporaire ayant suivi l’invasion de l’Irak par les forces américaines et alliées. Selon M. Porcelli, cette fois-ci, les données fondamentales de l’économie américaine sont beaucoup plus robustes.

À quel point les marchés sont-ils exposés ?

Quant à savoir si le coronavirus continuera d’exercer des pressions sur les marchés boursiers, il faudra voir le rythme de propagation du virus et les taux de mortalité. Tout comme pour les risques économiques, nous nous attendons à ce que les marchés des pays les plus touchés continuent de subir les replis les plus importants.

« S’il s’avère que la période d’incubation dure véritablement deux semaines et que la transmission peut s’effectuer de manière asymptomatique, écrit M. Lascelles, le risque d’épidémie pourrait être plus grave que prévu. Il convient cependant d’indiquer que, lors de chaque épisode antérieur, ces creux ont fini par offrir des occasions d’achat. »

En ce qui a trait plus particulièrement au marché boursier américain, Lori Calvasina, chef du groupe de la stratégie de placement en actions américaines de RBC Marchés des Capitaux, SARL, a déclaré que « nous croyons que toute intensification des craintes liées au coronavirus pourrait accroître la volatilité des marchés boursiers américains à court terme, car elle viendrait assombrir la petite éclaircie observée au lendemain de l’accord commercial de phase un avec la Chine. Le problème majeur tient au fait que les investisseurs pourraient remettre en question (du moins temporairement) l’élan d’espoir qui a propulsé les cours des actions américaines depuis cet automne, élan qui était motivé par les attentes d’amélioration des conditions économiques mondiales. »

Laisser la volatilité suivre son cours

L’actuelle période d’anxiété accrue et d’aversion pour le risque prendra fin tôt ou tard. Toutefois, nous croyons que si le nombre de nouveaux cas continue d’augmenter, les actions à court terme, surtout dans les marchés et les secteurs les plus touchés par la maladie, pourraient subir d’autres épisodes de volatilité et de baisse. Si le passé est garant de l’avenir, le point d’inflexion de la confiance des marchés se manifestera quand le nombre de nouveaux cas aura atteint un sommet.


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